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ÉMILIEN URBACH
JEUDI, 17 DÉCEMBRE, 2015
L'HUMANITÉ
Mobilisation Leur dernier rassemblement à Paris avait été interdit. Les défenseurs des droits des exilés ne comptent pas pour autant arrêter de manifester leur solidarité.
Pour les citoyens solidaires de nos semblables, qui fuient les guerres et la pauvreté, les mesures d’exception prises depuis le 19 novembre ne les empêchent pas de se mobiliser. Trois jours après le vote, à l’Assemblée nationale, prolongeant l’état d’urgence jusqu’au mois de février, plusieurs militants ont bravé l’interdiction de manifester à Paris. Répondant à l’appel de plusieurs partis politiques, syndicats et associations, ils se sont rassemblés en solidarité avec les réfugiés. La gendarmerie mobile a joué de la matraque et, la semaine suivante, une soixantaine de manifestants ont reçu une « convocation en vue d’une audition libre » par la police. Au moins deux personnes ont été placées en garde à vue pour « avoir commis ou tenté de commettre l’infraction de violation d’une interdiction de manifestation prise en vertu de l’état d’urgence ».
Samedi, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, une vingtaine d’organisations appellent à nouveau à manifester. « Nous demandons immédiatement des conditions d’accueil dignes pour tous et toutes, indique leur communiqué. Nous exigeons des droits égaux pour tou(te)s, des titres de séjour, l’accès aux soins et au logement. » À Paris, le rendez-vous est fixé à 15 heures, à Barbès. Dans un tract édité pour l’occasion, le PCF exhorte « l’Union européenne (UE) et les États membres à s’interroger sur leurs propres responsabilités dans ce qui a conduit ces hommes et ces femmes à fuir leur pays ». Le Parti dénonce « les conflits qui ensanglantent l’Afghanistan, l’Irak, la Libye où l’Otan, les USA et plusieurs États européens sont directement impliqués » ainsi que « les conséquences des accords de libre-échange entre l’UE et des pays africains ».
Une manifestation unitaire salutaire à l’heure où l’UE s’apprête à faire un pas de plus dans sa logique sécuritaire. Le Conseil étudie depuis mardi la possibilité de créer un contingent de 2 000 hommes pouvant intervenir, sous l’égide de l’UE, aux frontières extérieures d’un État membre, sans accord de ce dernier, en cas d’afflux massifs de réfugiés. Un rapport d’Amnesty International, rendu public hier, indique, par ailleurs, que les récents accords passés entre l’UE et la Turquie incitent le régime d’Erdogan à prendre des mesures de plus en plus répressives à l’égard des exilés. L’ONG dénonce l’existence de centres de détention illégaux, tenus secrets, et de milliers d’expulsions vers la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan. Ce week-end, l’état d’urgence n’empêchera pas ceux qui comptent défendre les valeurs de fraternité d’une République accueillante de battre le pavé.
SOURCE:http://www.humanite.fr/samedi-paris-le-soutien-aux-migrants-ne-baissera-pas-pavillon-593248