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ANATOLY GOLIA / AFP
Publié le: lundi 01 décembre 2014, 13H55 | Mise à jour: lundi 01 décembre 2014, 14H12
CHISINAU - Les partis pro-européens ont légèrement devancé les partis prorusses à l'issue des législatives de dimanche en Moldavie, un scrutin crucial pour l'avenir du pays le plus pauvre d'Europe tiraillé entre partisans d'une adhésion à l'UE et tenants d'un rapprochement douanier avec la Russie.
S'ils obtiennent 44% des votes, selon des résultats officiels après le dépouillement d'environ 92% des bulletins, les trois partis pro-européens, dont le Parti libéral-démocrate du premier ministre Iurie Leanca (19,4%), vont néanmoins devoir s'entendre entre eux ou avec certains de leurs rivaux pour former une coalition.
Casse-tête en vue: deux tiers des voix de députés (67) sont nécessaires pour amender la Constitution et 61 voix pour élire le président de ce pays peuplé majoritairement par des Roumains (78%), ainsi que par des Russes et des Ukrainiens (14%).
«Nous avons déjà commencé des consultations sur la formation d'une coalition pro-européenne», a déclaré le dirigeant du Parti libéral-démocrate, Vlad Filat, lors d'une conférence de presse.
«Nous devons créer immédiatement une coalition et avancer», a-t-il ajouté.
En face, les partis d'opposition partisans de l'Union douanière avec la Russie, dont le Parti socialiste arrivé en tête avec 21,4% des suffrages, ont réuni 40% des électeurs. Donnés favoris du scrutin, les communistes sont arrivés en 3e position avec 17,8%. Ils paient peut-être leur manque de clarté, certains de leurs dirigeants prônant à la fois la marche vers l'Union européenne et le rapprochement avec Moscou.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a qualifié les élections de «libres et démocratiques», en soulignant qu'elles avaient «offert aux électeurs la possibilité de voter pour leur candidat préféré et exprimer ainsi leurs préférences géopolitiques qui étaient au coeur de la campagne».
La crise en Ukraine, pays voisin de la Moldavie, a donné une résonance particulière à ce scrutin, les deux pays, toute proportion gardée, présentant actuellement des similitudes politiques. L'un comme l'autre sont divisés entre ceux qui regardent vers Moscou et ceux qui regardent vers Bruxelles. Mais surtout, la Moldavie connaît de longue date avec la Transdniestrie une situation que l'Ukraine est en train de découvrir: gérer la sécession d'un territoire se réclamant de Moscou.
Selon la politologue moldave Olga Gontcharova, les pro-européens «vont réussir à former une coalition». «Et on peut même ne pas exclure que les trois partis au pouvoir vont diviser le Parti communiste (et récupérer des voix de députés communistes) pour obtenir une majorité confortable qui permette l'élection du président».
«Dans tous les cas, il y aura au Parlement une coalition pro-européenne pas très solide et une opposition forte sur laquelle il faudra compter», estime-t-elle.
Quelque 3,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour élire pour quatre ans les 101 députés du Parlement. Le taux de participation a dépassé 39%, soit plus d'un tiers d'électeurs nécessaire pour valider le scrutin, selon la Commission électorale centrale.
Embargo russe sur les produits moldaves
Moscou, qui a soutenu en sous-main la proclamation unilatérale de l'indépendance en 1990 de la Transdniestrie, un petit territoire séparatiste moldave, voit d'un très mauvais oeil les accords d'association signés cette année entre l'Union européenne et la Moldavie et l'Ukraine.
Ratifié début juillet par Chisinau et à la mi-novembre par le parlement européen, l'accord avec la Moldavie a provoqué la colère de Moscou qui a interdit ces derniers mois l'importation de fruits, de viande et de charcuterie en provenance de Moldavie, sous prétexte de «violations des normes sanitaires».
La Moldavie est actuellement dirigée par une coalition pro-européenne, mais les principaux partis d'opposition – le Parti communiste et le Parti socialiste – souhaitaient renforcer les liens avec Moscou et annuler l'accord d'association avec l'UE.
Un parti pro-russe, Patria (Patrie), accusé de financer sa campagne électorale avec des fonds étrangers, s'était vu interdire de participer aux élections trois jours avant le scrutin. L'interdiction a été critiquée par Moscou qui a dénoncé une «campagne électorale exceptionnellement sale».
source:http://www.journaldemontreal.com/2014/12/01/les-partis-pro-europeens-devancent-les-prorusses