Depuis le 19 juin, deux ouvrières tunisiennes de la société SEA-Latelec mènent une grève de la faim en Tunisie.
Leur combat : obtenir la réintégration de quatre de leurs camarades, licenciées en avril 2013.
C’est en 2005 avec l’implantation de Latelec en Tunisie que ces ouvrières ont été embauchées avec des conditions très strictes. Latelec, filiale de Latéocère, fabrique en Tunisie les câbles qui équipent certains appareils Airbus et Dassault.
Très vite, elle découvrent que leur salaire, bien inférieur au SMIG tunisien, n'est pas à la hauteur des exigences demandées à l'embauche. L'ambiance avec les cadres dans cette entreprise très féminisée (80 % de femmes) est déplorable : harcèlement moral et sexuel, intimidations et, disons le, racisme latent : rien ne leur est épargné mais nous sommes sous Ben Ali....,
Le renversement du dictateur les décide à créer en mars 2011 une section syndicale de l'UGTT. Le rapport de forces a changé et les salarié(e)s obtiennent même un accord sur les salaires en mai 2012 mais l'accalmie est de courte durée et en lieu et place d'une négociation sur les conditions de travail, les salarié(e)s se trouvent confronté(e)s à la fermeture de leur usine dont l'essentiel des activités est rapatrié en France. Elles résistent et à l'occasion du FSM de Tunis, le conflit prend une dimension internationale. En contrepartie, leurs patrons déploient toutes les méthodes de pression imaginables pour diviser le mouvement et faire taire les voix contestataires. 10 salariées sont ainsi licenciées "pour l'exemple", dont trois déléguées syndicales.
Le 4 mars 2014, sous la pression, l’entreprise accepte la réintégration de 6 d'entre elles dont une seule des trois syndicalistes. Toutes les voies de recours étant épuisées, il ne reste plus à ces femmes que la grève de la faim pour obtenir justice face à une direction qui entrave l'exercice du droit syndical.
La France ne peut être passive face à ce conflit. L’Etat français est l'un des principaux donneurs d’ordre des clients de l’entreprise. et il s'agit d'une filiale d'une grande entreprise française qui ne peut ainsi bafouer les normes internationales, délocalisant ou relocalisant ses activités au gré des conflits sociaux. Il ne s'agit pas seulement de parler de responsabilité sociale des entreprises dans les enceintes internationales, il faut se donner les moyens d'agir quand on en a la possibilité - ce qui est le cas en l'espèce.
Ce conflit est exemplaire car au delà de la lutte pour leur réintégration, c’est la liberté syndicale et les acquis sociaux de l’après-Révolution que ces femmes entendent protéger.
Je tiens donc à leur exprimer mon entière solidarité