- Mise à jour : jeudi 18 décembre 2014 13h12
La figure de proue du PTB se réjouit de la reprise des relations entre les Etats-Unis et Cuba. Un bon signe pour tous les états du Tiers Monde selon lui. Et l’aboutissement du combat de son modèle: Che Guevara
Raoul Hedebouw, vous êtes communiste. Ce rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis, vous l’accueillez comment?
Je m’en réjouis, c’est positif. C’est le résultat d’une lutte de plus de 60 ans pour ce peuple qui ne fait que 10 millions d’habitants. L’administration américaine s’est enfin rendu compte des réalités et a bien dû admettre que sa politique de blocus n’avait pas fonctionné. C’est également un bon signe pour les tous les pays du Tiers Monde
Comment ça?
Il y a un vent d’indépendance qui souffle. Les États-Unis doivent comprendre qu’ils ne peuvent plus jouer les gendarmes du monde. Vous imaginez qu’à l’heure actuelle, il y a des soldats américains dans un pays sur deux dans le monde?
Après 60 ans, c’est la victoire de Castro?
Non, c’est la victoire d’un pays qui a acquis le droit de prendre en main son devenir. Ce n’est pas à un autre pays à décider quel régime a le droit d’exister ou pas. Et je trouve très bien qu’Obama aie compris cela.
Aujourd’hui, vous criez toujours «Hasta la victoria siempre» avec Che Guevara?
Oui, parce que le combat qu’il a mené a inspiré de nombreux pays dans le monde: tous les pays d’Amérique du sud, l’Afrique dus sud ou le Congo. Vous savez, j’ai passé deux ans à Kinshasa. On ne se rend pas bien compte de l’influence qu’a eue Che Guevara là-bas. Après, est-ce que je prends Cuba en modèle non évidemment. Il n’est pas exportable. Par contre, oui, Che Guevara reste pour moi une inspiration en matière de philosophie politique.
Vous n’avez pas le sentiment que la décision d’Obama, c’est aussi une manière de se mettre Cuba en poche et d’affaiblir son éternel allié, la Russie?
C’est vrai qu’actuellement il y a une sorte de recréation des blocs avec d’un côté Russie et Chine et de l’autre USA et occidentaux. Et ce grand jeu d’échec est inquiétant. Mais dans le cas de Cuba, je pense plutôt qu’Obama a tenu compte des pressions intérieures. Le blocus contre Cuba ne passait plus. Il faut se rendre compte que les USA ont fait l’objet de nombreuses condamnations de la part de l’ONU pour sa position.
Et vous, en tant que communiste, vous n’avez pas de nostalgie de cette époque où Cuba faisait de la résistance contre le grand méchant loup américain?
Bah, c’était une autre époque. En même temps, on est aujourd’hui un peu revenu à la situation d’avant: des gouvernements d’ultra-droite, des reculs sociaux et une résistance qui s’organise. La lutte de Cuba est une source d’inspiration. Tout comme, je le répète, Guevara et son abnégation dans son combat. Il a donné sa vie sans jamais se mettre un sou en poche. ça se sont des valeurs que je défends.
source:http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20141218_00575290