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Journée d'hommage à la Résistance : lettre ouverte de Nordine Idir

le 26 mai 2015

Lettre ouverte à François Hollande, président de la République

Les jeunes ont besoin d’un nouveau programme national de Résistance

Monsieur le Président,

Mercredi 27 mai, vous allez panthéoniser quatre figures de la Résistance et de la Libération de la France. Rendre hommage à la Résistance, à la date anniversaire de la première réunion du Conseil national de la Résistance n'est pas anodin.

Les jeunes communistes de France saluent cette initiative. Au-delà des noms, remettre sur le devant de la scène les valeurs de la Résistance, toujours actuelles, est un geste louable, si c'est réellement le but de cette journée.

Nous souhaitons vous interpeller sur plusieurs aspects quant à cette journée d'hommage.

La première concerne l'absence scandaleuse d'une personnalité communiste parmi les panthéonisés. Sans remettre à aucun moment en cause la légitimité des quatre personnalités, l'absence des résistants communistes sonnent comme un affront fait à l'Histoire de France. C’est la seule famille de la Résistance qui ne sera pas représentée demain.

Nous n'oserions croire qu'il s'agit de nier le rôle du Parti communiste français, du Mouvement de la jeunesse communiste (à l'origine d’une des premières manifestations de résistance avec la manifestation du 11 novembre 1940), et des organisations et réseaux qui étaient liés. A l’heure où vous dites vouloir valoriser l’engagement des jeunes, il aurait été de bon ton de rappeler le combat de milliers de jeunes pour la libération de la France.

A ce propos, nous espérons, qu'à l'inverse de votre prédécesseur, vous ne torturerez pas l'image et l'histoire de Guy Môquet et des autres jeunes communistes qui ont résisté à l'occupant et à ses collaborateurs. Ces jeunes, engagés pour la liberté et la paix dans le monde, ont payé le lourd tribut. Danielle Casanova, Pierre Georges, Henri Krazucki, Lise London, Albert Ouzoulias ou ces milliers de jeunes anonymes, Français ou étrangers, qui périrent ou connurent l’horreur de la torture, des prisons, des camps de concentration et de déportation.

Première organisation politique de jeunesse en France, dignes de nos camarades tombés au combat lors de la Seconde Guerre mondiale, nous en profitons pour vous donner le sentiment de la jeunesse de France aujourd'hui.

Chômage des jeunes qui explose, contrats spécifiques qui nous stigmatisent au lieu de nous aider, précarité galopante, formations dévalorisées pour répondre aux exigences du patronat, expulsions de lycéens et étudiants sans-papiers … Votre priorité jeunesse s'est transformée en priorité à détruire la vie des jeunes.

Comment s'étonner alors que l'abstention chez les 18-24 ans explose, que l'extrême-droite et les fondamentalismes aient de l’écho dans une partie de la jeunesse quand l'absence de perspectives d'avenir est notre quotidien ? Comment s’étonner que la République s’affaiblisse quand nos droits sont méprisés ?

Les tests osseux que vous avez autorisés auprès de jeunes sans-papiers nous font revenir près de 80 années en arrière. Aucun sérieux scientifique, une stigmatisation d'une partie de la population désignée comme dangereuse, voire comme ennemie… Les faits sont têtus et ils sont graves. Dans une période de crise économique aigue, l'Histoire nous montre que le courage politique et la force des idées progressistes peuvent changer la donne.

Le Conseil National de la Résistance (CNR), que vous évoquerez sans doute ce mercredi 27 mai, est un exemple de ce qu'est le courage et l'ambition politiques. La presse et vos collaborateurs annoncent un grand discours de votre part sur l'état de la France, sur les valeurs de la République : espérons que vous n’oubliez pas la dimension politique et progressiste de la Résistance. Celle qui amena des forces de sensibilités différentes (partis, organisations, syndicats) à construire un projet de rassemblement et des pistes d’avenir pour l’après-guerre. Car ces personnalités de la Résistance étaient des militants du dialogue et de l’espoir.

Mise en place la Sécurité sociale que le patronat a toujours combattu, liberté de la presse, nationalisations de secteurs stratégiques de l’économie, justice des mineurs et construction d’institutions d’éducation populaire sont toujours d'actualité. Autant d’éléments qui résonnent et qui méritent d’être enrichis par un nouveau programme national de résistance pour le 21e siècle comme le déclaraient d’anciens membres du CNR lors d’un appel en 2005 « Créer, c'est résister. Résister c'est créer ». 70 ans après, la modernité est du côté de ces fondateurs du CNR et non pas des Gattaz, Le Pen ou autres partisans d’un capitalisme sauvage, destructeur pour l’humanité.

Monsieur le Président, la jeunesse n’attendra pas votre discours sur l’engagement des jeunes pour être en première ligne. Pour la paix en Palestine et dans le monde, aux côtés de nos camarades de classe sans-papiers menacés d’expulsion, contre la précarité au travail et dans la vie … nous sommes de tous les combats. Notre génération se bat pour son avenir quotidiennement.

Tout le monde annonce que nous serons la génération sacrifiée, qui vivra moins bien que nos parents. Nous déclarons que nous ferons tout pour gagner un statut social pour sécuriser les parcours de vie des jeunes, pour construire une économie au service des nos besoins.

Les jeunes communistes seront toujours du côté du progrès humain, social et écologique. Ce qui fera avancer les droits de la jeunesse, nous les soutiendrons. Mais cela passe par un changement de politique radical hors des sentiers de l’austérité et des injustices qu’il engendre. C'est pourquoi, nous pouvons le dire, nous, que nous sommes dignes de celles et ceux qui sont morts pendant la Résistance !.

Nordine Idir, Secrétaire Général du MJCF

source:

http://www.jeunes-communistes.org/2015/05/26-journ%C3%A9e-hommage-%C3%A0-r%C3%A9sistance-lettre-ouverte-nordine-idir-12304

Tag(s) : #MJCF

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