Discours prononcé par Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba et président de la République, lors de la clôture de la 5e Session extraordinaire de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire dans sa 9e Législature, au Palais des conventions, le 16 mai 2022, « Année 64 de la Révolution »
Auteur : Miguel Diaz-Canel Bermudez
(Traduction de la version sténographique de la présidence de la République)
Cher général Raul Castro Ruz, leader de la Révolution cubaine,
Mesdames et Messieurs les députés,

Le contexte actuel est intense et complexe, exigeant, comme nous, les révolutionnaires, le qualifions, pour faire fuir l'impossible. Mais cela ne nous enlève pas le sens de la réalité, une réalité marquée par des inégalités et des déséquilibres qui remontent à des siècles et qui s’accentuent dramatiquement sous le règne du néolibéralisme, dans l'ère dite de la post-vérité.
Heureusement, le désir de justice, qui est inhérent à l'être humain, survit toujours. Comme le disait Marti : « Quand il y a beaucoup d'hommes sans décence, il y en a toujours d'autres qui portent en eux la décence de beaucoup d'hommes. »
S'il fallait une preuve pour mesurer les grandes valeurs de notre peuple, les traces profondes laissées dans sa noblesse naturelle par les héros et héroïnes de l'histoire de notre nation, il y a la réponse à la tragédie de l'hôtel Saratoga : les scènes de passants qui, au péril de leur vie, se sont précipités au secours des victimes de l'explosion dans les premières minutes.
Ces héros anonymes ont quelque chose de ces mambises [combattants des guerres d’indépendance] nus, qui firent trembler l'armée la plus puissante de leur époque, brandissant la machette, au cri de Vive Cuba Libre !
Dans cet acte de solidarité et d'altruisme de ces personnes, de ces centaines de compatriotes qui sont venus donner leur sang, des pompiers toujours héroïques, des sauveteurs courageux, des ambulanciers rapides et d’autres voitures qui passaient par là par hasard et ont transporté des blessés, du personnel hospitalier dévoué, des indispensables spécialistes médicaux et infirmiers, de la presse honnête et infatigable qui s'est déplacée sur les lieux pour ne pas perdre un seul détail, de tous ceux qui ont apporté de l'eau, du café et de la nourriture de leurs restaurants privés aux personnes épuisées par les recherches, de chaque citoyen qui a voulu faire et a fait quelque chose, même si ce ne fut que mettre un message de condoléances sur les réseaux sociaux, dans toutes ces attitudes, ainsi que dans celles des cadres et des dirigeants du Parti, du gouvernement et du Pouvoir populaire, qui ont la responsabilité sociale de résoudre les problèmes et de travailler pour faire avancer le pays, se trouve résumé le meilleur de l'être national, du Cubain naturel, que nous avons également défendu dans ces lois de la culture que nous avons adoptées aujourd'hui.
Tout ce que j'ai décrit contraste fortement avec la violence de ceux qui professent la haine qui, en ces jours d'incertitude et de douleur, ont pollué les réseaux avec des messages de profond mépris pour les autorités, mais aussi envers les citoyens, simplement parce qu'ils sont capables de faire des choses extraordinaires sans rien attendre en retour. Un mercenaire ne comprendra jamais un patriote. Ceux qui mettent un prix sur leurs idées sont incapables de comprendre ceux qui ont le courage de soutenir et de défendre les leurs.
Cuba a vécu son deuil sans hystérie. Elle l’a fait avant même le décret par lequel nous l'avons officialisé, et elle n'a pas cessé de le ressentir dans les jours qui ont suivi. Quant à ceux qui ont voulu tirer profit de cette douleur, je dirais seulement que nous n'allons pas gaspiller plus de mots ni de temps avec des gens qui enterrent de plus en plus leur crédibilité dans la boue du mensonge. Dans la Cuba qui sauve des vies et rend un hommage respectueux à ses morts, ceux qui professent la haine ne comptent pas !

