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Bien que les manifestations aient été déclenchées par l'éviction du président Pedro Castillo, les revendications trouvent leur origine dans des problèmes historiques

Auteur: Nuria Barbosa León | internet@granma.cu

14 avril 2023 06:04:43


Les raisons pour lesquelles les Péruviens protestent ne sont pas nouvelles, elles remontent à de nombreuses années, mais elles ont été ravivées par les événements récents. Photo: El País
Pour Hector Béjar Rivera - écrivain, professeur d'université, ancien ministre des Affaires étrangères du Pérou de juillet à août 2021, sous le gouvernement de Pedro Castillo - les mobilisations dans son pays trouvent leur origine dans l'indignation et la discrimination dont son peuple a fait historiquement l’objet.
« La République péruvienne est viciée dans ses origines », a-t-il écrit à Granma online. Et d’ajouter que lors de sa fondation, ni les 20 000 esclaves noirs, dont beaucoup avaient combattu dans les armées de libération de San Martin et de Bolivar, ni les guérilleros indigènes ne furent intégrés à la citoyenneté péruvienne ; ni les guérilleros indigènes ; ni les indigènes, qui représentaient 90 % de la population et qui avaient mené d'innombrables soulèvements contre le colonialisme ; ni les jeunes, car il était établi que l'on était citoyen à partir de l'âge de 24 ans ; ni les femmes.
« Le 1er Congrès constitutif de 1822 n'était composé que de prêtres catholiques, de militaires et d'avocats. La République péruvienne est née handicapée, socialement faible, aveugle à la réalité sociale et sourde aux revendications populaires, qui ont toujours été accueillies par la répression, les massacres et les persécutions.
« Avec de légères modifications et extensions, cette situation s'est maintenue tout au long des 200 ans de la République, et a débouché sur une crise.
« Il fut accepté, successivement, que les analphabètes, les femmes, les jeunes à partir de 18 ans puissent voter, mais aucun indigène, andin, noir ou amazonien ne devint jamais représentant au Congrès de la République. La démocratie a été monopolisée par les partis de l'oligarchie ou des classes moyennes urbaines.
« La décadence et la corruption de ce système, déjà épuisé, ont provoqué le soulèvement général d'organisations sociales de différents types : patrouilles paysannes dans le nord du pays, communautés quechua et aymara dans le sud, commerçants des marchés populaires, travailleurs des transports, étudiants universitaires, enseignants, des milliers de personnes, hommes et femmes de tous âges, qui se sont rassemblées, dépassant de loin l'initiative des partis de gauche.
« La base de ce très vaste mouvement repose sur les décisions de communautés et d'organisations collectives de différents types, qui n'ont pas ou n'acceptent pas les dirigeants de la politique traditionnelle.
« Comme chacun sait, l'élément déclencheur de l'explosion populaire actuelle a été la destitution abusive et illégale du président Pedro Castillo par les groupes d'extrême droite qui se sont emparés du Congrès. Héctor Béjar Rivera a signalé que l'indignation est d'autant plus grande que le gouvernement de (Dina) Boluarte a répondu aux manifestations en mobilisant l'armée, qui a tué plus de 60 personnes, en lançant des bombes lacrymogènes et en tirant à balles réelles sur les manifestants.
– Face à l'hégémonie des États-Unis, comment évaluez-vous la corrélation des forces sur le continent ?
– Il n'y a pas de corrélation des forces favorables aux peuples d'Amérique latine et des Caraïbes face à l'hégémonie des États-Unis, qui imposent des blocus à Cuba et au Venezuela et conspirent contre le Nicaragua. Le désir d'intégration de Simon Bolivar n'a pas été exaucé. Les gouvernements ont adopté le comportement de l'État individuel qui caractérise notre sous-continent depuis l'échec de la Conférence de Panama de 1826. Il est nécessaire d'accélérer les processus d'intégration partielle de la Communauté andine des nations, du Mercosur, de l'Unasur, de la Celac et d'autres organismes qui nous lient en tant qu'identité supranationale différente des États-Unis et du Canada.
–Que peuvent représenter les processus en cours à Cuba, au Venezuela, en Bolivie et au Nicaragua dans ce contexte latino-américain ?
–Les informations sur ces quatre pays sont passées sous silence ou déformées par les médias, qui sont aux mains de monopoles réactionnaires. La politique de la Guerre froide, qui divise le monde en bons et en méchants, est de retour. Cependant, malgré ce blocus médiatique et informatif, de larges secteurs populaires et de la jeunesse maintiennent leur sympathie, leur solidarité et leur soutien à ces processus révolutionnaires, qui sont autant de leçons à tirer au cours de la lutte pour un système différent du capitalisme corrompu et sauvage qui règne.
Les figures de Fidel, Che, Allende et de nombreux autres dirigeants révolutionnaires et martyrs constituent aujourd'hui des icônes et des exemples suivis par de larges secteurs populaires des nations latino-américaines.
source : https://fr.granma.cu/mundo/2023-04-14/les-mobilisations-au-perou-sont-le-resultat-dindignations-accumulees

Tag(s) : #Pérou

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