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Suite au précédent article retraçant le parcours de Maurice Thorez, l'Humanité et l'Humanité Dimanche ont su avec ferveur rappeler son rôle dans l'édification du communisme en France.
néanmoins, les socialistes de Seine Saint Denis veulent débaptiser un collège - cf intervention de Jean-Jacques Karman; nous leur rappellerons que Maurice Thorez a donné son nom à une ville d'Ukraine et que -on l'oublie souvent- au statut des fonctionnaires.
Finalement, Maurice Thorez fait figure des symboles à oublier pour nos gouvernants, comme ledit statut qu'on essaie de casser.
La chanson finale est malgré la chute de l'Union soviétique toujours d'actualité....
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Témoignage de Roland Leroy, ancien directeur de l’Humanité, membre de la direction du PCF aux côtés de Maurice Thorez, avant de prendre par la suite les rênes de l’Humanité, acteur direct, il se souvient.
Roland Leroy : « Je venais d’apprendre le décès de Maurice »
Où étiez-vous et que faisiez-vous le 11 juillet 1964, il y a cinquante ans, lorsque vous avez appris la mort de Maurice Thorez ?
Roland Leroy. J’étais à Moscou où j’avais conduit une délégation d’études. Je devais ensuite rester en Union soviétique. Maurice Thorez devait arriver lui aussi pour passer quelques temps de vacances sur les bords de la mer Noire. De son côté, le secrétaire général du PCI Palmiro Togliatti avait déjà rejoint le pays. Il était convenu que j’irai voir l’un et l’autre car il y avait le projet de tenir une rencontre. Maurice Thorez venait d’être élu par le congrès président du parti, sa fonction de secrétaire général était transmise à Waldeck Rochet. L’éventualité d’une rencontre entre Togliatti et Thorez était envisagée. Je devais les voir afin de fixer les modalités, notamment le lieu où cette rencontre se tiendrait le premier et second jour à choisir entre Menton et San Remo. Cette rencontre était préparée du côté français par Waldeck Rochet, Gaston Plissonnier, Raymond Guyot et moi-même. J’avais pour correspondant direct Luigi Longo et quelques autres camarades italiens.
C’est assez incroyable car les deux protagonistes de cette rencontre programmée disparaissent alors à un mois d’intervalle. Thorez le 11 juillet et Togliatti le 21 août de cette année 1964…
Roland Leroy. Oui, et alors que j’attendais Pierre Thorez, le fils de Maurice qui, comme ma fille, venait de passer son baccalauréat. Il rejoignait ses parents embarqués sur le navire qui devaient les amener de France à Yalta quelques jours plus tard sur les bords de la Mer Noire. J’ai appris le décès de Maurice Thorez par les dirigeants soviétiques une heure avant l’arrivée de l’avion de Pierre. La nouvelle n’avait pas encore été rendue publique. Je me suis alors retrouvée chargé de lui annoncer la nouvelle de la disparition de son papa. Après l’avoir accueilli à la descente de son avion, je l’ai emmené visiter le parc Gorki à Moscou. Dans la voiture, je lui ai dit que son père avait eu un grave malaise et dans le parc que son père était mort.
Avez-vous ensuite rejoint la France pour participer aux obsèques ?
Roland Leroy. Naturellement, j’ai rejoint immédiatement la France. Et le hasard a fait que j’étais avec François Billoux et Georges Gosnat quelques temps plus tard aux obsèques de Togliatti à Rome. Deux ou trois semaines plus tard, Luigi Longo devenu secrétaire général du PCI est venu à Paris pour y rencontrer Waldeck Rochet. J’ai participé à ces entretiens. Avec Longo, nous avons déjeuné tous deux au premier étage de la Tour Eiffel : ce qui lui avait beaucoup plu. A ce moment-là, nous avons décidé avec Longo et Waldeck Rochet d’établir des relations plus proches.
Parmi les nombreux moments partagés avec Maurice Thorez, quel est celui qui reste le plus fort ?
