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2015-05-19 19:40:52 xinhua
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a entamé lundi une tournée dans quatre pays d'Amérique latine pour stimuler la coopération et les relations, alors que des efforts concertés sont déployés pour établir un ordre international juste.
Lors de la tournée qui se déroule du 18 au 26 mai, M. Li devrait rencontrer des dirigeants du Brésil, de Colombie, du Pérou et du Chili pour explorer des moyens de renforcer la coopération dans des domaines tels que l'industrie, les infrastructures, la technologie, la culture et l'éducation, dans le cadre de la coopération globale entre la Chine et l'Amérique latine.
Connaissant tous deux une croissance économique ralentie, les deux parties restructurent leurs économies et doivent promouvoir la coopération gagnant-gagnant, a indiqué Wu Baiyi, directeur de l'Institut sur l'Amérique latine de l'Académie chinoise des sciences sociales, lors d'une interview accordée à Xinhua.
"Les deux parties doivent conjuguer leurs efforts pour mieux entrer dans les chaînes de valeur mondiales et renforcer de cette manière leur développement et leur influence dans la gouvernance internationale", a avancé M. Wu.
UNE COOPÉRATION BILATÉRALE ET COLLECTIVE INTENSIFIÉE
Lors de la visite du président chinois Xi Jinping en Amérique latine en juillet 2014, les deux parties ont lancé le Forum Chine-CELAC (Communauté des Etats latino-américains et caribéens) en vue d'établir un réseau vaste et bien conçu afin de promouvoir le développement et la coopération globale.
La création de ce nouveau mécanisme de coopération a marqué une nouvelle étape dans les relations sino-latino-américaines, et a renforcé la coopération à trois niveaux: celle entre la Chine et un pays individuel, celle entre la Chine et les organisations sous-régionales et celle entre la Chine et la CELAC, qui regroupe les 33 pays d'Amérique latine.
Juste six mois après la création du forum, la première réunion ministérielle Chine-CELAC a eu lieu à Beijing lors de laquelle un plan quinquennal définissant les domaines et les mesures clés pour approfondir la coopération a été approuvé.
Avant tout, les pays signataires se sont engagés à augmenter les échanges commerciaux bilatéraux à un volume de 500 milliards de dollars dans la prochaine décennie, alors que la Chine a promis d'accroître ses investissements dans la région à au moins 250 milliards de dollars sur la même période.
Selon M. Wu, la visite du chef du gouvernement chinois sera importante pour "obtenir des résultats rapides" dans la coopération globale entre les deux parties, "car ces quatre pays d'Amérique latine ont tout pour renforcer la coopération, tant sur le plan individuel que collectif".
Le ministre assistant chinois du Commerce, Tong Daochi, a expliqué que le Brésil, la Colombie, le Pérou et le Chili sont tous des pays latino-américains majeurs, et les principaux partenaires économiques et commerciaux de la Chine dans la région.
Selon les statistiques officielles, la Chine a été le plus grand partenaire commercial du Brésil pendant six ans d'affilée, elle est le plus grand partenaire commercial du Chili et du Pérou, et le deuxième plus grand de la Colombie.
La visite du Premier ministre chinois va "consolider une étape dans les relations entre la Chine et l'Amérique latine, et en ouvrir une nouvelle", a prévu Osvaldo Rosales, directeur de la Division du commerce international et de l'intégration de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).
CONTRIBUTION A LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE
La Chine et les pays membres de la CELAC représentent un tiers de la population mondiale, un cinquième du territoire planétaire et un huitième de l'économie mondiale, et constituent des forces importantes capables de stimuler le rétablissement de l'économie mondiale.
Durant la dernière décennie, même lors de l'explosion de la crise financière mondiale en 2008, la Chine et l'Amérique latine ont démontré une forte résistance et un potentiel de croissance stable.
