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Compte rendu de la soirée : "Droites extrêmes et populistes en Europe

Le 12 juin s’est déroulée une table ronde dont le thème était :
Les scores élevés des partis de droite extrême,nationaliste et populiste en Europe,de quoi sont-ils le symptôme ?
Quelles en seront durablement les conséquences pour les réalités politiques en Europe ?

Les intervenant-es en étaient : Jean-Yves Camus, spécialiste de la droite extrême et populiste, chercheur à l’IRIS, Elisabeth Gauthier, directrice d’Espaces Marx et membre de la direction de Transform !europe, Alain Hayot, sociologue, délégué du PCF à la culture, auteur de Face au FN, la contre-offensive (éd. Arcanes 17), René Monzat, journaliste, spécialiste de la droite extrême et populiste, membre de la direction d’Espaces Marx, Dominique Vidal, historien et journaliste, spécialiste des relations internationales, collaborateur du Monde diplomatique

Elisabeth Gauthier présente la soirée et les intervenants.
Elle évoque le contexte des élections européennes marquées par le maintien de l’hégémonie des forces néolibérales malgré un certain effritement.
Les socio-démocrates sont en difficulté dans plusieurs pays.
Les forces de droite extrême, nationaliste, populiste progressent sensiblement en Grande-Bretagne, France, au Danemark. Elles se maintiennent en Autriche, Grèce, Finlande, Hongrie. Elles sont en baisse aux Pays-Bas, en Bulgarie, en Italie, en Belgique. Il convient toutefois de rappeler qu’en Autriche, le FPÖ a connu une remontée après une baisse sensible. En Allemagne, le NPD, ouvertement néonazi obtient un élu et Alternative pour l’Allemagne 7 élus.
Si le groupe GUE/NGL n’atteint pas partout les résultats espérés, il passe néanmoins de 34 à 52 élus, avec des progressions intéressantes en Grèce, Espagne, Portugal, Italie.

De quoi le score élevé de ces partis – d’extrême droite, nationalistes ou populistes – est-il le symptôme ? S’agit-il d’une rupture, d’un choc, d’un tournant ? Est-ce irrémédiable ? Répondre à cette question est nécessaire pour bâtir une contre-offensive à gauche. L’explication par une aspiration identitaire est trop courte. Ces forces semblent durablement installées dans un grand nombre de pays. Elles se sont particulièrement développées depuis la crise de 2008 et les années d’austérité. Ce ne sont plus des partis à la marge mais au cœur du système politique. Ils participent même parfois à des gouvernements avec la droite. S’agit-il d’un phénomène européen ou d’une addition de pays ?

Dominique Vidal souligne qu’il n’y a pas d’explication monocausale. Il cite plusieurs causes :
La crise sur la longue durée, depuis 30 ans, après les Trente Glorieuses, qui a également produit des effets importants au plan identitaire avec un repli sur les valeurs traditionnelles de ceux qui sont frappés par le chômage et la misère, durement touchés dans leur dignité. Il s’est installé une forme de peur de l’Autre désigné comme bouc émissaire.
Le racisme : à l’Est, ce sont les juifs et les Roms ; à l’Ouest, c’est l’islamophobie qui atteint en France des niveaux inédits.
Tout ceci est inséparable de l’hostilité à la mondialisation et à l’Europe qui est perçue comme responsable des attaques antisociales et sur laquelle on ne peut peser. La nation apparaît comme une forme plus protectrice. Le FN et nombre de ses partis frères prônent la sortie de l’euro.
L’incapacité de la gauche et de la droite à résoudre la crise. Le FN, en France, et les autres forces de droite extrême dans d’autres pays, sont la seule force à ne pas avoir exercé le pouvoir. Il faut donc les essayer. C’est, en France, le rassemblement des « cocus » – du Mitterrandisme, du Chiraquisme, du Jospinisme, du Sarkozysme, du Hollandisme –.

Nous sommes dans une période de flottement des identités. Toutes les étiquettes deviennent obsolètes.
La plupart des forces d’extrême-droite qui percent ont subi un lifting, un ripolinage pour mieux séduire l’électorat. Leur discours mêle le nationalisme, le social, le racisme.

