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mercredi 16 décembre 2015
Déclaration de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR) du 16 décembre 2015 :
Après les élections régionales, marquée par un niveau sans précédent du Front national, les élus communistes et républicains mesurent la gravité et la profondeur de la crise sociale et démocratique qui sévit dans le pays.
Derrière ces résultats, il y a avant tout l’angoisse, de grandes souffrances sociales, le chômage et la précarité.
Du premier au second tour, le parti des Le Pen progresse encore en voix et il a fallu un sursaut de participation citoyenne pour lui interdire de diriger ne serait-ce qu’une région.
Il reste qu’il s’installe comme premier parti de France et triple son nombre de conseillers régionaux.
C’est une situation de danger pour notre pays.
La droite poursuit sa reconquête des pouvoirs « par le bas » dans les assemblées locales en remportant sept des treize grandes régions.
Ce résultat, certes en deçà de ses objectifs, est une mauvaise nouvelle pour les habitants de ces régions. Ils vont subir l’application des programmes libéraux inspirés par le Medef, la remise en cause des services publics, des politiques sociales, d’éducation et de culture, de la vie des associations.
La gauche réalise un mauvais résultat et ne remporte que cinq régions.
L’exécutif gouvernemental, la direction du PS, dont la politique a été une nouvelle fois désavouée par les électeurs, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle.
Le Front de gauche subit également un grave revers électoral. Il n’obtient des élus que dans cinq régions (Ile-de-France, Languedoc Roussillon Midi Pyrénées, Normandie, Rhône Alpes Auvergne et Corse).
Dans le Nord Picardie, en Provence Alpes Côte d’Azur, en raison de la décision du PS de se retirer après le premier tour, il ne pourra siéger dans les assemblées : ses électeurs ne seront donc pas représentés et seront privés d’élus susceptibles de mener un combat démocratique utile aux côtés des citoyens.
Dans de nombreux endroits cependant, les listes dans lesquelles figuraient des candidats communistes et front de gauche ont fait mieux que résister en réalisant des scores marquants qui ont été décisifs dans les succès du second tour.
Dans tout le pays, les élus communistes et républicains obtiennent 36 sièges de conseillers régionaux contre 110 en 2010.
C’est une perte très importante qui va priver les citoyens d’élus utiles à leur vie quotidienne, agissant avec eux contre les mauvais coups, pour faire entendre leurs besoins, pour une alternative à l’austérité.
Au deuxième tour, la volonté citoyenne de barrer la route au FN a été manifeste. C’est réconfortant et cela constitue un point d’appui pour l’avenir.
Mais au premier comme au second tour, des électeurs se sont abstenus par dizaines de millions, ce qui témoigne de la grave défaillance de notre système démocratique et du manque de projet progressiste crédible.
Après les attentats du 13 novembre et la proclamation de l’état d’urgence, après les élections régionales marquées par cette nouvelle poussée du FN, notre pays connait une situation politique exceptionnelle.
Les trois valeurs qui fondent notre République, liberté, égalité, fraternité, sont à nouveau affaiblies face à l’idéologie de l’identité, à la montée en puissance des idées de rejet et de « préférence », d’intolérance et de discriminations, à la notion de compétition sous toutes ces formes, à la restriction des libertés individuelles et collectives.
Cette régression se configure autour du piège d’une scène politique que l’on veut réduire durablement à trois composantes dont le point commun est le libéralisme.
Mais ces élections régionales révèlent en grand que le pays ne peut plus continuer ainsi. Il ne peut continuer comme si rien ne s’était passé, comme s’il suffisait d’attendre les présidentielles de 2017...
C’est pourtant la poursuite de la politique menée qui est annoncée à l’issue de ces élections par l’exécutif gouvernemental. Cette obstination est catastrophique.
Un changement de cap économique, social et démocratique est nécessaire.
Il est indispensable de remettre le peuple au cœur de la politique, pour marquer des points contre l’austérité, pour résister à l’aggravation des difficultés, pour défendre les valeurs d’une République pour tous dans la cité comme dans le pays.
Et il est urgent maintenant de reconstruire la gauche à partir d’un projet émancipateur en rupture avec le libéralisme. Les forces existent pour cela.
Dans cette nouvelle période politique qui s’ouvre, les élus communistes et républicains vont s’y engager de toutes leurs forces, en favorisant les mobilisations concrètes, des combats qui assurent des avancées, structurent des résistances, en mobilisant toutes celles et tous ceux qui cherchent à faire vivre des valeurs de progrès, pour définir ensemble un projet et les formes d’actions collectives pour le faire avancer.
Mais cette situation impose aussi l’analyse, l’appréhension collective des questions qui se posent avec force aux élus dans l’exercice quotidien de leur mandat.
C’est pourquoi L’ANECR va prendre dès les premiers mois de l’année 2016 des initiatives permettant aux élus communistes et républicains de se retrouver, de dialoguer, de partager leurs réflexions et expériences.
C’est nécessaire face à cette situation nouvelle, pour renforcer leur utilité, pour faire entendre les besoins de leurs concitoyens dans le contexte austéritaire d’une réforme territoriale menée à marche forcée, avec des saignées budgétaires.
source:http://www.elunet.org/spip.php?article91218