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Turquie : le gouvernement sous un feu de critiques après l'attentat à la manifestation pour la paix

Turquie : le gouvernement sous un feu de critiques après l'attentat à la manifestation pour la paix


11 Octobre 2015
auteur:
Marc Botenga


Ils dansaient ensemble pour la paix. Quelques instants plus tard, une bombe explosait en plein milieu de la foule. Ce samedi 10 octobre, plus de 90 manifestants ont été tués à Ankara, la capitale de la Turquie, et 250 à 500 personnes blessées.


La manifestation pour la paix avait été organisée entre autres par le parti social-démocrate CHP, le parti de gauche HDP et la Parti des travailleurs de Turquie EMEP, avec le soutien de différents syndicats. Quelques heures après l'attentat, des milliers de personnes descendaient dans les rues d'Istanbul en une grande marche de solidarité. La colère des manifestants visait explicitement le gouvernement turc et le président Recep Erdogan. Celui-ci est accusé d'attiser volontairement les tensions afin d'encore augmenter son pouvoir.


Colère contre le gouvernement


Erdogan avait initialement formellement interdit aux médias de diffuser des images de l'attentat. Il aurait également fait bloquer le réseau social Twitter. La Pr Beyza Ustün, députée du HDP, voit dans cette censure un signe de la responsabilité d'Erdogan et des services secrets turcs. Le fait que, dans sa première réaction, le Premier ministre turc ait menacé Selahattin Demirtas, un des dirigeants du parti de gauche HDP, a aussi été très mal accueilli. Le rôle des services de police turcs est également mis en cause. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de contrôles de sécurité dans la gare, interroge Faruk Bildirici, du journal Hurriyet ? Un militant local ne comprend pas non plus pourquoi le police a retenu les ambulances. A Istanbul, les manifestants portaient un grand calicot indiquant « Etat assassin ». La police a même utilisé des gaz lacrymogènes sur les gens qui voulaient déposer des œillets rouges sur le lieu de l'attentat.


Demirtas reproche au gouvernement turc de n'avoir pas effectué la moindre arrestation après les précédents bains de sang à Dyarbakir et à Suruç. A Suruç, en juillet, un attentat islamiste a tué 35 jeunes activistes qui voulaient aller aider à reconstruire la ville syrienne de Kobane (Eyn al-Arab, juste à côté de la frontière turque, toute proche) après sa destruction par le groupe terroriste Etat islamique. Le gouvernement turc a alors été accusé d'avoir bloqué ces activistes à Suruç et de les avoir ainsi exposé au danger.


Quels jeux de pouvoir derrière les attentats ?


La colère des manifestants a toutefois des racines plus profondes. Beaucoup soupçonnent le gouvernement de susciter volontairement des tensions dans le pays avant les élections législatives du 1er novembre. Lors des précédentes élections de juin, le président Erdogan espérait obtenir suffisamment de voix pour pouvoir modifier la Constitution et installer un régime présidentiel. Mais, en partie à cause du succès du parti de pro-kurde HDP, son parti a perdu la majorité. Depuis, Erdogan fait tout pour criminaliser le HDP. En organisant de nouvelles élections et, en vue de celles-ci, en attisant les tensions avec entre autres les Kurdes, Erdogan espérerait repousser le HDP sous le seuil électoral des 10%.


La politique étrangère d'Erdogan est également critiquée. Des antiquités volées et du pétrole du groupe terroriste Etat islamique passeraient ainsi via la poreuse frontière turco-syrienne pour être vendus sur le marché international. Pendant des années, les armes et les combattants étrangers ont également afflué en Syrie via la Turquie pour entre autres aller renforcer les troupes de l'Etat islamique. Au même moment, la Turquie bloquait les combattants Kurdes qui voulaient se rendre en Syrie pour lutter contre le groupe terroriste. Des critiques soulignent que cette politique – pour le moins laxiste – envers les djihadistes radicaux permis à ces groupes terroristes fondamentalistes de prendre également pied sur le sol turc.


Le PTB présente ses condoléances aux familles, aux amis et camarades des victimes de l'attentat commis à Ankara qui a visé une manifestation pour la paix organisée par l'opposition de gauche progressiste. Le PTB souligne la responsabilité politique du régime d'Erdogan et sa politique violente de confrontation. La stratégie de la tension et la militarisation voulue par le pouvoir turc, membre de l'OTAN, allié de la Belgique, ne peut prendre le dessus. Solidarité avec la lutte pour la paix en Turquie et dans la région.

source:http://ptb.be/articles/turquie-le-gouvernement-sous-un-feu-de-critiques-apres-l-attentat-la-manifestation-pour-la

Tag(s) : #moyen orient

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