Roland Leroy. C’est le moment où il m’a annoncé qu’il allait proposer que je sois élu au secrétariat du comité central parce que cela représentait quelque chose d’important. Il m’a demandé de venir le voir à Bazainville où il résidait. Nous étions en 1960 et ce n’était pas dans le cadre de la préparation d’un congrès. Il m’a simplement dit : « Voilà, le secrétariat est un peu affaibli parce qu’il y a des problèmes politiques. Jacques Duclos, souffrant, est un peu fatigué. Le secrétariat doit donc être renforcé. Je vais donc proposer à la prochaine session du comité central que tu sois élu ». Et en effet, c’est comme cela que ça s’est passé : j’ai été élu membre du secrétariat. En parlant de problèmes politiques, il faisait allusion aux divergences de vue avec Marcel Servin et Laurent Casanova. Le secrétariat était alors composé de Jacques Duclos, Waldeck Rochet, Maurice Thorez, Marcel Servin, Gaston Plissonnier et Léo Figuères. Il se réunissait chaque semaine, une fois au siège du comité central 44, rue Pelletier à l’époque et l’autre fois à Bazainville avec la participation de Maurice Thorez. Le jour où il m’a fait cette proposition, j’ai été surpris. Je me souviens lui à voir fait part de mon étonnement. Il faut savoir que j’avais été élu en 1950 au congrès de Gennevilliers en tant que membre de la commission centrale de contrôle financier. Au congrès suivant d’Ivry alors que j’avais eu un accident de voiture et que je n’assistais pas au congrès, j’avais été enlevé de la direction. Plus tard en 1956, alors que j’étais député de Seine-Maritime, j’ai été sollicité afin de préparer le congrès qui devait se tenir au Havre alors que nous venions de gagner la mairie. C’est une conversation étonnante. Je lui ai rétorqué que cette proposition était surprenante parce que j’avais été retiré du comité central. Il a ri et il a répondu : « Tu veux quelque chose de plus comme autocritique de ma part ? » Le nom de Maurice Thorez je le connaissais depuis mon enfance passée au sein d’une famille ouvrière. Les souvenirs sont nombreux de sa présence à des réunions et à des meetings. Il était venu à un meeting au Petit-Quevilly prononcé un discours de la main tendu aux catholiques auquel j’ai assisté avec mon père et mes frères. Et puis plus tard, en tant que secrétaire fédéral, je me retrouvai à ses côtés, comme lors de son discours très important de Rouen.
Comment Maurice Thorez prenait-il part aux décisions ?
Roland Leroy. Dans les réunions du bureau politique, il intervenait toujours de façon toujours magistrale. Une des qualités de Thorez est une intelligence très large, profonde et fine. C’est une culture remarquable et une attention constante et permanente à l’activité des intellectuels. On se souvient de l’épisode du portrait de Staline où il est intervenu pour apporter son soutien à Picasso et Aragon. Chez Thorez, il y avait toujours ce respect de la culture et des militants. J’ai toujours été frappé de son attitude respectueuse à l’égard de Marcel Cachin et de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Evidemment, la direction du parti communiste a été confrontée à des moments difficiles. Quand on relit par exemple ce que Maurice Thorez a dit après la mort de Staline au congrès du Havre ne correspond pas totalement à la nécessité de la critique. Chez Thorez, il ya avait toujours une solidarité en direction de l’Union soviétique qui ne l’empêchait pas d’ailleurs de montrer avec beaucoup de finesse des grandes différences. Il faut se souvenir de son entretien accordé en 1946 au Times.
Pour les jeunes générations dont les cours d’histoire identifient parfois le communisme au stalinisme. Que répondez-vous à la question : qui était Maurice Thorez ?
Roland Leroy. Ce qui est dommage, c’est de ne pas montrer toute l’histoire du parti communiste, et donc le parcours de Maurice Thorez durant plusieurs décennies. Lorsqu’il a accédé aux responsabilités, il s’est d’abord engagé dans la lutte anticoloniale au Maroc. Il a alors fait de la prison. Il est devenu secrétaire général dans ces circonstances-là. Au niveau interne, il a aidé les communistes à se débarrasser d’attitudes étroites et sectaires, de repli sur soi et de faire du PCF un parti lié à la classe ouvrière et aux intellectuels. Son combat extrêmement vif contre Doriot témoigne de ce rôle joué par Maurice Thorez dans un sens humaniste. Certes, a pesé sur ses activités l’autorité qui était à l’époque l’organisation internationale, la 3e Internationale et donc Staline mais il ne faut pas oublier que lorsque le parti communiste français a pris l’initiative du Front populaire cela s’est fait sans le soutien de Staline. Thorez a toujours conservé l’estime pour le parti soviétique de Lénine qui avait fait la révolution et en même temps il a toujours défendu des positions originales et particulières à la France. Certes dans des conditions difficiles. Quand on juge maintenant avec toute l’expérience historique, on peut regretter qu’il n’y ait pas eu plus de positions fortes des communistes français contre certaines règles de l’Internationale mais cela ne détruit pas les mérites de Thorez. Cela n’enlève rien au fait que le communisme d’aujourd’hui a besoin de s’ouvrir justement dans l’esprit de Maurice Thorez ne pas immobiliser le parti communiste. C’est le refus de l’immobilisme : une conception vivante, humaniste et ouverte au nouveau !
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Collège Maurice Thorez : tentative de réécriture de l’histoire à Stains
Pa Jean-Jacques Karman
Vendredi, 11 Juillet, 2014
Le conseiller général de Seine-Saint-Denis Jean Jacques Karman a vivement réagi au projet de débaptiser le collège Maurice Thorez de Stains. Dans une tribune, il fustige que « cinquante ans après sa disparition, Maurice Thorez soit victime de l’anticommunisme primaire de la part de socialistes de Seine-Saint-Denis.
Personnellement, je portai la couronne de fleurs de mon entreprise le jour des obsèques de Maurice Thorez. C’est pourquoi je suis révolté en prenant connaissance de la volonté de la direction socialiste du conseil général de la Seine-Saint-Denis, de débaptiser le collège Maurice Thorez à Stains. Les noms des lieux reflètent souvent l’histoire sociale. Débaptiser c’est souvent rectifier celle-ci. L'argument de ces socialistes est de féminiser les noms des futurs collèges. Comme celui de Stains étant en réhabilitation, ils ont profité de cette orientation positive pour commettre un acte anti communiste primaire.