Pour les vies qui ont été perdues sous les gravats du Saratoga et pour ceux qui luttent encore pour la leur dans les hôpitaux ou chez eux, nous nous sommes engagés à panser les coups durs de cette catastrophe inattendue, en privilégiant le rétablissement des blessés, la prise en charge des familles touchées et la réhabilitation des maisons et autres propriétés totalement ou partiellement détruites.
Encore une fois, j’adresse mes plus sincères condoléances à ceux qui ont subi la perte d'êtres chers et mon soutien aux familles et aux proches des victimes.
Je profite de l'occasion pour réitérer notre profonde gratitude aux dirigeants politiques et aux personnes du monde entier qui nous ont envoyé leurs condoléances, leur soutien et nous ont accompagnés en ces moments difficiles pour Cuba. Au milieu de la douleur, la solidarité apporte du soulagement !
Mesdames et messieurs les députés,
Depuis l'ambassade des États-Unis à La Havane et d'autres plateformes toxiques, engagées contre Cuba, on tente de relancer les événements du 11 juillet de l'année dernière et l’on construit des versions infâmes des procès contre les auteurs des actes de violence. Comble du cynisme, c’est depuis le pays qui détient les records mondiaux d'emprisonnement et de maltraitance des enfants que l’on nous accuse d'avoir jugé et condamné des enfants de moins de 16 ans.
Le site web Cubainformacion a publié de brèves données sur les prisons et la population infantile aux États-Unis, selon lesquelles 2 000 arrestations d'enfants ont lieu chaque jour et 44 000 d’entre eux sont en prison. Nous citons ces données uniquement pour montrer une fois de plus l'hypocrisie et le double langage de ceux qui prétendent être les juges de ce qui se passe dans le monde.

Oui, nous tenons à affirmer à notre peuple et au monde qu'à Cuba, les mineurs de moins de 16 ans ne sont pas emprisonnés ! Que les personnes jugées pour les événements des 11 et 12 juillet ont bénéficié des garanties procédurales établies par les lois cubaines. Par respect pour ces lois et notre Constitution, ceux qui tenteraient de porter atteinte à la souveraineté, à l'indépendance et à l'ordre interne doivent savoir que la légalité existe pour être respectée. Nous sommes un État socialiste de droit qui a le droit d'exister. Exactement ce que nos adversaires refusent d'accepter.
Aujourd'hui, aveuglés par la frustration, l'empire et ses mercenaires ont recours à de vieilles pratiques d'attaque avec les techniques modernes de la guerre non conventionnelle. Ils nous étiquettent et reprennent les chemins infâmes de la haine, avec des appels constants au vandalisme, tout en encourageant le terrorisme.
Dans leur détermination à créer un climat d'insécurité citoyenne, prélude à une explosion sociale, ils ne se cachent même plus pour lancer leurs appels, qu'ils amplifient par le biais de porte-parole vulgaires sur différentes plateformes Internet. Comme ils ne parviennent pas à nous tuer, ils crient durant la tentative pour recevoir leur chèque.
Dans leurs efforts pour démobiliser le peuple, ils ont tout essayé le 1er Mai. Ivres de leurs propres mensonges, ils ont cru que très peu répondraient à l'appel de la Centrale des travailleurs de Cuba et de ses syndicats à célébrer la Journée internationale des travailleurs.
Ils ne sont pas encore sortis de leur étonnement et continuent à exiger des précisions de leurs laquais pour comprendre cette réponse écrasante et massive de notre peuple.
Ils disent que l’ordre a été donné d’être discret sur les images de massivité et de joie dans les mêmes médias qui avaient déjà compromis leur crédibilité en couvrant les événements du 11 juillet à coups de fausses nouvelles et de montages.
Ce même peuple qui critique quotidiennement ce que nous faisons mal ou ne faisons pas, qui s'indigne de la négligence, de l'insensibilité, de l'apathie et du bureaucratisme, ce même peuple a défilé, a avancé en dansant la conga et a brandi des affiches pour soutenir la Révolution et, de retour chez lui, il a vaincu le mensonge en montrant la vérité dans ses publications sur les réseaux.
