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La BCE tire : le bras de fer avec le peuple grec a commencé

6 Février 2015

auteur:

Marc Botenga

La Banque centrale européenne (BCE) a sorti un bazooka. Non pas pour sauver la zone euro ou l’économie européenne, mais pour sauver l’austérité et couler la résistance du peuple grec. Ce jeudi 5 février au soir, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le Parlement grec contre ce chantage.

Assécher la Grèce

Objectif premier de la BCE : mettre sous pression le gouvernement grec en refusant à son économie les liquidités nécessaires. Il s’agit d’une attaque en règle faite de 3 mesures phares. Quelques jours avant les élections grecques, la BCE a promis d’inonder les marchés financiers européens d’environ 1 140 milliards d’euros. Le but : relancer l’économie en offrant des liquidités afin d’encourager la consommation. Petit bémol : sous pression allemande, la Grèce en était exclue. Une deuxième mesure a été le refus de la part de la BCE d’un plan grec pour trouver rapidement 10 milliards d’euros. Yanis Varoufakis, le ministre des Finances grec, avait proposé qu’Athènes récolte ces 10 milliards pour surmonter les 3 prochains mois en émettant des obligations. La BCE a refusé.

Le 4 février au soir, les dirigeants de la BCE y ont ajouté une troisième mesure. Ils interdisent désormais aux Banques grecques d’utiliser les obligations de l’État grec comme garantie quand ils empruntent, pratique courante pourtant pour les établissements de la zone euro. En parallèle, pour que la Grèce ne tombe pas sans liquidités, la BCE a augmenté le débit d’un autre système de financement des banques, dite l’assistance d’urgence de liquidités. Le gouverneur de la Banque centrale grecque souligne toutefois que les intérêts à payer sur cet argent sont bien plus élevés : 1,55 % plutôt que 0,05 % normalement.

Sauver l’austérité

Il s’agit clairement d’une attaque politique. Personne ne croit plus à la pseudo-indépendance de la BCE. Officiellement indépendante, elle est clairement sous influence directe et indirecte. Directement à travers les pressions politiques sur son directoire, indirectement à travers son conseil d’administration incluant les gouverneurs, des banques centrales nationales des dix-neuf pays de la zone euro, comme Luc Coene nommé par le gouvernement belge.

En coupant les fonds à la Grèce, l’objectif est d’obliger le pays à continuer à faire payer la crise aux travailleurs. Dans cette partie, l’Allemagne joue un rôle de premier plan. Le journal autrichien Der Standard a d’ailleurs pu mettre la main sur un « document gouvernemental » allemand transmis à l’Eurogroupe, la réunion mensuelle des ministres des Finances des États membres de la zone euro. Les exigences posées à la Grèce sont claires, exactement à l’inverse des aspirations exprimées par le peuple grec aux élections. Il s’agit entre autres de continuer à se soumettre à la Troïka, abaisser (plutôt qu’augmenter) le salaire minimum, diminuer le nombre de fonctionnaires de 150 000, continuer les privatisations des ports, des entreprises publiques de l’énergie et du logement, et adapter les prix régulés et limités de l’électricité pour les ménages aux « prix du marché ». C’est la « Troïka-démocratie » de l’Union européenne qui veut imposer au gouvernement grec de faire exactement l’opposé du programme pour lequel il a été élu.

Le besoin de solidarité

Si la BCE réagit si fortement, c’est que le navire de l’austérité est en train de prendre l’eau de tous les côtés. En Espagne, en Irlande, au Portugal, les pays les plus touchés par la crise, les peuples pourraient aussi être tentés de tourner le dos aux politiques traditionnelles. Aussi, la BCE s’en prend au peuple grec pour étouffer dans l’œuf cette vague de résistance contre l’austérité qui pourrait gagner le continent européen. En Grèce, le 5 février une première manifestation contre le chantage éhonté de la BCE a été organisée. Les 11 et 16 février, des réunions de l’Eurogroupe auront lieu à Bruxelles. Le bras de fer a commencé. Le peuple grec mérite tout notre soutien. Car ce qui se passe à Athènes concerne toute l’Europe.

source:http://ptb.be/articles/la-bce-tire-le-bras-de-fer-avec-le-peuple-grec-commence

Tag(s) : #europe

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