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Contribution individuelle de JP Combe pour le Congrès du Mouvement de la Paix-septembre 2014_ avec son aimable autoristion
Ukraine : comment agir depuis la France pour la paix ?
Pendant quelques jours, le gouvernement de la Fédération russe négociait avec
le gouvernement poutchiste siégeant à Kiev ; dans notre pays, la presse écrite et
télévisée ne nous a réellement informés ni sur les conditions, ni sur le contenu de ces
négociations ; elle nous a abreuvés de commentaires contradictoires et confus sur un
cessez lef eu dans le Donbass !
Mais les combats n'ont jamais cessé dans le Donbass : les bataillons formés par
les partis continuateurs du nazisme ont continué de terroriser la population en
bombardant, en tuant des enfants, des femmes, des hommes combattants et noncombattants.
Le 25 septembre, le gouvernement poutchiste siégeant à Kiev annonçait la
fermeture des points de passage de la frontière avec la Fédération russe : avec cette
fermeture pour enjeu, les combats vont reprendre de l'intensité.
Donc, rien n'est réglé de ce qui ne pouvait pas l'être en dehors d'une négociation
directe entre le gouvernement de Monsieur Porochenko et l'organisation républicaine
des insurgés : que cherchait Monsieur Porochenko par ce semblant de cessezlefeu
?
Il semble qu'il tentait d'obtenir deux résultats : d'abord, isoler si peu que ce soit
les insurgés de la Russie, afin de faire prévaloir les intérêts des oligarques russes, avec
lesquels il sait pouvoir s'entendre pour peu que la sympathie populaire agissante du
peuple russe envers le peuple du Donbass perde de l'intensité ; ensuite, se constituer
un masque d'homme de paix qu'il pourrait utiliser envers les opinions publiques
d'Europe occidentale, au moins pour recevoir la vague d'aide militaire que l'OTAN et le
Pentagone ont préparé pour l'Ukraine impériale dont il est le premier président.
Mais cette image, il ne lui est possible de la conserver qu'aussi longtemps que
les insurgés resteront des inconnus pour les peuples de l'ouest européen. Il est donc
urgent de mettre en lumière les quelques éléments essentiels des objectifs que les
insurgés se sont donnés.
Le 10 juillet 2 014, des représentants de six mouvements ukrainiens se sont
réunis à Yalta, en Crimée ; ils ont adopté un « Manifeste du Front populaire de
libération de l'Ukraine, de la Nouvelle Russie et de la Russie subcarpatique ».
De ces six mouvements, trois se définissent pour toute l'Ukraine, et trois se
définissent territorialement dans des districts du Donbass ( Kharkov, Zaporojié,
Lougansk ).
Ce Manifeste définit le territoire de l'Ukraine comme la réunion des territoires
de l'Ukraine historique, de la Nouvelle Russie et de la Russie subcarpatique ; dans le
même mouvement de définition, il postule l'absence de liens politiques entre les
Russies nouvelle et subcarpatique d'une part, et d'autre part la Fédération de Russie
dont la capitale est Moscou.
Le territoire ainsi défini est celui qui appartenait à l'Ukraine depuis 1 945,
avant qu'une décision arbitraire prise au Kremlin, vers 1 956, lui rattache la Crimée.
Ce Manifeste conçoit le futur gouvernement de l'Ukraine comme totalement
indépendant de celui de la Russie comme de celui de l'Union européenne, selon le
principe démocratique que le gouvernement de l'Ukraine indépendante ne peut
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dépendre que des seuls habitants de l'Ukraine, lesquels participeront à sa formation à
égalité de droits les uns avec les autres et quelles que soient les langues qu'ils parlent
dans leurs familles.
Dans cette Ukraine future, la richesse, même très grande, ne confèrera aucun
pouvoir politique supplémentaire à celui ou à celle qui la possède : cette disposition est
très évidemment condamnée par ceux qui gouvernent la France, l'OTAN, l'Union
européenne et les USA, ainsi que par tous les ploutocrates du monde.
Dans la manière dont ce Manifeste définit la base humaine de la formation des
lois et du gouvernement nous pouvons constater l'influence de l'expérience de la
formation des Soviets dans les premières années de ce que nous appelions la Russie
des Soviets, mais il est important d'y lire aussi une influence plus ancienne : celle des
Assemblées primaires de septembre 1 792 qui avaient élu les députés à notre
Convention nationale, et auxquelles notre Constitution de l'an 1 de la République
( cette Constitution trop démocratique pour que la bourgeoisie française accepte de la
mettre en vigueur ) assigne la fonction fondamentale de rédiger les projets de lois.
De plus, ce Manifeste condamne clairement le statut des langues régionales et
minoritaires adopté par l'Union européenne : il dévoile son caractère réactionnaire en
posant en principe légal la possibilité pour les régions de l'Ukraine future d'autoriser,
et non pas d'imposer, l'usage des langues régionales et locales, en plus, et non pas en
place des langues de l'Etat dans la vie culturelle, politique, juridique et administrative.
Les combats qui se sont déroulés depuis le 10 juillet ont sans doute fait évoluer
les positions en présence : nous pouvons comprendre que les crimes terroristes souvent
de masse commis par les bataillons continuateurs du nazisme, dont les habitants du
Donbass découvrent aujourd'hui des vestiges attestés par l'OSCE ( fosses communes et
cadavres ), ont radicalisé les positions des insurgés.
Le 25 septembre est paru sur le site internet initiativecommuniste.fr le compterendu
d'un entretien accordé par le président du Conseil suprême de la République
populaire de Donetsk Boris Litvinov : ce président affirme que les insurgés
construisent une République influencée par le socialisme ; le très sommaire résumé cidessus atteste que l'influence du socialisme était déjà lisible dans le texte du 10 juillet
( je n'ai pas connaissance d'autres textes d'orientation émanant des autorités
républicaines de Donetsk ou de Lougansk ).