Aujourd'hui, les deux parties ont connu un ralentissement de leur développement économique et font face à des défis similaires dans leurs efforts pour transformer et restructurer leur économie.
Enrique Garcia, président exécutif de la Banque de développement d'Amérique latine, est convaincu que les deux parties font face à une excellente opportunité de moderniser leur coopération bilatérale dans leurs efforts concertés afin d'approfondir leurs réformes respectives.
"Maintenant que les prix sont en baisse, le taux de croissance chinois va être plus faible, et l'Amérique latine n'étant pas en crise, c'est un moment propice pour mettre en oeuvre les bonnes étapes et réaliser une transformation productive inclusive et durable", a-t-il affirmé.
La visite de M. Li vise à promouvoir la coopération en matière d'élargissement de capacité de production et à mettre en valeur le potentiel de coopération au delà des domaines traditionnels, tels que les ressources minières, l'énergie, l'agriculture, et ce afin de l'élargir vers la finance, la fabrication, la technologie, l'aéronautique et les infrastructures.
Au Brésil, les deux parties vont signer une série d'accords bilatéraux, dont un sur une étude commune de la faisabilité de la construction d'un chemin de fer reliant la côte atlantique brésilienne à la côte pacifique péruvienne, pour en faire un couloir d'exportations traversant l'Amérique du Sud.
Xu Shicheng, chercheur de l'Institut d'Amérique latine de l'Académie chinoise des Sciences sociales, a fait savoir que la coopération destinée à faire progresser la capacité de production sert de point de départ pour la transformation économique des deux parties.
"La coopération entre la Chine et l'Amérique latine en matière de capacité de production pourra aider cette dernière à transformer l'avantage de ses ressources en avantage industriel, porter la coopération bilatérale à un niveau supérieur et la rendre plus fructueuse", a indiqué M. Xu.
REMODELER L'ORDRE MONDIAL
Alors que les pays en développement se dotent d'une plus grande force économique, le paysage politique mondial devrait connaître des changements profonds et complexes, du fait que ces pays manifestent une plus grande volonté de rompre avec un ordre politico-économique mondial injuste et irrationnel.
L'ordre mondial d'aujourd'hui, imposé par les pays développés, continue à placer les pays en développement dans une situation désavantageuse lorsqu'il s'agit de l'élaboration des règles et des régulations internationales, comme c'était le cas pour les réformes proposées des quotas du Fonds monétaire international (FMI).
Aucun pays en développement n'est capable de changer seul l'ordre mondial existant. Ces pays devraient s'unir pour renforcer la coopération Sud-Sud et s'exprimer d'une seule voix afin de préserver leurs intérêts communs.
"La structure du pouvoir mondial a changé", a déclaré M. Garcia. "L'Amérique latine doit s'engager plus efficacement dans les intérêts du Sud, et pour ce faire il doit y avoir un plus grand consensus. Elle ne doit pas se présenter au monde en fragments, mais essayer d'établir un dénominateur commun sur les questions fondamentales", a-t-il fait remarquer.
La Chine et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes partagent des besoins et des opinions similaires sur la démocratisation des relations internationales, s'accordent sur le principe de "responsabilité commune mais différenciée" quant au changement climatique, et préconisent les réformes du système financier mondial, a-t-il noté.
Bruno Ayllon, chercheur à l'Institut national des études avancées de l'Equateur, a déclaré pour sa part que la coopération Chine-Amérique latine représente une "perspective politique" qui cherche un monde "beaucoup plus multilatéral, où les nouveaux centres du pouvoir sont à même d'égaler l'hégémonie des pays occidentaux".
La Chine et l'Amérique latine ne cherchent pas à renverser l'ordre mondial actuel, mais à le modifier par des moyens pacifiques dans l'intérêt d'un avenir plus juste, plus démocratique et plus équilibré pour l'Humanité, a-t-il poursuivi.
source:http://french.cri.cn/621/2015/05/19/301s433839.htm