/image%2F1031403%2F20140605%2Fob_1451ee_logo337.jpg)
Lorsque les manifestants de la place Maïdan réclamaient le départ du désormais ex président Ianoukovitch, les médias occidentaux nous présentaient ce mouvement comme animé d’une dynamique démocratique et censé incarner les prétendues « valeurs européennes ». Force est de constater que le coup d’Etat à l’origine de la chute de Ianoukovitch a débouché sur la formation d’un gouvernement intérimaire très à droite et comptant plusieurs ministres ouvertement néo-nazis en son sein, le délitement de l’Etat et le champ libre laissé aux bandes néo-nazies, qui saccagent les locaux du Parti communiste d’Ukraine (KPU), agressent et torturent sauvagement ses militants, ce en toute impunité et sous le regard complaisant des autorités, la criminalisation des opposants au nouveau régime, qualifiés de « terroristes » et de « séparatistes », le déclenchement d’une opération de guerre criminelle contre son propre peuple. L’Ukraine ne peut plus guère prétendre au titre de démocratie, et glisse dangereusement vers ce qui s’apparente de plus en plus à une dictature d’extrême-droite.
Le gouvernement putschiste a franchi une nouvelle étape de son entreprise de démantèlement de la démocratie en entamant une procédure qui pourrait déboucher sur l’interdiction du KPU, qui a le tort de lutter contre sa politique de guerre civile et de démantèlement social. Pour avoir trop critiqué la dite « opération antiterroriste » contre les insurgés du Sud-Est de l’Ukraine, pour avoir dénoncé les meurtres de civils par les néo-nazis et la Garde nationale, pour avoir enfin demandé que la séance extraordinaire de la Verkhovna Rada, le parlement ukrainien, consacrée à la situation sécuritaire dans le pays, soit publique, sous le regard des citoyens, et non à huis clos, le groupe communiste fut exclu de cette séance du parlement. Le président illégitime ad interim Oleksandr Tourtchinov a demandé au ministère de la justice de préparer l’interdiction du KPU « si ses liens avec les séparatistes sont prouvés ». Pour faciliter cette interdiction, le président du SBU (le successeur du KGB) Valentin Nalyvaychenko a ordonné à ses subordonnés de la préparer par tous les moyens, y compris la falsification de documents.
Le 16 mai, le président du KPU, Petro Simonenko, à la sortie d’un passage à la télévision nationale ukrainienne où il annonçait son retrait de la présidentielle du 25 mai, qui s’apparentait de plus en plus à une farce étant donné le contexte de guerre civile, fut l’objet d’une tentative d’assassinat par un groupe d’une trentaine de personnes non-identifiées, mais appartenant très certainement à l’une ou l’autre composante de l’extrême-droite ukrainienne. Le camarade Simonenko parvint à s’échapper de justesse. Cette tentative d’assassinat en dit long sur le climat politique ukrainien…
L’interdiction du parti communiste est le premier pas vers l’établissement du fascisme. Le Parti Suisse du Travail dénonce énergiquement cette dérive anti-démocratique des autorités illégitimes de Kiev et apporte sa solidarité au KPU, ainsi qu’à toutes les organisations engagées dans la lutte antifasciste et pour le progrès social en Ukraine, qui doivent lutter dans des conditions de plus en plus difficiles pour les intérêts et aspirations légitimes des travailleurs d’Ukraine : la fédéralisation du pays, comme solution juste au clivage Est-Ouest tout en préservant l’intégrité territoriale de l’Ukraine, le refus des coupes sombres dans les retraites et les subventions sur le gaz exigées par le FMI, l’arrêt de l’opération punitive contre la population du Sud-Est de l’Ukraine et la paix, la nationalisation des biens mal acquis par les oligarques, le socialisme.