Le peuple s’est chargé de peindre le paysage de notre résistance créative. Il existe de magnifiques témoignages visuels de Cuba célébrant le triomphe du talent, de l'effort et de la solidarité face au défi le plus colossal que nous n’ayons jamais eu : deux années de pandémie avec un blocus renforcé.
Nous l'avons dit ici, au pied du mémorial José Marti et sur toutes les places du pays. Avec Raul et l'héroïque génération du Centenaire, nous avons ratifié ce 1er Mai : Ce fut possible, c’est possible et ce sera toujours possible ! (Applaudissements).
Bien sûr, il ne s'agit pas de lancer une consigne. C'est l'expression d'une conviction qui devra toujours être accompagnée d'un principe : tout à partir du peuple, avec le peuple et pour le peuple (Applaudissements).
Mesdames et messieurs les députés,
Depuis le second semestre de l'année dernière, nous n’avons cessé d’alerter que le gouvernement des États-Unis encourage à à un dangereux schisme international, en cherchant à diviser le monde de manière sélective entre ceux qui sont prêts à se soumettre à la tutelle imposée par Washington, d'une part, et ceux qui sont convaincus de leur droit souverain à l'autodétermination et déterminés à le défendre, d'autre part.
Les manifestations de cette ambition insensée ne se sont pas fait attendre et les conséquences se paient déjà, notamment en Europe. Elles coûtent des vies et des souffrances, et causent des dommages économiques mondiaux dont l'issue est difficile à prévoir. Ils transforment l'arène européenne en une destination privilégiée pour les armements de toutes sortes, sans véritable contrôle ni perspectives quant à leur utilisation future.
Nous ne saurions oublier que le volume d’armes nucléaires aujourd'hui concentrées dans quelques pays a la capacité de détruire la planète plusieurs fois et que les possibilités d'erreur de calcul ne peuvent pas être sous-estimées.
Le scénario mondial des années 1990, lorsque les États-Unis jouissaient d'une suprématie hégémonique unique après l'effondrement du camp socialiste en Europe, n'est pas le scénario d'aujourd'hui et ce serait une erreur dangereuse de tenter de l'imposer par la force.
Conscients de ces réalités, nous développons les relations internationales sur la base de principes et dans le plein respect du Droit international, engagés en faveur de la paix, de la justice et du droit à la pleine indépendance, au développement et à la sécurité de tous les pays, notamment ceux du tiers monde, qui sont les plus menacés.
C'est ainsi que nous défendons nos positions face aux organismes internationaux, en toute indépendance, cohérence et responsabilité.
La politique extérieure de Cuba continuera de privilégier la lutte incessante contre le blocus économique des États-Unis, en le dénonçant à tout moment et dans tous les coins de la planète.
La nature agressive, criminelle et génocidaire de cette politique, et son impact écrasant sur l'ensemble de la société et de la vie du pays, nous obligent à concentrer et à redoubler nos efforts pour la combattre sans relâche.
Dans notre région, la boussole qui nous guide reste le développement de relations d'amitié et de coopération avec tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes, le soutien à l'intégration régionale fondée sur le précepte de l'unité dans la diversité, le respect de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix, et un engagement solidaire en faveur de la justice sociale pour tous les peuples de Notre Amérique.
En avril, nous avons reçu les visites officielles des premiers ministres de la Dominique et du Belize, Roosevelt Skerrit et John Briceño, respectivement, avec lesquels nous avons fait progresser les relations bilatérales dans le respect des liens traditionnels de fraternité entre nos nations.
Plus de 1 000 délégués de 60 pays et 219 organisations ont accompagné le peuple cubain lors de la Rencontre internationale de solidarité avec Cuba, qui a confirmé le soutien de millions de personnes dans le monde à la cause de la Révolution cubaine.
