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Publié le 08/02/2023 par PCF

Israël prépare la guerre à l’Iran

Alors que la guerre en Ukraine continue de faire la une, un autre conflit, autour du nucléaire iranien, atteint un point critique. La récente visite du Premier ministre israélien B. Netanyahou à Paris laisse craindre une escalade aux conséquences dramatiques.

La signature de l’accord de Vienne (2015) sur le nucléaire iranien peut être considérée comme l’un des rares, mais éphémères, succès du multilatéralisme. L’accord gelait pour dix ans la marche de Téhéran vers la bombe. En imposant un contrôle sévère sur le programme nucléaire, il permettait en échange, pour la république islamique, d’obtenir une levée progressive des sanctions internationales.

En décidant de se retirer unilatéralement de l’accord (2018), Donald Trump a anéanti les espoirs du peuple iranien et l’émergence d’une dynamique politique. Washington a alors imposé des sanctions massives provoquant une paupérisation, la relance du programme nucléaire et le retour au pouvoir des éléments les plus radicaux du régime corrompu et prédateur iranien.

Pourtant floué, l’Iran a respecté ses engagements jusqu’en 2019. C’est alors que la Maison-Blanche a instauré des sanctions sur les exportations pétrolières. L’économie iranienne a été étouffée, conduisant Téhéran à se soustraire progressivement à ses engagements.

L’assassinat du général Ghassem Soleimani, par les États-Unis, et celui du plus haut scientifique impliqué dans le programme nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, attribué à Israël, n’ont fait qu’accélérer le processus.
De toute évidence, la pression exercée par l’administration nord-américaine n’a pas empêché l’Iran d’accélérer son programme nucléaire, tout au contraire.

Sur le plan de la politique intérieure, le président Hassan Rohani a été affaibli par cette rupture et par l’attaque du site de Natanz où se situent des centrifugeuses. L’aile dure du régime qui ne voulait pas de l’accord s’est trouvée confortée, favorisant l’élection du conservateur Ebrahim Raïssi à la présidence de la république.

De l’arrivée de Joe Biden est né l’espoir de renouer avec cet accord. Cependant, les Occidentaux ont fixé des conditions nouvelles inacceptables pour l’Iran, notamment sur les missiles balistiques. Malgré cela, les négociations ont pu reprendre en novembre 2021, dans un contexte plus favorable à Téhéran qui, à son tour, a fait monter les enchères.

L’Iran participe activement à la reconfiguration des rapports mondiaux en se rapprochant de la Chine et de la Russie. L’influence des Occidentaux s’est affaiblie et, pour ces raisons, l’enjeu de la levée des sanctions est moins vital même s'il demeure crucial.

La dernière visite de l’AIEA a montré que l’Iran bafouait désormais délibérément les accords de Vienne en enrichissant l’uranium à 60 % dans l’usine souterraine de Fordo. La république islamique se rapproche des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique.

Aujourd’hui, les pourparlers sont au point mort et l’accord est moribond, même si tous les acteurs tentent de sauver les apparences. Cependant, en coulisses, le ton monte à Washington et dans les capitales européennes. Nombreux sont ceux qui s’appuient sur l’escalade nucléaire, la répression du mouvement actuel de contestation, l’aide à la Russie dans le conflit ukrainien ou l’incarcération d’occidentaux pour appeler à un raidissement, à une rupture des relations, voire à une intervention armée.

Israël, qui possède illégalement un arsenal nucléaire, prétend avoir des droits pour agir, au nom de sa sécurité, pour entraver, par tous les moyens, l’Iran dans l’objectif de se doter de l’arme nucléaire.

B. Netanyahou vient d’effectuer une visite en France afin de rallier E. Macron à une coalition contre l’Iran aux côtés des États-Unis et des monarchies du Golfe. Le Président français a exprimé sa volonté de travailler avec le Premier ministre israélien, ardent défenseur de la colonisation et de la politique d’apartheid de son pays. Le bombardement des sites nucléaires iraniens provoquerait des conséquences humaines et environnementales dramatiques.

De leur côté, les dirigeants iraniens tout comme ceux du Hezbollah libanais menacent de raser Israël. À n’en pas douter, ce contexte, propice à l’exaltation nationaliste, écraserait pour longtemps les aspirations démocratiques du peuple iranien. Le Moyen-Orient connaîtrait un embrasement inouï.

La société iranienne a connu ces dernières décennies des transformations profondes. Avec le mouvement récent des jeunes et des femmes, une révolution culturelle s’enracine, alors que le pouvoir en place est fossilisé, incapable de répondre aux aspirations de la société. Pour autant, la république islamique est toujours en place, les ultra-conservateurs contrôlent tous les organes du pouvoir et déploient une politique répressive terrifiante.

Notre responsabilité est de protéger les révolutionnaires, d’aider aux convergences tout en étant lucides sur la réalité du rapport de force.
Notre responsabilité est de tout mettre en œuvre pour éviter la marche folle vers la bombe nucléaire.
Notre responsabilité est de tout faire pour prévenir une escalade militaire qu’Israël prépare, et retenir la France de se laisse entraîner dans cette opération funeste.

La seule réponse, mais le chemin est étroit, est la signature de l’accord sur le nucléaire et la levée des sanctions. C’est ce qu’il faut si l'on veut que cette révolution ne soit pas vaine et prélude à d’autres changements.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur International du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

source : https://www.pcf.fr/israel_guerre_iran

Tag(s) : #PCF, #Israel

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