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De notre correspondant à Athènes
Mise en ligne : jeudi 22 janvier 2015
Syriza caracole toujours en tête des sondages mais, si elle n’obtient pas la majorité absolue, elle ne doit pas compter sur un soutien venant de sa gauche. Le Parti communiste grec (KKE), relativement marginalisé par les nouveaux mouvements sociaux mais toujours puissants dans les syndicats, exclut toute alliance avec les « opportunistes » d’Alexis Tsipras... Entre les deux frères ennemis de la gauche radicale grecque, l’heure n’est toujours pas à l’apaisement.
Par Ermal Bubullima
S’il y a un parti politique qui devait récolter les fruits de la crise économique et sociale qui sévit en Grèce depuis plus de cinq ans, c’est bien le Parti communiste grec (KKE). Avec sa ligne radicalement hostile aux politiques néolibérales de l’UE, le plus vieux parti politique du pays, fondé en 1918, devrait être en tête des sondages.
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Or, tout au contraire, depuis les débuts de la crise, le KKE est sur la défensive et défend une ligne intransigeante de non-coopération avec les « réformistes et les opportunistes » de Syriza. Alors que Syriza recueille aujourd’hui le soutien d’une très grande partie de la population, suscitant un enthousiasme jamais vu depuis la libération de la Grèce par l’armée populaire de la résistance (EAM-ELAS), à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le KKE avait longtemps dominé le mouvement communiste grec.
À la fin des années 1980, la branche « eurocommuniste » du KKE, le Parti communiste dit « de l’intérieur », non inféodé à Moscou, s’était brièvement rapproché du KKE « canal historique » : les deux formations avaient formé une coalition, Synaspismos. Ce précurseur de Syriza n’a guère tardé à éclater, le KKE reprenant son autonomie, et les relations entre les deux partis sont vite devenues encore plus mauvaises qu’elles ne l’étaient auparavant. La désintégration du bloc soviétique a provoqué des traumatismes encore plus grands que la première scission de 1968 entre les deux partis.
Synaspismos a soutenu l’adhésion de la Grèce à l’Union européenne et son acte de création fondateur via le traité de Maastricht. Pour le KKE, farouchement hostile à l’UE, cela suffisait à affirmer la nature réformiste de ce parti. Malgré cela, les deux partis de la gauche communiste grecque ont réussi à traverser le « désert politique » des années 1990 et 2000, en maintenant des scores stables et solides à chaque élection : autour de 5 à 6% pour le KKE et autour de 3 à 3,5% pour Synaspismos.
Cependant, depuis le début de la nouvelle ère politique, symboliquement marquée par l’assassinat du jeune Alexis Grigoropoulos, le 6 décembre 2008, le KKE n’a cessé de perdre du poids dans le mouvement populaire. Il est souvent jugé rigide, conservateur et hostile à la spontanéité des masses. De fait, le KKE avait qualifié le mouvement des indignés de la place Syntagma de « conglomération petite-bourgeoise sans conscience de classe ni programme politique »... Ces prises de position ont entériné le divorce entre le KKE et les nouvelles générations entrant en politique. Néanmoins, même s’il a perdu beaucoup d’influence politique, le KKE conserve encore une très forte présence dans les syndicats, bien supérieure à celle de Syriza.
Le KKE, qui a quitté le Parti de la gauche européenne, a catégoriquement rejeté toute perspective de coopération avec Syriza après le 25 janvier, refusant de faire partie d’une nouvelle majorité. Au contraire, le parti appelle les électeurs à voter contre les « illusions d’un changement politique dans le cadre de l’UE et du capitalisme ».
source:http://balkans.courriers.info/article26443.html