Il y a quelques jours, nous avons eu l'honneur d'accueillir le président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador, et la délégation qui l'accompagnait à La Havane. Il s'agissait d'une visite officielle, importante dans le cadre de nos efforts mutuels pour renforcer et approfondir les liens bilatéraux, et pour contribuer au progrès de la région, à son indépendance et à son intégration. Elle a coïncidé avec le 120e anniversaire de l'établissement des relations entre nos deux pays, une date de grande importance pour Cuba, qui a toujours trouvé dans le pays de Juarez la fraternité et le soutien que Marti et Fidel trouvèrent chez leurs contemporains mexicains. Au cours de ces heures, nous avons beaucoup mieux compris la profondeur des liens qui nous unissent, mais aussi la stature politique, la profonde sensibilité et le très fort engagement de Lopez Obrador dans sa relation avec tous les peuples de Notre Amérique.
Mesdames et messieurs les députés,
La vieille ambition néocoloniale des États-Unis, visant à fragmenter et à affaiblir cette partie du monde, comme moyen de préserver le pouvoir hégémonique de l'impérialisme ou de le restaurer là où il l'a perdu, est toujours en vigueur.
Depuis Washington, ils ont convoqué une réunion le mois prochain qu'ils appellent curieusement le « Sommet des Amériques », alors qu’ils excluent certains pays.
Jusqu'à la dernière minute, ils ont dissimulé la nature sélective et discriminatoire de la convocation dans le but évident d'éviter autant que possible le malaise naturel des gouvernements de la région, qui rejettent depuis longtemps les exclusions capricieuses.
Nous sommes au courant des démarches énormes et désespérées que les États-Unis ont dû déployer, y compris avec des envoyés spéciaux de haut niveau, pour éviter la réclamation que cet événement soit inclusif, une réunion véritablement représentative de l'hémisphère.
Quiconque s’engage à accueillir une réunion hémisphérique doit avoir la capacité et le courage d'écouter tout le monde, depuis l'Arctique à la Patagonie, d'entendre des opinions divergentes, d'être prêt à délibérer avec des arguments solides, et non avec des impositions et des esquives, de faire face à la vérité, aussi dure et désagréable qu'elle puisse lui paraître. Le pays incapable d'accueillir tout le monde est disqualifié pour faire office d'hôte.

En arrière-plan, il y a, bien sûr, un facteur doctrinal. C'est la Doctrine Monroe qui, connue ou non, continue à guider et à orienter la politique des États-Unis dans cette région que José Marti appela Notre Amérique.
On sait déjà qu’au cours de cette rencontre, rien ne sera discuté ou approuvé concernant les inégalités économiques et sociales, la marginalisation croissante dans la région, y compris des États-Unis eux-mêmes. On sait que le problème croissant de la judiciarisation de la politique pour saboter la volonté du peuple et des gouvernements élus avec le soutien des secteurs les plus pauvres ne sera pas abordé, pas plus que les efforts corporatifs des grandes transnationales pour corrompre les gouvernements de la région.
Il n'y aura aucune discussion sur le rôle de l'OEA dans l'orchestration d'un coup d'État en Bolivie, ni aucune décision qui fasse réellement avancer les aspirations à la démocratie, à l'inclusion et au respect que méritent les peuples de la région.
On n’approfondira pas les raisons pour lesquelles aussi bien les États-Unis que l'Amérique latine figurent parmi les régions les plus touchées par la pandémie de COVID-19.
Aucun des documents proposés par le Département d'État n’a pour but de faire avancer des actions concrètes pour lutter contre le racisme, promouvoir les droits des femmes et atténuer la situation incertaine des immigrants.
Il ne sera pas question de la manipulation exercée par le gouvernement des États-Unis sur le thème migratoire, qui est utilisée à des fins de déstabilisation contre Cuba, tout en poursuivant une politique illégale basée sur des mesures coercitives unilatérales visant l'effondrement économique, en encourageant l'émigration irrégulière, désordonnée et dangereuse, tout en ne respectant pas délibérément les engagements et les accords en vigueur en la matière.
