- J.B.
13 février 2016
Les médias ont depuis longtemps choisi de présenter la politique sous l’angle des personnalités, plutôt que de parler des programmes proposés par les organisations. Ce choix serait paraît-il plus vendeur mais passe sous silence ce qui constitue l’essentiel : comment les partis politiques peuvent-ils régler les problèmes des Réunionnais ?
Ces dernières années ont vu l’accentuation de cette dérive, avec la création de toutes pièces de créatures médiatiques. C’était notamment le cas de Huguette Bello, propulsée comme l’égérie de la « gauche » à La Réunion. Mais pour ce qui la concerne, la réalité a fini par la rattraper. Présentée comme victorieuse à plus de 60 % dès le premier tour aux dernières municipales à Saint-Paul, elle a été sanctionnée par la population saint-pauloise. Même résultat aux régionales, où son incapacité à rassembler a permis une victoire inespérée pour Didier Robert. Du coup, Huguette Bello a décidé d’abandonner ceux qui l’ont élue maire en 2008 et en 2009. Elle a préféré garder son mandat de députée. Dans les rumeurs qui ont précédé le remaniement ministériel, son nom n’a jamais été cité. On est bien loin de la déferlante de 2012. Mais les leçons sont difficiles à tirer, et la personnalisation a encore été la manière de présenter la nomination d’Ericka Bareigts au gouvernement.
Le président de la République lui a confié une responsabilité considérable, celle du secrétariat d’État à l’Égalité réelle. Il s’agit de la stratégie du gouvernement pour tout l’outre-mer. C’est là-dessus que Paris veut s’appuyer pour surmonter la crise de confiance qui s’est installée après tant d’espoirs déçus. À La Réunion, plus de 70 % des suffrages étaient allés à François Hollande lors de la présidentielle de 2012, mais aucune promesse n’a été tenue. Le projet de loi sur l’égalité réelle est donc la dernière chance pour tenter de renverser la tendance, et il reste à peine un an pour y arriver.
Mais au lieu d’expliquer à la population l’importance de la tâche confiée à la députée réunionnaise, les médias font le choix de présenter son entrée au gouvernement comme le point culminant d’une success story. Ils s’attachent à retracer les étapes d’une carrière. La conséquence logique de la dérive de la personnalisation se retrouve dans le vocabulaire. La nomination au gouvernement est même comparée à « un aboutissement ».
À l’opposé de cette dérive, le Parti communiste réunionnais s’est toujours battu pour appeler la population à s’organiser pour arriver à développer le pays. D’ailleurs, il est à souligner que depuis sa création en 1959, le PCR n’a jamais voulu faire partie d’un gouvernement. D’autres partis bien plus jeunes ne peuvent pas en dire autant. En effet, un communiste n’a pas pour ambition d’être ministre. S’il s’engage en politique, c’est pour soutenir le combat d’un parti qui milite pour créer à La Réunion une société juste, où la pauvreté sera éradiquée.
J.B.
source: http://www.temoignages.re/politique/edito/nouvelle-derive-de-la-personnalisation-de-la-politique,85398