Auteur: Dilberto Reyes Rodriguez | informacion@granma.cu
26 avril 2016 10:04:29
ÎLE RATON, Venezuela.—. En recevant son diplôme de médecin, Yorlenis Arbelo en vint à penser qu’il ne connaîtrait plus de période aussi longue et stressante que les mois précédente les épreuves finales de ses examens.
Son diplôme en poche, tout en étant conscient de tout ce qu’il lui restait à apprendre, ce natif de Songo la Maya dans la province de Santiago de Cuba, de bon gré et plein d’entrain partit pour les montagnes orientales pour effectuer son service social. Un an plus tard, toujours avec le même enthousiasme et un peu plus d’expérience, il arriva dans la forêt amazonienne du Venezuela.
« Mon frère, c’est maintenant que je passe vraiment mon diplôme ! », furent ses premières paroles en nous recevant sur le quai de l’Île Raton, chef-lieu d’Autana, en plein centre du cours du large fleuve Orénoque.
Dans la barque arrivaient des vivres pour plusieurs jours, qui firent briller les yeux des médecins. « Du lait en poudre, quelle chance ! Dans la forêt et surtout sur une île, tout est difficile ». Ainsi le médecin résume-t-il les nombreuses carences quotidiennes.
Cependant, les traces de son travail se lisent dans son regard où se lit la fatigue. Il donne l’impression de venir parfois au port pour regarder la rivière et prendre un moment de répit. « Il faudrait donner une médaille à ce docteur. Il est resté longtemps ici tout seul s’occupant de tout », explique le pédagogue Dixan Mojena, conseiller de la mission éducative cubaine. Si ce n’est pas l’enseignant qui en parle, Arbelo ne nous dira rien.
« En effet, il y a peu de temps, j’étais le seul médecin sur l’île car mes collègues étaient en vacances et il n’y avait pas encore de médecins vénézuéliens. J’étais de garde trois jours de suite et je prenais un jour de repos. Je suis venu en tant que physiatre et j’ai des patients avec des prescriptions thérapeutiques que je dois leur appliquer, si bien que je terminais ma garde à 20h et j’allais à la salle de réadaptation pour leur faire faire les exercices car jusqu’à présent il n’y avait pas de physiothérapeute ».
Il se souvient également de cet après-midi de repos dont il pensait profiter un peu, lorsque tout s’est compliqué vers 16h.
« Une femme est arrivée prête à accoucher. Le liquide amniotique me faisait penser que le bébé était en danger et il fallait agir rapidement, entre autres choses, parce qu’il n’y avait pas d´électricité. »
« De toutes façons, la nuit nous a surpris. La petite fille n’a pas pleuré à la naissance et pendant plusieurs minutes, elle n’a pas eu de réaction aux manœuvres de réanimation. Les parents ont commencé à pleurer, même Berenice, la podologue qui m’assistait en tant qu’infirmière. Il n’y avait pas d’électricité et je ne pouvais pas utiliser le respirateur, et c’était moi le médecin ; je devais agir.
« J’ai saisi le bébé et j’ai demandé à Berenice de prendre le respirateur. Je suis sorti dans la rue en courant dans la direction de l’unique maison qui avait un groupe électrogène. La famille a accepté de m’aider, mais le moteur ne démarrait pas, ensuite le câble du respirateur n’était pas assez long et la petite fille était de plus en plus cyanosée. Je ne pensais qu’à une seule chose : elle ne pouvait pas mourir dans mes bras. Je n’ai pas cessé de la réanimer jusqu’à ce que le groupe électrogène ait démarré. Nous avons branché le respirateur et aussitôt le bébé a réagi. Vous imaginez ! Nous avons tous pleuré de soulagement. »
Après cette aventure, Arbelo se sent plus rassuré. « Je dirais qu’avec toute mon expérience dans la forêt, car j’ai déjà passé onze mois à Maroa, deux à Manapiare et un à Rio Negro, je me suis beaucoup amélioré en tant que médecin mais aussi en tant qu’être humain et cela sera le meilleur que je rapporterai du Venezuela. »
Presque tous les jours, les parents vont le remercier pour avoir sauvé la vie de leur fille. Ils l’ont fait dès qu’ils lui ont demandé de choisir son prénom. Et Arbelo, la sueur au front et la gorge encore nouée, a consulté Berenice et ils se sont rapidement décidés : Milagros (Miracles).
« Mais pour l’inscrire, j’ai besoin d’un second prénom », a dit la mère. Et comme un éclair, le jeune Arbelo a pensé à Cuba, à Santiago et au sanctuaire cher à tous les Cubains, El Cobre, si proche de son village natal : « de la Caridad, elle s’appellera Milagros de la Caridad. »
source: http://fr.granma.cu/mundo/2016-04-26/lurgence-de-soigner