Il n'est pas prévu de se pencher sur l'impact désastreux sur les sociétés du crime organisé, du commerce des armes, principalement produites aux États-Unis, et du cancer que représente le trafic de drogue, qui est également alimenté par le niveau de consommation au sein de la société étasunienne.
Le terrorisme, y compris le terrorisme d'État, et la manipulation de la question à des fins politiques ne sont pas à l'ordre du jour. Il est peu probable que soit reconnu le traitement spécial et différencié des petits pays des Caraïbes et que la revendication de l'Argentine sur les îles Malouines soit confirmée.
Il n'y aura pas de prise de position contre les mesures économiques coercitives unilatérales et leur utilisation contre les pays de la région comme une arme d'agression impitoyable.
Il n'y aura aucune reconnaissance du droit à l'indépendance de Porto Rico.
Le président des États-Unis tirera profit d'une photo et utilisera le Sommet dans ses campagnes de politique intérieure, notamment en Floride, mais peu se souviendront quelques heures plus tard de ce qui s'y est passé ou de la signification des documents que l'on veut y faire adopter avec le langage et les concepts étasuniens.
Le soi-disant Sommet des Amériques semble s'identifier à l'OEA. Il portera ainsi le même discrédit et la même disqualification morale qui accompagnent cette institution panaméricaine. Cette organisation est condamnée depuis longtemps et il est temps qu cela soit reconnu enfin en toute transparence ; la gestion de ces dernières années n'a fait qu'accélérer son état moribond.
Compañeros et compañeras,
Ces sessions de l'Assemblée nationale confirment les progrès du pays dans un processus auquel nous accordons la plus grande priorité : l'approfondissement de la démocratie socialiste et de la promotion, de la protection et de l'effectivité des droits inscrits dans la Constitution, dans les traités internationaux en vigueur pour la République de Cuba et dans les lois de développement.
Nous sommes conscients que l'État socialiste de droit et de justice sociale sera plus démocratique dans la mesure où il maintiendra et approfondira la sauvegarde de la dignité humaine en tant que valeur suprême qui sous-tend la reconnaissance et l'exercice des droits et le respect des devoirs dans la société.
Les droits constitutionnels permettent d'exiger ou de revendiquer, à travers divers canaux et mécanismes, leur protection en cas de violation ou de transgression, et confèrent une légitimité permanente au système politique.
Au cours de cette législature, diverses lois complémentaires, qui canalisent les mandats constitutionnels, ont été adoptées. Les politiques publiques visant à la protection intégrale des enfants, des adolescents, des personnes âgées, des personnes handicapées et des femmes sont encouragées. Des programmes sont élaborés en faveur de l'égalité et de la non-discrimination en raison de toute condition ou circonstance personnelle qui impliquerait une distinction préjudiciable à la dignité humaine. La fonction judiciaire est renforcée afin que le système des tribunaux populaires soit le garant des droits constitutionnels.
Huit lois importantes pour notre pays ont été adoptées : la Loi sur la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la Loi sur les données personnelles, le nouveau Code pénal, la Loi sur l'exécution des peines, la Loi sur la protection des droits constitutionnels, la Loi sur le système des ressources naturelles et de l'environnement, la Loi sur le droit d'auteur et l'artiste interprète et la Loi sur la protection du patrimoine culturel et du patrimoine naturel.
Chacune de ces lois, comme il a été indiqué dans leur présentation, est le résultat d'un large processus de consultation avec des spécialistes, des experts, des professeurs d'université et avec la population.
Leur contenu a été débattu et expliqué, en particulier tout ce qui concerne le nouveau Code pénal, auquel s’ajustent les réglementations en la matière et unifie le système juridique et pénal du pays en un seul texte, en tenant compte des traités internationaux en vigueur dans ce domaine pour Cuba. Il complète également les lois qui ont été adoptées par cette Assemblée sur l’ordre pénal et judiciaire, et introduit des modifications importantes dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la criminalité. Il convient maintenant de le diffuser afin de promouvoir le respect de la légalité socialiste parmi nos citoyens.