Qu'estce qui a été négocié à Minsk ?
Placé devant la défaite de son armée, Monsieur Porochenko devait constater que
de continuer la guerre ferait échouer sa politique : il déplaçait son effort de la guerre
vers la diplomatie :
• en participant à des négociations avec le président de la Fédération russe,
Monsieur Poutine : une des conditions qu'il mettait à ces négociations est
que les insurgés n'en soient pas des partenaires, mais soient intégrés à la
délégation russe : cette condition signifie qu'il veut faire croire qu'une
négociation entre le président du gouvernement de Kiev et le président de
la fédération de Russie règlera tous les problèmes, et qu'il croit pouvoir y
parvenir en faisant le silence sur le fait que le président russe a toujours
affirmé que le règlement du conflit du Donbass doit être discuté entre le
gouvernement de Kiev et les insurgés, et que la Russie n'a pas à s'en
mêler ;
• dans le même mouvement, il vient d'user de sa fonction de président de
l'Ukraine pour faire voter en toute hâte par la Rada ( Assemblée
ukrainienne ) ( dont les députés communistes ont été violemment exclus,
rappelonsle
! ) un « statut spécial » pour les territoires de l'est ukrainien.
Ce « statut spécial » n'a jamais été négocié avec les insurgés : il est conçu comme
octroyé par le gouvernement siégeant à Kiev à celles des régions insurgées dans
lesquelles ses forces armées sont en échec ; dans cet esprit, il annonce la mise en place
dans un délai de trois ans d'un ordre spécial de gouvernement, avec un financement
séparé obéïssant à des règles particulières, promet une large amnistie, annonce la
transformation des guérillas insurgées en une « milice populaire », et envisage la
possibilité de « relations plus étroites entre ces territoires et la Russie ».
Le vote de ce « statut spécial » est évidemment une manoeuvre tardive contre
l'existence même de textes tels que le manifeste pour la Libération de l'Ukraine, de la
Russie nouvelle et de la Russie subcarpatique : il s'agit toujours de baillonner et de
faire taire le mouvement politique de revendication qui anime l'insurrection du
Donbass, et qui est d'autant plus dangereux pour le gouvernement poutchiste qu'il
dépasse de loin le Donbass.
Quelle peut être la signification politique véritable de ce texte que les insurgés
ne sauraient admettre, et qui n'entre d'aucune manière dans l'ordre du jour arrêté
avec les interlocuteurs de Monsieur Porochenko ?
Les alliés de Monsieur Porochenko ont certainement besoin d'étayer leur
prétention d'être les défenseurs de la démocratie dans le monde : or, les exactions
commises en Ukraine par les forces armées gouvernementales continuent celles
commises entre 1 941 et 1 945, notamment en Ukraine, par les nazis et par les
fascistes de tous les pays alliés de l'Allemagne hitlerienne, de l'Italie Mussolinienne et
de la Hongrie de l'amiral autrichien Horthy : elles sont de nature à ruiner cette
prétention : pour continuer de soutenir le gouvernement poutchiste contre un
manifeste au texte réellement démocratique et libérateur des peuples de toute
l'Ukraine, ils avaient sans doute besoin que le président Porochenko fasse un geste
d'apparence démocratique.
Mais de recouvrir sa démarche d'un vernis d'apparence démocratique, cela peutil
permettre à Monsieur Porochenko de faire croire à tout un chacun que le président
russe était d'accord avec lui ? Le vote de ce statut spécial est encore un acte par lequel
le gouvernement poutchiste de Kiev prétend effacer les insurgés, et faire passer le
problème du Donbass pour l'enjeu d'un litige entre la Russie et l'Ukraine.
Les membres français du mouvement de la Paix sont devant un problème
particulier : le gouvernement français tient une grande place parmi les allés actifs du
gouvernement poutchiste qui siège à Kiev, et dans le cadre de cette alliance, il a
accompli des actes de grande signification politique : dans le cadre de l'activité de
l'OTAN visant à intimider la Russie,
• trois bateaux français ont été parmi les premiers envoyés en mer Noire,
• quelques avions de combat français ont été déployés en Pologne,
• les deux navires porte aéronefs commandés par la Russie et prêts à être livrés
ont été « gelés » dans une rade bretonne.
Ces actes évidemment hostiles à la Russie, mais encore bien plus, à tout ce qui
s'oppose au gouvernement poutchiste qui siège à Kiev, sont encore aggravés par la
propagande que diffuse la presse écrite et télévisée de notre pays : pour cette presse en
effet, les insurgés n'existent pas au Donbass, et la répression terroriste antipopulaire
souvent sanglante dans toute l'Ukraine n'existe pas non plus !
Ces actes de ceux qui gouvernent la France font de notre gouvernement un allié
des continuateurs du nazisme qui ont recommencé de ravager toute l'Ukraine.
Pouvonsnous
le tolérer ?
Pouvonsnous
tolérer que cette alliance avec les fauteurs de guerre organisés
dans l'OTAN et prépondérants dans l'Union européenne nous allie avec les nazis qui
ont fait tant de mal dans notre pays et qui font encore de même en Ukraine, en vue de
combattre nos alliés de l'alliance antifasciste, ceux précisément sans qui la victoire sur
l'hydre nazie et fasciste eût été impossible ?
Non, n'estce
pas ?
Donc, il faut défaire cette alliance avec les pires criminels que l'Europe ait
engendrés : il faut agir pour imposer désormais à tous nos gouvernements de sortir de
cette alliance antirépublicaine, contraire à toute démocratie, et de replacer notre
pays sur la politique réellement progressiste du Conseil national de la Résistance.