Alain Hayot affirme d’emblée que le vote FN n’est pas le symptôme d’un cri, d’une colère, d’une protestation. C’est de plus en plus un vote d’adhésion à un modèle de société. Il est structuré, durable. C’est une réponse à trois types de crise :
Crise sociale avec le développement de l’angoisse du déclassement. Ce n’est pas le vote de désespérance sociale mais de la peur de la désespérance sociale. Il est interclassiste. Dans les quartiers populaires, il est plus fort dans les lotissements que dans les grandes cités. Il pose la question des divisions, du rejet de l’autre.
Crise politique sur deux aspects :
La fracture démocratique (rejet du système politique et des élites, méfiance et prise de distance à l’égard de la politique et des institutions républicaines.
Une recomposition politique et particulièrement une vaste recomposition au sein de la droite sous l’impulsion et l’hégémonie de l’extrême droite.
Crise du sens. Il y a perte de tous les repères traditionnels. L’idée prévaut qu’on ne peut pas influer sur le cours des choses. Les populismes en Europe se sont engouffrés dans cette crise du sens. Face au néolibéralisme de droite comme de gauche (« UMPS »), le FN se pose et apparaît comme la seule alternative. Le risque est grand de subir un face à face entre le libéralisme mondialisé et le national-populisme au service tous deux de la reproduction des sociétés de concurrence et de domination.

Jean-Yves Camus estime que notre époque rappelle celle de la révolution conservatrice allemande des années 1920-1930. Le vote pour l’extrême droite repose sur le pessimisme, le vitalisme, l’esprit identitaire, la capacité à capter le déclin social, la perte de repères.
Il y a béance idéologique à droite. Les repères idéologiques de la droite de gouvernement sont devenus inexistants (cf Finkielkraut à l’Académie Française). Il n’existe plus d’idéologue conservateur en Europe.
La force de l’extrême droite repose davantage sur un ensemble de phénomènes d’anticipation de la perte de statut social que sur la perte effective. Le FN pénètre de plus en plus non seulement chez les précaires mais aussi dans les couches moyennes et moyennes supérieures qui sont en situation de déstabilisation par rapport aux couches moyennes des Trente Glorieuses. Plus personne ne peut être sûr que ses enfants auront dans la société une place au moins équivalente à la sienne.
Il y a recherche d’un horizon d’espérance autre que celui de l’acceptation/adaptation à la crise.
Dans les pays où a été faite l’expérience de l’extrême droite, comme en Autriche avec le FPÖ, il a été constaté que sa politique n’était pas pire que celle de la droite et des gouvernements néolibéraux.
Toutefois la situation n’est pas monochrome. Il n’y a pas eu de raz-de-marée d’extrême droite en Europe aux dernières élections européennes. Le passage du groupe GUE/NGL de 34 à 52 députés est un signe positif à ne pas négliger.

René Monzat souligne que le vote pour les forces de droite extrême n’est qu’un symptôme un élément et qu’il faut s’intéresser aux mutations du champ politique européen.
Les systèmes bipartisans ne fonctionnent plus (cf GB, Autriche, Italie, Grèce, Espagne…).
Face au blocage du champ politique traditionnel par rapport aux demandes sociales, l’idée grandit que l’échelon national peut répondre à ces demandes, que c’est un échelon démocratique sur lequel on peut peser et cette idée est « portée » par les droites xénephobes.
C’est la fin d’un type de rapport au politique dans lequel des milieux sociaux votent « naturellement » toujours pour les mêmes partis. Ainsi, en Autriche, le rapport quasi « héréditaire » et spontané entre appartenance sociale, religieuse et vote politique a disparu avec l’émergence du FPÖ.
Un rapport plus utilitariste au vote pour les différents mouvements apparaît, dans lequel prime la fonctionnalité de tel ou tel parti pour peser dans le contexte du moment.
Le racisme et la xénophobie ne se diffusent pas à partir des groupes radicaux. Le mal est plus profond.
La panique sociale en Allemagne est plus importante que le vote pour le NPD qui reste marginal.
Le FN exprime une forme française d’articulation de thématiques aux conséquences discriminatoires, articulation qu’il n’a pas inventée.

Elisabeth Gauthier souligne qu’en Scandinavie où il n’y a pas traditionnellement de racines fortes de l’extrême droite, les atteintes contre le modèle social scandinave ont entraîné le désarroi. Au Danemark, par exemple, il y a érosion des partis traditionnels et progression de la droite populiste qui passe en tête aux européennes.
Le phénomène n’est pas seulement sociologique. Il y a articulation entre social et politique. Il s’agit d’une interprétation politique de ce qui se passe dans la société, de l’état de la société, de l’économie… et d’une recherche de pouvoir intervenir politiquement alors que la Gauche ne réussit pas à répondre à cette recherche.
La crise du système politique, comme en France, aggrave la situation. La simultanéité entre progression de la droite extrême avec l’implosion des systèmes politiques dans certains pays renforce le danger pour la démocratie
Dominique Vidal, tout en partageant l’analyse de Jean-Yves Camus, exprime sa méfiance à l’égard de la référence aux années 1920-1930. Le discours antifasciste et antinazi ne correspond pas à la réalité de la crise et des dangers. Nous ne sommes pas à la veille d’une prise de pouvoir de l’extrême droite par la force ni à la veille d’une nouvelle guerre mondiale, a fortiori d’un génocide. Les gens ne peuvent pas se reconnaître dans cette caricature. En France, il faut combattre un parti qui a effectué un « ravalement ». Les groupes identitaires ne sont que très marginaux. Il faut donc s’intéresser à ce que sont réellement ces partis.

