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Viva Batista, le frondeur du FMI !

Par Gildas Le Dem | 9 mars 2015

Viva Batista, le frondeur du FMI !

Le Brésilien Paulo Nogueira Batista, membre du conseil d’administration du FMI, a ouvertement exprimé un profond désaccord avec la politique de la Troïka en Grèce. Il appelle le FMI et l’Europe à changer d’attitude envers la dette et le nouveau gouvernement.

Paulo Nogueira Batista s’était déjà distingué par ses critiques à l’endroit des décisions de DSK, ou ses réserves à l’égard du comportement de Christine Lagarde. Dans une interview accordée à Alpha TV, et dont on peut consulter la vidéo ci-dessous, Paulo Batista observe que les fonds alloués à la Grèce ont en vérité renfloué les banques françaises et allemandes.

Il soutient que la crise grecque ne saurait être résolue sans un effacement ou, du moins, une restructuration de la dette grecque. Il invite donc les "institutions européennes" à respecter les choix démocratiques des électeurs grecs, et à mener, sur de nouvelles bases, un dialogue avec leur nouveau gouvernement. Enfin, il souligne que le FMI devrait être partie prenante de cette restructuration. Voici la retranscription partielle de l’entretien.

« Le plan de sauvetage de la Grèce a surtout sauvé ses créanciers »

« La question des plans grecs ne compte pas parmi les plus beaux chapitres de l’histoire [du FMI] que j’ai eu à affronter. La manière terrifiante dont elle a été traitée par la Troïka, y compris le FMI, constitue un point tout à fait critiquable. L’un des problèmes majeurs auquel se heurtent les plans proposés est le poids, trop lourd, qu’ils font porter sur les épaules de la Grèce, au regard du poids qui pèsent sur celles de ses créanciers. Le premiers de ces plans, en 2010, a ainsi été présenté comme un plan de sauvetage de la Grèce, mais représentait bien plus, en réalité, un plan de sauvetage du secteur privé, à savoir des créanciers.

« Si vous, Européens, voulez bien regarder la situation en face »

La Grèce a reçu d’exorbitantes sommes d’argent, mais ces liquidités ont en vérité été allouées aux banques françaises et allemandes via Akbank, sans contribution réelle, en retour, à la restructuration de l’économie grecque. Et il me semble que les plans d’échelonnement qui ont été proposés, et approuvés d’un commun accord avec la Grèce, étaient bien trop unilatéraux, du fait qu’il reposaient sur de trop grands sacrifices pour l’une des parties contractantes [à savoir la Grèce], et trop peu de sacrifices de la part de ses créanciers. Il me semble que tout ceci, si l’on désire vraiment aller de l’avant, doit désormais changer.

Selon moi, la dette [grecque] est trop lourde et la solution à la crise grecque devrait inclure une restructuration de sa dette, à savoir la dette contractée à votre égard : vous, les Européens, qui en êtes les détenteurs officiels. La solution à apporter à ce problème pourrait bien ne pas faire l’objet d’un large consensus, mais je crois que si vous, Européens, voulez bien regarder en face la situation en Grèce, il vous deviendra difficile de ne pas constater que, sans que sa dette soit restructurée, la Grèce éprouvera beaucoup de difficulté à s’extirper, par elle-même, de cette très sérieuse crise économique et sociale.

« Nous devrions respecter la souveraineté de la Grèce »

Lorsque j’évoque une restructuration de la dette, je pense à l’effacement d’une grande partie de cette dette qui est, dans une large mesure, une dette accumulée vis-à-vis de ses partenaires européens. Si je devais me prononcer, je dirais que le gouvernement grec devrait choisir de respecter et privilégier, en cela, le statut de créancier expérimenté qui est celui du FMI […]. Je recommanderais à la Grèce de ne pas attendre plus longtemps pour envisager une restructuration de sa dette avec le FMI.

Nous, la Troïka ou les "institutions" comme l’on dit maintenant, devrions respecter la souveraineté de la Grèce, la nation grecque. Le FMI, les partenaires européens ne peuvent se comporter comme si, après les élections, rien ne s’était passé. Et selon moi, ce serait une faute, de la part du FMI, de laisser entendre que nous devrions nous cramponner à tous les engagements contractés par le gouvernement précédent […]. Ce serait une erreur, d’après moi, de presser le nouveau gouvernement grec de tenir tous ces engagements. Il faut revoir tout ceci. Le FMI devrait considérer que les objectifs de la réforme fiscale, l’objectif de dégager un surplus primaire au regard des dépenses du secteur public, devraient être revus à la baisse et ce, substantiellement. »

source:http://www.regards.fr/web/article/viva-batista-le-frondeur-du-fmi

Tag(s) : #monde

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