Il appartient à ceux qui sont chargés de son application d'agir avec la justesse qui s'impose. Il s'agit d'un outil à utiliser avec la rationalité due. C'est un instrument de protection de la société, des individus et de l'ordre politique, économique et social inscrit dans la Constitution de la République.
Comme vous vous en souvenez, l'une des nouveautés de l'actuelle Constitution de la République est le large éventail de droits qu'elle reconnaît. Les protéger contre toute violation de la part des organes de l'État, de ses dirigeants, fonctionnaires ou employés et des citoyens constitue l’objectif de la Loi sur le processus de protection des droits constitutionnels, que nous avons adoptée hier. Il s'agit d'une loi qui renforce les institutions du pays et qui concrétise la définition selon laquelle Cuba est un État socialiste de droit et justice sociale.
Une autre des lois adoptées, qui représente un pas en avant, est la Loi sur le système des ressources naturelles et de l'environnement. Son texte renforce le plein exercice du droit des personnes à jouir d'un environnement sain et équilibré, il exalte la responsabilité de tous en faveur de la conservation, la protection et l'utilisation rationnelle des ressources, afin de rendre la vie humaine plus rationnelle et d'assurer la survie, le bien-être et la sécurité de nos citoyens.
Pour sa part, la Loi sur le droit d'auteur et sur l'artiste-interprète adapte cette matière aux changements intervenus dans les processus de création et de diffusion dans les domaines littéraire, artistique, journalistique, scientifique et éducatif. Elle renforce la politique éducative, scientifique et culturelle de l'État en conjuguant les intérêts de la société et la reconnaissance des créateurs pour leur œuvre.
La Loi sur la protection du patrimoine culturel et du patrimoine naturel, adoptée par cette Assemblée, a également suscité un grand intérêt parmi les spécialistes et les experts en la matière. Elle matérialise l'obligation de l'État de protéger le patrimoine naturel, historique et culturel de la nation, et le devoir de les protéger. Elle consolide l'identité nationale et locale, la souveraineté culturelle et le droit légitime du peuple à la création, à la jouissance et à la protection de la culture.
Mesdames et messieurs les députés,
Dans le socialisme, la protection intégrale des droits humains est l'essence même, car l’être humain et sa dignité sont l'épicentre de la société. Le discours et le récit capitalistes sur les droits humains développent des formes de domination, parfois cachées, parfois manifestes, qui se prévalent d’une légitimité apparente.
Ne pas se soumettre à l'hégémonie de l'impérialisme, nager à contre-courant, a des conséquences : le blocus et son intensification en sont une. Ce système cruel et inhumain prétend éliminer le socialisme en tant qu’alternative, cherche à revenir au capitalisme, tente de limiter l'action de l'État, d'entraver et de contrarier ses politiques, ses plans et ses programmes visant à promouvoir, à protéger et à garantir les droits ; il alimente les contradictions et les erreurs internes et tente d'imposer une vision colonisatrice des droits.
Malgré cela, nous réaffirmons la conviction que, même dans des conditions économiques difficiles, l'État cubain maintiendra comme objectifs essentiels de garantir l'égalité effective dans la jouissance et l'exercice des droits et dans le respect des devoirs consacrés par la Constitution et les lois, de promouvoir un développement durable qui assure la prospérité individuelle et collective et d'obtenir des niveaux plus élevés d'équité et de justice sociale, de préserver et de multiplier les acquis de la Révolution et de garantir la pleine dignité du peuple et son développement intégral.
