Les responsables du Front de gauche tirent les leçons des résultats. L’inquiétude transparaît forcément, l’émotion parfois, mais toujours la détermination à reprendre le travail, à élargir à gauche le front anti-austérité. .
"Les résultats de ce soir sont une alerte très grave pour tous les démocrates. Il y a une cause européenne et une cause nationale", a analysé Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste. Parmi les sombres résultats de ces élections, le Front de gauche s'est simplement stabilisé. Une déception puisque les ambitions étaient autres, mais le Front de gauche reste la seule formation de gauche à ne pas chuter, même si, malgré un score identique à ceului de 2009, le groupe perd un député. Le Front de gauche compte désormais trois élus, tous eurodéputés sortants : Marie-Christine Vergiat, Patrick Le Hyaric et Jean-Luc Mélenchon. Younous Omarjee, qui a obtenu 23,29% des suffrages à la Réunion, rejoins également le groupe parlementaire de la GUE.
Lors d'une réunion de la coordination du parti ce lundi, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, "a insisté sur la nécessité et la volonté de multiplier les contacts tous azimuts dans les prochains jours auprès de celles et ceux qui ne se retrouvent pas dans la politique du gouvernement". "On souhaite vraiment ce processus de dialogue et de travail" avec "l'ensemble des forces de gauche", "les socialistes, les écologistes" , "les féministes, les acteurs du monde social", a-t-il ajouté en précisant qu'il fallait "discuter des formes que cela peut prendre". Le PCF va proposer à ses partenaires du Front de gauche de "se retrouver lundi prochain pour tirer ensemble les conséquences des européennes et de la dernière séquence électorale et se fixer des objectifs politiques".
Après avoir analysé les résultats, Pierre Laurent s’est dit déterminé à refonder une dynamique Front de gauche. "Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre notre voie avec le Front de gauche. Nous sommes même prêts à passer à une nouvelle étape (…) à élargir notre front, à nous adresser à toutes ces femmes et ces hommes pour reconstruire une alternative à gauche. Et cela à l’évidence ne pourra pas se faire dans les pas d’une politique menée par François Hollande et Manuel Valls, qui conduit au désastre constaté ce soir. "
Au cours de cette conférence de presse, le co-président du PG Jean-Luc Mélenchon a laissé court à son émotion. "D'aucuns ont réussi à faire croire que c'étaient les immigrés, que c'étaient les mœurs, que c'était la nature du mariage qui posait problème dans ce pays. Si bien qu’en France, comme dans de nombreux autres pays d'Europe, c'est une vague brune qui se lève. (…) De toutes les fautes innombrables faites par l'équipe à l'Elysée, le crime le plus impardonnable est de nous avoir volé nos mots. Si bien que la gauche est à son plus bas niveau depuis je ne sais pas combien de temps. "
Pour Christan Picquet, porte-parole de Gauche unitaire, le Front de gauche se doit "de tirer sans tarder les leçons de son propre échec". "La gauche, dans toutes ses composantes, se retrouve sous le coup d'une défaite comme elle n'en avait pas connue depuis des décennies. (…) Pour ce qui le concerne le Front de gauche se doit de tirer sans tarder les leçons de son propre échec". Le Front de gauche "n'a pas su porter une alternative audible en direction du peuple de gauche, de ses partis et de ses militants qui se détournent de plus en plus des orientations gouvernementales, et a pour cette raison perdu sa dynamique de l'élection présidentielle. (…) Avant qu'il ne soit trop tard, l'heure est à un changement de politique, à la sortie de l'austérité, à la suspension du traité européen de stabilité budgétaire, à la refondation sociale et démocratique de l'Europe. Dans ses forces vives, la gauche doit se rassembler pour imposer cette bifurcation radicale".
Pour Ensemble, une des principales composante du Front de gauche, « La dynamique autour du "Non de gauche" en 2005 contre le Traité Constitutionnel Européen comme celle autour du Front de gauche lors de la présidentielle de 2012 avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas au rendez-vous. Notre espace politique reste en-deçà de ses possibilités et de ce qui est nécessaire face à un gouvernement qui met la gauche à droite et la menace d'une droite extrême en embuscade. Nous appelons solennellement ce soir l'ensemble des composantes du Front de Gauche à prendre la mesure des efforts de réorganisation interne et d'ouverture à produire pour favoriser l'implication citoyenne, le respect de la diversité des sensibilités politiques, l'unité la plus large et la démocratie. Il en va de sa relance et de son attractivité. Il faut dans le même temps tendre la main à toutes celles et ceux qui, dans les mouvements sociaux, à EE-LV, au PS, au NPA, à Nouvelle Donne, chez les féministes présentes de façon autonome dans cette élection, ne se reconnaissent pas dans l'orientation gouvernementale et veulent construire une alternative sociale et écologiste. L'heure est venue d'impulser un nouveau front large à gauche porteur de majorités alternatives. »
- See more at: http://www.humanite.fr/node/536070#sthash.4XAQkZCW.dpuf