A Aubervilliers un collège est aussi en reconstruction, il se nomme Jean moulin. Iront-ils jusqu’a le débaptiser lui aussi ? Je suis sur que si le collège de Stains s'était appelé François Mitterrand il n'aurait pas subi le même sort. Même en Ukraine, la ville de Thorez n'a pas changé de nom, malgré les événements depuis 1989.
Je n’ai rien à dire contre la chanteuse Barbara, nouveau nom du collège de Stains, mais je pense que celle-ci au parcours perturbé n'aurait pas accepté cette manœuvre. Ces pratiques ne sont pas nouvelles. Ex maire socialiste d'Aubervilliers heureusement battu en mars dernier par une liste à majorité communiste, avait déjà débaptisé il y deux ans en catimini, une partie de l'avenue Waldeck Rocher (député communiste d'Aubervilliers et successeur de Maurice Thorez a la direction du PCF) pour lui donner le nom de Léon Blum. L'histoire leur donnera tort.
Le 11 juillet 1964 décédait Maurice Thorez. Dirigeant du PCF pendant 35 ans (1929-1964). Il avait été d’abord, de tous les combats au moment de la formation de la SFIC. Il fut par exemple responsable de la lutte contre la guerre du Maroc. Il a suivi dans des discussions de tendances la ligne majoritaire à Moscou. Puis le sectarisme de la fin des années 20 auquel il participe contre le "social fascisme". Mais c’est aussi lui qui signe au début des années 30 les 4 articles pour l'ouverture de la discussion interne dans l’huma dont l’un avait pour titre. "Que les bouches s'ouvrent". C’est lui aussi (avec l’aide du représentant de l’IC) qui lança l’idée de front populaire en 1934.
Le grand parti communiste prenant les questions nationales à bras le corps de 1936 1945 1956, avait, au plus fort 28,8% des voix, avait pour dirigeant Maurice Thorez.
C’est sur décision de l’IC qu’il gagne en 1940, l’Union soviétique (comme d’autres gagneront l’Angleterre). Ministre d’Etat à la libération, il est l’auteur du statut du fonctionnaire, qui est toujours en cours. Il va une nouvelle fois innover dans l’orthodoxie communiste en donnant une interview à un journal bourgeois, le « Times ». Dans lequel pour la première fois, il déclare "il est possible d’aller au socialisme par d’autres voies que celles des communistes russes".
Mais dans la période la plus stalinienne, 1949-1953, il se déclare premier stalinien de France, il laisse publier des poèmes, des chansons et des livres, sur son héroïsme et sur celui de sa femme, dont l’un a pour titre "l’homme de France que nous aimons le plus" -pour la France c’était Maurice Thorez, pour le monde, c’était Staline. En 1956, il freine la timide déstalinisation ouverte par le 20ème congrès du PCUS. Parallèlement, il ne vote pas à l’Assemblée Nationale les pleins pouvoirs à Guy Mollet, en 1956. Utilisé par celui ci pour faire la guerre au peuple algérien.
Maurice Thorez était un ouvrier mineur devenu intellectuel et dirigeant communiste de formation marxiste, un grand dirigeant, qui fut enrôlé à plusieurs reprises dans des dérives staliniennes. Il a, ne l’oublions pas aidé à la formation de plusieurs générations de femmes et d'hommes admirable, des communistes dans les grèves de 36, dans les luttes anti coloniales, dans la lutte anti fasciste contre le nazisme, (des milliers de communistes fusilles ainsi que des milliers de résistants de la première heure déportés par les nazis pour leur actions communiste).
Le peuple de France et sa classe ouvrière, doivent beaucoup à ces communistes, l’apport de Maurice Thorez fut positif même si nous faisons une analyse critique de son action.
Parmi ces communistes admirables formés sous Thorez, l’exemple de mon père est parlant à ce sujet. Ouvrier fraiseur, il adhère au parti communiste en 1941 à l’âge de 17 ans, passe dans la clandestinité, arrête torture à la prison de la santé, révolte de la centrale d'Eysse en 1943, il est déporté au camp de concentration de Dachau. Dirigeant syndical à la libération, puis du PCF, maire d’Aubervilliers des 1957, il sera l’un des premiers à courir a l’aéroport du Bourget pour porter le cercueil de Maurice Thorez sorti de l'avion soviétique. Son respect envers Maurice Thorez lui fit commettre une erreur. Il a supprimé comme d’autres maires communistes, les bals du 14 juillet 1964 par hommage à celui ci.
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Le 16 juillet 1964, Tchistiakovo est rebaptisée Torez en l'honneur du dirigeant du Parti communiste français, Maurice Thorez, décédé le 11 juillet.
Malgré la chute de l'URSS, la ville garde son nom; on peut voir sur la photo ci-jointe la statue de Maurice Thorez dans le hall de la mairie