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Auteur: Laura Bécquer Paseiro | laura@granma.cu
13 novembre 2015 09:11:45
L’Argentine a vécu le 25 octobre une exténuante et non moins surprenante journée électorale. Les citoyens ont dû attendre près de minuit pour connaître les premières données partielles des élections générales, qui ont révélé un léger écart entre le candidat Daniel Scioli, du Front pour la Victoire (FpV) et le Mauricio Maicri, de la coalition d’opposition Cambiemos (Changeons). Déjouant tous les pronostics, Macri avait failli battre Scioli au premier tour. Cependant, ce dernier est parvenu à renverser la situation en s’imposant avec 36,86% des voix (9 millions) sur la base des 97,19 % des suffrages. Son adversaire, un homme d’affaires de 56 ans et maire de Buenos Aires, a obtenu 34,33% selon la Direction nationale électorale. Si nous comparons les résultats des primaires de cette année, nous constatons que le FpV a conservé un électorat solide qui a maintenu ses positions, et que l’alliance conservatrice de Macri a élargi le nombre de ses sympathisants.
Selon la Constitution argentine, le système de ballottage est le suivant : pour gagner au premier tour, un candidat doit obtenir plus de 45% des voix, ou entre 40 et 44% mais avec une avance de 10 points sur le second. Les résultats indiquent qu’il y aura ballottage et un second tour entre Daniel Scioli et Mauricio Macri.
La second tour prévu le 22 novembre constitue donc un événement politique en Argentine et, vu le poids de ce pays, en Amérique latine. Il s’agit du premier ballottage pour succéder à Cristina Fernandez.
L’analyste politique argentin Juan Manuel Karg a déclaré à Granma International que « le second tour électoral en Argentine attire les regards de tout le continent, la possibilité d’une certaine restauration conservatrice dans ce pays étant réelle ».
Ainsi, une victoire de Macri représenterait un retour aux années 90 et une rupture dans l’actuel schéma régional.
Dans ce que beaucoup d’analystes politiques s’accordent à qualifier de virage radical de 180º dans les relations de Buenos Aires avec ses voisins du Sud et d’autres latitudes, le porte-parole de Macri en matière de politique extérieure, Fulvio Pompeo, a déclaré : « Nous allons adopter une position sensée avec les États-Unis et aussi avec l’Europe. Nous prônons un retour aux positions traditionnelles de l’Argentine ».
Macri lui-même a annoncé qu’il demanderait une réunion extraordinaire du Marché commun du Sud (Mercosur) pour faire adopter une clause démocratique contre le Venezuela si ce pays ne libérait pas l’opposant Leopoldo Lopez, condamné pour les violences qui avaient fait plusieurs morts dans ce pays en février 2014.
D’un autre côté, bien que Scioli ait bénéficié du soutien de plusieurs figures de la gauche du continent comme l’ex-président brésilien Lula da Silva où les présidents Evo Morales (Bolivie) et Rafael Correa (Équateur), il faudra qu’il abatte ses cartes en précisant le type de gouvernement qu’il entend instaurer.
Concernant la situation interne, Karg rappelle que le 22 novembre mettra aux prises deux modèles de pays : celui du FpV, qui mise sur le développement interne et les politiques autonomes en matière économiques et de relations extérieures, et celui de l’alliance Cambiemos (Propuesta Republicana + Union Civica Radical), qui propose une accélération du processus de libéralisation en matière économique et la diminution du rôle de l’État sur le plan commercial, ainsi que la recherche d’une relation privilégiée avec Washington et L’Union européenne, similaire à la politique extérieure défendue par Carlos Menem dans les années 90.
« Même si Macri, qui représente le secteur le plus conservateur de la droite, a nuancé son discours dans l’intention de rassurer et paraître plus agréable aux majorités populaires, il ne faut pas oublier qu’il est issu d’un milieu aisé et entretient des liens étroits avec les droites régionales, si bien qu’un hypothétique gouvernement sous son autorité représenterait aussi un danger pour le processus d’intégration en cours », a ajouté Karg.
Les analystes estiment que les électeurs du candidat Sergio Massa, de l’Alianza Nueva Alternativa, arrivé troisième avec 21,34 % des suffrages, seront décisif pour le deuxième tour, si bien que tant Macri que Scioli tenteront « séduire » ce secteur de la population et les indécis.
Scioli a déclaré en ce sens que les « électeurs de (Sergio) Massa sont plus éloignés de Macri que de notre espace ».
Massa provient du dénommé péronisme dissident, un courant politique opposé au péronisme et au kirchnérisme (FpV), qui partage également les postulats du Parti justicialiste articulé autour de la figure de l’ancien président Juan Domingo Peron.
Face à cette situation, Daniel Scioli a invité « les indécis et les indépendants » à travailler avec lui et il s’est montré plus confiant dans une possible victoire, en affirmant que « les Argentins ne veulent ni un bond en arrière ni un retour au passé ».
L’actuel gouverneur de Buenos Aires a signalé que « le mot changement peut sembler très attrayant, mais nous devons étudier ce qu’il nous faut changer ». Il s’est également référé à la continuité du modèle kirchnériste, axé sur l’égalité, le désendettement, la promotion de l’emploi et le développement de l’industrie.
La FpV a été la formation politique la plus votée dans presque tous les gouvernements régionaux, surtout parmi les secteurs pauvres et
éloignés du centre économique de Buenos Aires, ce qui témoigne du bilan positif des politiques économiques adoptées durant 12 ans de kirchnérisme, les couches populaires figurant au premier plan des préoccupations du gouvernement.
source:http://fr.granma.cu/mundo/2015-11-13/lavenir-de-la-region-se-joue-aussi-en-argentine