Jean-Yves Camus précise que sa référence à la révolution conservatrice allemande des années 1920-1930 se situait par rapport à un corpus doctrinal alors que le monde d’avant 1914 se mourait. Il s’agit du passage d’un monde à un autre. C’est un moment de basculement social des repères, de perte globale de sens d’une société. Mais la situation historique n’est pas comparable.
L’extrême droite en affirmant son « vitalisme » signifie qu’elle promet la vie, le souffle, l’espérance face à une gauche qui véhicule une culture de mort, de fatalité.

Alain Hayot reprend l’idée que le slogan « F comme Fasciste, N comme nazi » est inopérant. Marine Le Pen parle aux Français d’aujourd’hui des problèmes d’aujourd’hui. Elle produit des messages auxquels les électeurs adhèrent : La nation comme but et moyen, la laïcité contre l’Islam, la priorité nationale au service du social, les immigrés, fauteurs de crise, l’autorité comme mode de régulation…Elle est entendue même par les anciens immigrés au détriment des nouvelles générations.
Par ailleurs le monde a changé. L’Occident a perdu sa domination. Ce changement effraie. Il s’agit d’une crise identitaire à l’échelle mondiale. Le populisme progresse au Danemark et en Suisse alors que le taux de chômage y est de 3%.

René Monzat fait référence au livre de Paul Hazard, La Crise de la conscience européenne (1935), qui montre que les grandes batailles d’idées et la révolution intellectuelle ont eu lieu au début du XVIII° siècle et que la Révolution avec les changements politiques qui l’accompagnent ne viendra qu’après. On ne sortira pas du problème auquel nous sommes confrontés en agissant seulement sur le taux de chômage.
Il y a crise des institutions qui n’assurent plus la représentation politique, crise du projet stratégique européen et retour identitaire. Ainsi le débat sur l’adhésion de la Turquie n’a pas lieu sur le fond mais uniquement sur des normes économiques, ce qui alimente le sentiment de dépossession des enjeux politiques essentiels.
Dans le même temps, il n’y a pas d’alternative audible à gauche.
La quête d’une « fonctionnalité » du vote peut à un moment se retourner contre les partis d’extrême droite : le parti d’extrême droite séparatiste en Belgique a vu son influence décliner avec l’émergence d’un parti de droite nationaliste. Les électeurs des groupes d’extrême droite peuvent donc passer rapidement à d’autres partis.
Dans la guerre culturelle actuelle, l’idée grandit qu’ « on est mieux entre nous ». C’est un enjeu européen.

Débat
De nombreux intervenants estiment qu’il ne faut pas sous-estimer les risques et expriment leurs inquiétudes face à la progression du FN, à l’idée que les mécanismes qui conduisent au fascisme sont à l’œuvre. Ils craignent la suppression des libertés fondamentales en cas d’arrivée du FN au pouvoir. Dans les années 1930, on a minoré le danger fasciste. Pour prendre le pouvoir, le FN se normalise par rapport au fascisme. Certains s’inquiètent du rôle joué par les groupes identitaires dans le FN FN et estiment que le sous-prolétariat est de plus en plus nombreux et se reconnaît dans ce vote.

Avec la chute du « socialisme réel », il y a difficulté du projet alternatif de société. Les rapports de force sont mauvais, le néolibéralisme domine et il semble qu’il n’y ait aucune possibilité de peser en Europe. Marine Le Pen parle de la vie quotidienne. Dans ce cadre, tout est possible, tout peut arriver.
La Gauche, partout doit se concentrer sur son incapacité à répondre à la crise. Quand la gauche en est capable, comme en Grèce, il y a contre-offensive contre l’extrême droite.
Comment lutter contre le FN et des législations de plus en plus anti-immigrés ? Face au fait que le vote FN n’est que le symptôme d’un racisme existant, la gauche est incapable d’apporter une réponse internationaliste.

En Grèce, Syriza, a fait 27% avec le même programme que le Front de Gauche en France, En Espagne et en Italie, la gauche a également progressé de façon très significative mais, dans ces pays, le débat a porté plus fortement sur les enjeux de classe, souligne Christine Mendelsohn.. En Europe du Sud, les jeunes diplômés, précaires se sont soulevés. Le mouvement des Indignés se poursuit depuis plusieurs années, refusant la verticalité des partis. Il y a une question de génération.
Dans les pays du Nord, plus riches, où les couches moyennes sont moins touchées par la crise, il y a davantage recherche de sauver ce qu’on a. Au Danemark, par exemple, il y a incompréhension totale par rapport à ce qui se passe en Europe du Sud.
En Europe de l’Est, la gauche paie cher le discrédit des idées socialistes et communistes. A l’exception du Jobbik en Hongrie, l’extrême droite régresse. Le nouveau héros est Poutine qui, avec ses idéologues, a pour projet de reconstituer l’empire russe.

