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Grèce : pendant les vacances, les pressions continuent

3 Août 2015

auteur:

Marc Botenga

« Endettez-vous pour qu’on vous aide. » C’est, en substance, le message du FMI au gouvernement grec. Les négociateurs grecs et étrangers espèrent qu’un accord pour un nouveau plan d’« aide » sera trouvé pour le 20 août. Entretemps, les pressions sur le gouvernement grec ne diminuent pas. Le mouvement social non plus. L’automne s’annonce chaud.

C’est la même histoire de l’argent d’aide qui fait trois fois le tour de l’Acropole, pour retourner dans les caisses des institutions créancières.

Que le Diktat de Bruxelles du 12 juillet, par lequel les « institutions » (la Troïka) ont imposé à la Grèce des mesures austéritaires, ne résoudra rien, est un fait. Les privatisations, les augmentations de la TVA, les réformes des pensions, et les attaques visant directement le pouvoir d’achat de la population, ne peuvent qu’enfoncer encore davantage le pays dans la récession. L’argent que les institutions ont versé depuis le 12 juillet doit servir à garantir que la Grèce rembourse les mensualités de la dette. C’est la même histoire de l’argent d’aide qui fait trois fois le tour de l’Acropole, pour retourner dans les caisses des institutions créancières. On prête à la Grèce l’argent dont elle a besoin pour rembourser ses emprunts. (Retrouvez l'analyse du président du PTB, Peter Mertens, ici)

Le Diktat n’a pas non plus mis fin aux « négociations » interminables entre la Grèce et la Troïka. Au contraire, depuis l’adoption par le Parlement grec des « mesures préalables » imposées le 12 juillet, le gouvernement grec négocie maintenant avec ces mêmes institutions un nouveau plan de réformes. Celui-ci devra constituer le programme de gouvernement du pays pour les années à suivre. Après les mesures préalables immédiates est donc venu le temps des diktats à plus long terme. Le FMI, ignorant même ses propres experts, insiste sur des réformes structurelles très dures, qui détruiraient le peu qui reste d’un État social grec. D’ici le 20 août, un accord devrait être trouvé, sinon le Grexit sera à nouveau sur la table.

Les menaces continuent

Le Diktat de Bruxelles a été imposé par un chantage et une guerre économique inouïe de la part de la Troïka. Cette guerre a mené à la fermeture des banques grecques et de la bourse d’Athènes et a fait exploser le besoin de financement de la Grèce de 25 à 85 milliards. Si elles sont moins médiatisées, les menaces continuent à planer sur la Grèce. Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble menace toujours d’expulser le pays de la zone Euro.

En Grèce, les acolytes inconditionnels de la Troïka, dont les partis traditionnels, veulent faire condamner l’ex-ministre des Finances Yannis Varoufakis pour « haute trahison ». D’où vient cette accusation ? Officiellement, les accusateurs dénoncent que lorsqu’il était ministre des Finances, Varoufakis aurait préparé avec une petite équipe d’experts un plan, théorique, de sortie de l’euro. Ce plan aurait impliqué entre autres de hacker les ordinateurs du ministère des Finances, et notamment du Secrétariat-général des Recettes publiques. Les logiciels de ce département étaient en effet contrôlés par la Troïka, plutôt que par le gouvernement grec.

Le premier ministre Alexis Tsipras a, devant le Parlement, expliqué qu’il avait effectivement demandé à Varoufakis de préparer des plans d’urgence. Dans un scénario de guerre économique, le contraire aurait fait preuve d’une insouciance inquiétante. Cette attaque contre Varoufakis n’est évidemment rien d’autre qu’un règlement de comptes : ceux qui ont osé s’opposer aux plans de l’Union européenne doivent être écrasés, un par un.

Le calcul malsain du FMI

Mais il n’est pas sûr que, pour le 20 août, un accord sera trouvé. Le désaccord sur la dette entre l’Union européenne et le FMI reste intact. Si l’UE ne veut a priori rien céder sur la question de la dette grecque, le FMI insiste pour une restructuration qui rendrait cette dette plus soutenable. D’une part, il est clair que la dette grecque ne sera jamais remboursée, et une restructuration s’impose donc forcément. D’autre part, il ne s’agit pas du tout ici d’une mesure sociale, visant à libérer la Grèce du poids de la dette. Au contraire, le FMI n’a accepté de rentrer dans les nouvelles négociations qu’à condition que la Grèce lui demande préalablement un nouveau prêt : « Endettez-vous pour qu’on vous aide »...

Le FMI veut rendre moins probable, ou moins intéressant, un défaut de paiement. En cas de défaut de paiement, c’est-à-dire au cas où la Grèce ne voudra plus ou ne pourra plus payer les mensualités, le FMI perdrait tout l’argent prêté à la Grèce. Mais il ne s’agit pas de sommes faramineuses. La peur principale du FMI est de perdre son levier pour faire pression sur la Grèce et imposer des réformes antisociales, un calcul fait aussi par les institutions européennes. D’où donc l’insistance de l’institution pour que la Grèce demande un nouveau prêt, et la disponibilité du FMI à restructurer cette dette grecque.

L’espoir du mouvement social

Face à l’autoritarisme antisocial des institutions et les mesures votées par le Parlement, le malaise en Grèce est grand. Le parti Syriza, qui avait fait campagne sur la fin de l’austérité, tiendra un congrès extraordinaire en septembre pour décider du sort du parti et du gouvernement. Au sein de leur Comité central, la majorité a refusé la proposition de la Plate-forme de Gauche d’organiser tout de suite une telle discussion. La discussion fut agitée. Comme le nouvel accord, prévu pour le 20 août, sera déjà approuvé, la Plate-forme se demande à quoi peut encore bien servir un tel congrès en septembre. Une quinzaine de membres ont démissionné après la réunion.

Le Diktat de Bruxelles s’en prend d’ailleurs même aux initiatives de solidarité citoyennes. Prenons par exemple la privatisation prévue des terrains de l’ancien aéroport international d’Athènes à Hellinikon. Un armateur veut depuis des années y construire un énorme centre commercial. Mais, entre-temps, une des 40 cliniques sociales et solidaires que compte la Grèce a été construite sur le site. Grecs et étrangers y sont soignés gratuitement par des médecins et infirmiers bénévoles. La privatisation imposée risquerait donc de détruire cette initiative.

La mobilisation et la solidarité seront donc essentielles. Après les grèves récentes et les actions s’opposant au vote du Diktat de Bruxelles par le Parlement grec, des forces syndicales comme le PAME préparent maintenant un automne chaud, refusant de céder aux multiples tentatives d’entraver la mobilisation contre ces mesures.

source:http://ptb.be/articles/grece-pendant-les-vacances-les-pressions-continuent

Tag(s) : #Grèce

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