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La guerre économique allemande et l'avenir de l'Europe | Peter Mertens, président du PTB - traduit par David Pestieau
"En ce dimanche d'été, une partie de l'avenir européen se décide. La guerre économique ouverte que mène l'Allemagne contre l'Europe n'est jamais vue depuis la création de l'Euro. Stimulée par sa position économique, poussée par sa vision monétariste et ses journaux de droite comme le Bild Zeitung qui excitent la population, l'arrogance de la classe dirigeante allemande est plus grande que jamais. Les "vrais" Finlandais, Néerlandais, Autrichiens et même Belges, excusez-moi les "vrais" Flamands, courent derrière Francfort et Berlin. Avec quel mandat Van Overveldt court derrière Schaüble? En tout cas pas en mon nom.
Et Berlin veut tordre le bras de la France, pour montrer une fois pour toutes que c'est l'Allemagne qui donne la leçon et pas Paris. Hollande a encore essayé desoutenir les très sévères concessions du gouvernement grec à l'austérité, mais a reçu un grand "njet" du ministre Schaüble. Berlin n'a pas l'air de vouloir plier devant la pression des Etats-Unis, et c'est aussi un signal de l'Allemagne envers les Etats-Unis. Enfin, la situation actuelle démontre aussi les grandes contradictions entre le prétendu noyau de l'Europe, et les pays de la "périphérie". La Grèce doit s'écraser pour l'exemple pour rendre toute résistance à la politique monétariste allemande.
Il est impossible de juger de la situation en Grèce sans voir ces rapports de force globaux. Chaque période a son catalyseur. Durant l'entre deux guerres ce fut Madrid en 1936 qui détermina ce qui allait se passer en Europe dans la décennie qui a suivie.
Aujourd'hui en 2015, c'est à Athènes qu'il y a un catalyseur pour la période à venir. L'Allemagne veut imposer une Europe d'austérité, de chantage, d'autoritarisme contre toute forme de rébellion. La Grèce n'est pas en train de mener des "négociations", mais bien dans une situation de guerre économique. Une guerre économique qui ferme les banques, qui détruit rapidement l'économie et qui arrête pratiquement la production. Les conséquences sont beaucoup plus profondes et plus rapides que celles d'un embargo économique classique.
Il semble que trois options sont sur la table:
- soit Merkel impose de faire pourrir la situation encore une semaine et de pousser encore la Grèce dans le chaos, pour favoriser les contradictions politiques, encourager la division de Syriza et réaliser ainsi un Syrizexit. Avec ou sans Tsipras à la tête d'un gouvernement "d'Union nationale". Ainsi, Schäuble et consorts auraient réussi leur changement de régime qu'ils souhaitent depuis le 25 janvier. Ce scénario n'exclut pas un Grexit à court ou moyen terme, au contraire.
- soit le Grexit est déjà décrété dans les faits dès aujourd'hui comme le propose Schaüble dans son rapport (rapport dont Merkel et le SPD avaient parfaitement connaissance). Ce Grexit provisoire pourrait bien être éternel. Nous sommes alors devant une crise totale de la zone euro. Personne ne sait ce qui se passera en Europe et les Grecs n'ont pas de plan B. Dans ce scénario, où Berlin tord le bras à Paris, cela signifiera aussi la scission à long terme de l'axe franco-allemand au coeur de l'Europe.
- soit un compromis est encore trouvé mais cela semble peu probable. Ce compromis serait de toute manière très provisoire et fragile.
Le seul avantage de cette situation est que le gouvernement grec aura démontré à toute l'Europe les intentions de ces guerriers économiques criminels et qu'il a mis à nu les contradictions entre les grandes puissances. Il y a bien sûr des débats à mener, intéressants et moins intéressants, sur les concessions faites par le gouvernement Tsipras et sur la situation très difficile dans laquelle se trouve Syriza.
Mais aujourd'hui, l'essentiel est que tous les démocrates et progressistes dénoncent la guerre économique de l'Allemagne car là se trouve le noeud du combat pour une Europe de l'égalité, du développement économique et de la solidarité. Plus que jamais solidarité avec la Grèce"
#standwithGreece
#AveclesGrecs
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