L’abstention aux élections européennes montre que la construction européenne n’est pas un projet qui suscite une adhésion majoritaire.

Le visage de l’extrême droite est protéiforme. Il répond à deux types de discours qui s’adaptent aux destinataires :
« On ne veut pas payer pour eux » que ce soit au sein d’un même pays ou dans d’autres pays d’Europe. C’est le discours de ceux qui ne sont pas « tout en bas ».
« Nous sommes tout en bas mais ceux qui sont en haut ne le méritent pas ».
Les plus précaires sont abandonnés de tous (partis, syndicats). La force de ces discours vient de la faiblesse des offres des autres partis. D’autres processus de radicalisation sont possibles.

Dominique Vidal estime qu’il n’est pas question de sous-estimer les dangers. Il y a en Europe 15 États où les partis d’extrême droite ont des scores égaux ou supérieurs à 10%, dont 6 des scores supérieurs à 20%. La situation est différente de celle des années 1920-1930 mais les discours sont comparables : nationalisme + socialisme + racisme. Le slogan « F comme Fasciste, N comme nazi » est dangereux car inaudible pour les électeurs du FN (10% des inscrits). Parmi ceux qui ont voté 43% des ouvriers, 36% des moins de 25 ans, 30% de ceux qui ont un niveau de formation inférieur au bac l’ont fait pour le FN, qui exerce une véritable percée dans les couches populaires.
Il faut regagner ses électeurs en débattant avec eux : en Espagne Podemos et la Gauche Unie ont rassemblé 18% des votants, Syriza, en Grèce a obtenu 26,56%, la Coalition Démocratique Unitaire et le Bloc de Gauche 17,3% au Portugal.
La force des partis d’extrême droite repose sur l’absence d’alternative à gauche. Il est donc capital de poser la question de l’alternative. De ce point de vue, les querelles entre PCF et PG dans la dernière période ont eu un effet désastreux.

Alain Hayot développe l’idée qu’il faut travailler sur les contenus de la contre-offensive sur les enjeux d’aujourd’hui.
Il faut partir du terrain, renouer les liens de solidarité dans les entreprises et les cités populaires. Comment faire émerger une nouvelle conscience de classe des rapports capital/travail dans les entreprises et des rapports sociaux dans les quartiers populaires ? Il faut mener ces batailles sociales en les politisant.
Face à la prétention du national populisme de représenter la République ou la laïcité parce qu’ils trouvent en face d’eux le « ventre mou » idéologique que la gauche est devenu, il faut réinventer la laïcité d’aujourd’hui, la démocratie d’aujourd’hui, de nouvelles formes de la République et de la démocratie.. C’est un chantier essentiel.
Il faut travailler à un nouveau projet de société d’émancipation humaine en croisant l’espérance multiséculaire à l’égalité et au, partage, le rêve féministe et libertaire, à l’émancipation , sans oublier l’urgence écologique à faire de la planète un bien commun, la mondialité culturelle respectant la diversité et suscitant le métissage, la révolution citoyenne répondant à l’aspiration de chacun(e) à pouvoir décider. tout cela suppose une la reconquête d’une hégémonique culturelle sur des valeurs progressistes.

Jean-Yves Camus souligne qu’il faut travailler à analyser, à déconstruire les droites extrêmes dans leur complexité.
La gauche doit s’approprier réellement le pouvoir. Depuis 1981, la gauche ne s’inscrit pas dans la durée ; elle n’est pas à l’aise en ce qui concerne sa capacité réelle à rester au pouvoir et, par conséquent, à impulser le changement. Elle est sur la défensive et anticipe sa défaite.

René Monzat souligne que l’abstention est une grève politique. L’idée que les ouvriers, ainsi que les immigrés et leurs enfants sont spontanément de gauche ne correspond plus à la réalité. Ces deux catégories ont boycotté la gauche (PS et FdG). C’est un phénomène –l’abstention- qui se développe depuis un certain temps chez les ouvriers mais qui est récent chez les enfants d’immigrés (80% avaient voté pour François Hollande). La gauche a été brutalement sanctionnée en 2014 au moyen d’une abstention massive et très politique par deux catégories qu’elle s’est abstenue de défendre, et qu’elle considérait néanmoins comme sa base obligée, témoignant de ce fait à leur égard d’un certain mépris.

Elisabeth Gauthier, en conclusion insiste sur l’alternative à construire mais aussi sur la nécessité de développer le pouvoir d’interprétation des causes de la crise afin de pouvoir construire les alternatives, une dynamique à gauche, seule piste pour une véritable contre-offensive.

Tag(s) : #pcf, #Extrême droite, #europe

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