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Patrick Le Hyaric : Non au budget d’austérité à venir !

Posté le 7 octobre 2014


La préparation du budget du pays est chaque année un acte essentiel. L’intérêt général devrait d’ailleurs commander qu’elle fasse l’objet d’un débat populaire tant le vote du budget a de conséquences sur les vies quotidiennes. Le niveau des services publics, les choix d’investissements, un certain nombre de prix, la qualité de l’école ou de la santé et tant d’autres choses encore en dépendent. Or, non seulement il n’y a pas de débat mais les seules options imposées découlent des injonctions de Bruxelles et de la seule pression des puissances d’argent. Le budget présenté par le Conseil des Ministres la semaine dernière confirme et amplifie la ligne droitière suivie par le gouvernement depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon. Les premières annonces gouvernementales prévoient toujours plus d’austérité pour les familles, les salariés, les retraités et un transfert toujours plus grand de la richesse produite vers les forces de l’argent au nom d’un prétendu retour à la croissance.

Le gouvernement s’entête dans une violente cure de réduction des crédits publics et sociaux utiles soit disant pour atteindre cette règle fixée par les traités européens dite des 3% de déficit public. Non seulement cette règle est absurde mais on ne peut l’atteindre quand on compresse ainsi l’économie, quand on réduit les services publics, quand on abaisse de différentes manières le pouvoir d’achat des familles populaires. C’est donc un tour de vis sans fin qui aggrave sans cesse la situation budgétaire par la multiplication des exonérations d’impôts et de cotisations sociales offertes aux grandes entreprises. Le problème n’est donc pas qu’il n’y aurait pas d’argent, mais que celui-ci est orienté vers la finance au lieu de servir le bien commun humain.

Ainsi, 21 milliards d’euros d’économies sont prévues sur les crédits publics dans le budget 2015 quand 40 milliards de cadeaux fiscaux sont offerts au grand patronat avec ce qu’ils appellent le pacte de responsabilité.

Tout y passe : service publics, collectivités territoriales, agences de l’Etat, braderie des biens publics, retraites… En s’en prenant à la politique familiale, le gouvernement passe un nouveau trait.

La branche famille de la sécurité sociale va connaître une purge sans précédent de 700 millions d’euros qui menace directement la croissance démographique du pays, déjà bien entamée depuis le déclenchement de la crise en 2008.

Le gouvernement prévoit ainsi de réduire le congé parental à 18 mois pour chaque conjoint, quand il était de trois ans pour l’un des deux, sans augmentation de l’indemnité qui représente moins de la moitié d’un SMIC. En feignant d’instaurer une mesure d’égalité le gouvernement trompe son monde, sachant pertinemment que les hommes qui bénéficient de salaires plus élevés ne prendront jamais le risque d’arrêter de travailler 18 mois, qui plus est dans le contexte économique plus qu’incertain. Une vraie mesure d’égalité consisterait à augmenter l’indemnité du congé parental et surtout, de financer l’accueil de la petite enfance. Mais là encore, l’engagement de créer 275 000 places d’accueil ne sera jamais atteint, peu s’en faut.

De plus, le gouvernement prévoit de diviser par trois la prime de naissance à partir du deuxième enfant, et de raboter largement les aides à la garde d’enfants.

Cette batterie de mesures d’austérité ciblées contre les familles est inédite. Plus largement, ce sont 9.6 milliards d’euros qui sont ponctionnés sur la Sécurité sociale.

Pourtant, nous dit-on, malgré la violence des mesures envisagées, le déficit des caisses de protection sociale devrait encore s’aggraver ! Le gouvernement ne veut pas entendre, comme l’indiquent de nombreuses études, que les principales causes de ce déficit résident dans le chômage de masse que le manque d’investissements encourage, dans la croissance qui cale et dans la baisse drastique des recettes de cotisations (6.3 milliards de baisse de cotisations à travers le pacte de responsabilité, soit le montant du déficit). Et aussi par le fait que de nombreuses entreprises qui payent pas ce qu’elles doivent.

Ce sont donc bien ces choix politiques et économiques qui produisent le déficit !

Enfin, s’il s’agissait réellement de sauver nos systèmes de protection sociale, pourquoi ne pas s’attaquer aux 25 milliards de fraude aux cotisations sociales révélés par le Cours des comptes ? Ils représentent le double du déficit. Le simple respect de la loi par les employeurs permettrait de rendre la Sécurité sociale…bénéficiaire !

A cette purge budgétaire s’ajoutent de nombreuses mesures qui visent directement les ménages : augmentation de la taxe sur le diesel de 2 centimes par litre, hausse historique des tarifs postaux de plus de 7 %, hausse de la redevance télévisuelle de 3%. Autant de décisions qui vont peser lourd sur le pouvoir d’achat des familles.

Décidément c’est un gouvernement issu de la gauche qui tourne le dos à l’histoire et aux valeurs de celle-ci pour faire le travail de la droite. Inacceptable !

La réforme fiscale d’ampleur qui nous était promise a disparu des radars gouvernementaux. Pourtant, la mise à contribution des revenus du capital à égalité avec ceux du travail permettrait de dégager des marges de manœuvres nouvelles. Ce serait juste et efficace économiquement.

Pour poursuivre sa politique, le gouvernement qui ne bénéficie plus que d’une majorité relative à l’Assemblée, passe désormais avec force en écartant sans ménagement de la commission des affaires sociales les députés socialistes qui osent contester la ligne défendue par Manuel Valls.

Il ne faut pas laisser faire ! Comme l’ont fait les retraités il y a quelques jours, des mobilisations unitaires pour la justice et le progrès social sont indispensables.

Tag(s) : #PGE

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