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Déjà en 2000, à Martigues, Un parti «United colors of communism».N'oublions pas la matrice originelle du Parti à Tours, assumons notre histoire.

Voici une interview de Marc Lazar de 2000, à méditer.

Marc Lazar, historien, analyse l'idéologie du PCF d'aujourd'hui. Un parti «United colors of communism».

PASCAL VIROT 23 MARS 2000 À

Pourra-t-on encore parler d'un parti communiste à l'issue du XXXe Congrès du PCF?

Du point du vue du nom, de l'identité revendiquée, nous avons bien affaire à un parti qui se réclame encore du communisme. Certes, il marque des ruptures en matière d'organisation interne ­ qui fait partie de l'identité communiste. Il rompt aussi avec certains dogmes: l'utopie est clairement revendiquée, le PCF ne se réfère donc plus au caractère scientifique du marxisme; en outre, il remplace le collectif par l'individu, mis désormais au centre du parti. Mais demeurent l'anticapitalisme, l'anti-impérialisme et la perspective révolutionnaire.

En fin de compte, le PCF reste un parti communiste. Mais c'est un PCF United colors of communism: les Blancs, les Noirs, les roses, les beurs, les homosexuels, les féministes s'y retrouvent. Et tous se réclament d'une culture communiste il est vrai difficile à saisir. Ce patchwork entend toujours former un parti communiste.

Lorsque les dirigeants du PCF affirment que le communisme existait déjà avant la révolution de 1917, ne se livrent-ils pas à une réécriture de l'Histoire?

Tout à fait. Selon eux, le communisme français ne peut dorénavant se légitimer par l'Union soviétique. Il faut donc l'enraciner dans l'histoire française, le XIXe siècle, le XVIIIe et même avant. Le communisme a toujours existé, disent-ils, et même sans l'URSS, il aurait existé" Mais il y a un paradoxe dans cette analyse: Robert Hue continue de se référer au congrès de Tours de 1920 qui a vu la création du PCF et la rupture avec la SFIO. Le PCF adhère au bolchevisme, en souscrivant aux 21 conditions édictées par l'Internationale communiste. Or, si le PCF ne regrette pas le congrès de Tours, il ne peut valablement dresser le bilan de la période stalinienne, qui s'inscrit en large partie dans la suite des années 20. Et il ne peut non plus traiter de Lénine et du léninisme qui s'avèrent une question taboue. Car dénoncer le léninisme, c'est tirer toute la pelote. Et en la tirant jusqu'au bout, on tombe aussi sur Marx. Et ça, Robert Hue ne peut l'admettre. De la même manière, le secrétaire national ne peut ouvrir la page des années Marchais, car trop de dirigeants actuels du PCF sont liés à cette période.

Le communisme est-il réformable de l'intérieur?

C'est toute la question posée aux communistes. Mais l'Histoire montre que non. Dans les années 80, le PC italien pensait qu'il pouvait rester communiste en se rénovant. Il parlait à l'époque de «réformisme fort» contre le «réformisme faible» du PS italien. Aujourd'hui, Robert Hue reprend à son compte la formule de Jaurès d'«évolution révolutionnaire», d'autres parlent de «réformisme radical». Mais tout ceci a été développé il y a vingt ans: c'est ce qu'avait expérimenté le PCI et qui a échoué.

Le PCF suit donc une évolution déjà expérimentée de l'autre côté des Alpes?

Non. Le cas du PCI est exceptionnel en Europe. Il est le seul parti communiste à avoir choisi une transition vers la social-démocratie. Les Suédois du Parti de la gauche ont opté pour une voie différente: ils sont devenus des défenseurs de l'Etat providence, des féministes et des antieuropéens au point qu'on les accuse de «chauvinisme social suédois». Les partis finlandais, danois, norvégien, néerlandais se sont inspirés de cet exemple. Et puis il y a ceux qui restent fidèles au communisme. C'est le cas du PCF, mais aussi du PDS allemand, de Refondation communiste en Italie et des PC espagnol, portugais et grec. Robert Hue essaie de tracer une voie française pour sauver le PC. Le couple PCF-PDS cherche à explorer les voies d'une réforme du communisme. Les Espagnols et les Portugais suivent d'un oeil vigilant l'expérience de la «gauche plurielle».

Une scission au sein du PCF est-elle envisageable?

Le PCF est le seul parti communiste ouest-européen à ne pas avoir connu de scission. Au début de son mandat de secrétaire national, Robert Hue voulait éviter ce type de crise interne. Aujourd'hui, s'il y a rupture, je crois qu'il n'en serait pas mécontent. Cela administrerait la preuve que le PCF a changé puisque les traditionalistes se retrouveraient dehors. Hue disposerait d'un appareil affaibli, mais avec des militants prêts à le suivre dans son incertaine démarche de changement.

VIROT Pascal

sources :http://www.liberation.fr/politiques/2000/03/23/marc-lazar-historien-analyse-l-ideologie-du-pcf-d-aujourd-hui-un-parti-united-colors-of-communism_320421

Tag(s) : #pcf

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