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le 26 novembre 2014
Essebsi et Nidaa Tounes vainqueurs
Béji Caïd Essebsi, figure de 87ans ( !) de Nidaa Tounes arrive en tête du scrutin avec 39,46% des voix et devance le président sortant Moncef Marzouki. C’est la deuxième élection remportée par Nidaa Tounes après les législatives d’octobre. Les médias[1] en France qualifie de façon massive Essebsi « d’anti-islamiste » comme-ci le caractère plus laïque de Nidaa Tounes garantissait quelques valeurs démocratiques alors qu’il est tout simplement la réincarnation de l’ancien pouvoir et un fervent défenseur du libéralisme.
Marzouki, deuxième mais pas résigné grâce au soutien d’Ennahda qui n’avait officiellement pas donné de consigne de vote puisqu’ils n’avaient pas de candidats.
Ces deux candidats, qui s’affronteront au deuxième tour prévu fin décembre, ne sont en rien les héritiers des valeurs de la révolution. Cependant il est clair que parmi les personnes qui ont voté pour Béji Caïd Essebsi il y a la volonté de ne pas laisser de place aux islamistes et une nostalgie des réformes de Bourguiba.
Il est également très probable que beaucoup de jeunes, notamment ceux qui ont participés à la révolution, ne soient pas allé voter (64% de participation à ce scrutin). La confiance dans un système démocratique qui est en train de se mettre en place ne semble pas acquise.
Le Front Populaire, première force de gauche du pays
Si le Front Populaire arrive 3ème du scrutin avec 7,82% des voix, il s’impose comme la première force de gauche du pays pour la deuxième élection de suite. Les camarades du Front Populaire ont menés une campagne de terrain et ont su promouvoir la figure du résistant Hamma Hammami. Le Front Populaire se trouve maintenant face à la lourde tâche de travailler au renforcement de la gauche, les formations à tendances socialistes ayant été balayées.
Comme l’explique le journal l’Humanité : « Face à des candidats porteurs d’une vision libérale de l’économie, oublieux que le révolte populaire de 2011 s’est faite sous le slogan de la « dignité et du travail », il oppose une alternative basée sur le refus de l’austérité préconisée par les marchés financiers, une alternative porteuse de justice sociale, de résorption des inégalités socio-régionales entre le nord-est riche et le reste du pays et, partant, du chômage et de la pauvreté. Et ce au moyen d’une réforme fiscale pour lutter efficacement contre l’économie parallèle qui représente 50% du PIB, le gel du paiement de la dette extérieure, la relance du tourisme et une mobilisation des ressources du pays et du potentiel humain en faveur d'un développement économique national. »
Espérons que la population tunisienne et sa jeunesse prennent largement part aux débats politiques et aux décisions du pays, en rejetant le fatalisme lié à cette période particulière qui suit un renversement sans que de réels changements n’adviennent. Cela ne peut être fait que dans un cadre démocratique où les institutions et pays libéraux ne cherchent pas à influencer la vie politique de la Tunisie.
[1] Comme le Figaro ou 20minutes du 25 novembre.