Bien qu'elles constituent des avancées importantes, les lois que nous avons adoptées lors de ces sessions ne sont pas suffisantes. Il est nécessaire d'élever les niveaux d'éducation civique, de culture juridique, d'adopter toutes les mesures qui seront nécessaires, dans différents ordres et niveaux, pour permettre la jouissance effective des droits et assurer les circonstances qui empêchent les comportements qui violent ces droits. Reconnaître, promouvoir, prévenir, protéger et garantir sont des verbes qui révèlent l'action de l'État et pour ce faire le travail concerté avec les différents acteurs sociaux est indispensable, de même qu’avec la participation populaire et le pouvoir populaire.
Si nous examinons le contexte international, il n'y a pas beaucoup de pays qui, dans un délai aussi court, soumettent des projets de dispositions légales à deux mécanismes de participation populaire et démocratique : la consultation populaire et le référendum constitutionnel en 2019 et, bientôt, le référendum législatif pour le projet du Code des familles. Pourquoi ceux qui s'obstinent à dire qu'il n'y a pas de démocratie à Cuba ne parlent-ils pas de la façon dont nous favorisons la délibération en consultation populaire et la décision avec des effets contraignants dans le cas du référendum dans le processus de création de lois ? Pourquoi ne font-ils pas référence à l'implication populaire dans ces processus de participation, dans la recherche de légitimité et de consensus ?
Avant de passer à un autre sujet, je voudrais revenir sur une Loi très importante que nous avons adoptée : la Loi sur la souveraineté et la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Nous ne pouvons pas séparer la transcendance de cette Loi de l'une des plus grandes incertitudes qui pèsent sur le monde aujourd'hui. La FAO a récemment déclaré qu'elle craignait une grave insécurité alimentaire dans le monde entier : « Depuis sept ans, la FAO a constaté une détérioration de la capacité des pays à nourrir leur population. Nous sommes à l’heure actuelle dans ce que nous appelons une tempête parfaite. Nous étions déjà dans une mauvaise situation et la pandémie a été une véritable bombe atomique en termes de faim. Avec cette nouvelle crise entre la Russie et l'Ukraine, franchement, ce dont nous parlons maintenant est d’une crise globale et généralisée (...) une situation d'insécurité alimentaire sévère sur toute la planète ». Ce sont les déclarations du représentant de l'organe de l'ONU au Mexique.
« En Amérique latine, le nombre de personnes qui souffrent de la faim a augmenté de 13,8 millions au cours de la première année de la pandémie pour atteindre un total de 59,7 millions (...) l'insécurité alimentaire (...) atteint 41% de la population sous une forme sévère ou modérée. »
Cette réalité dramatique est l'une des conséquences les plus graves des déséquilibres économiques et sociaux générés par le néolibéralisme, contre lesquels Fidel a lancé tant de mises en garde dans ses Réflexions historiques.
Il ne s'agit donc pas d'une surprise. Il y a une prise de conscience du problème et des projections pour y faire face. Et il est très important de renforcer notre Plan de souveraineté alimentaire et d'éducation nutritionnelle (SAN), qui implique pratiquement toutes les organismes et l'ensemble de la société.
Nous sommes appelés à former et à mobiliser les structures gouvernementales depuis le niveau de la municipalité afin qu'elles soient en mesure de diriger ce processus de production avec la participation populaire dans les scénarios locaux et aussi de favoriser un processus intense qui touche tous les producteurs locaux, qu'ils soient étatiques, coopératifs ou privés, jusqu'à l'entreprise d’État et jusqu'à la dernière ferme, jusqu'au pôle productif agro-industriel, jusqu'à chaque projet de développement local, en favorisant l'agro-écologie comme une alternative nécessaire pour la production végétale et animale dans les circonstances actuelles.
Compatriotes,
Il est très gratifiant et satisfaisant pour moi de confirmer, devant cette Assemblée, que la pandémie continue d'être maîtrisée avec succès dans notre pays.
Comme je l'ai affirmé publiquement plus d'une fois, les travailleurs de la santé et des sciences ont sauvé le pays. Que tous, absolument tous, ressentent cette reconnaissance : depuis le médecin ou le chercheur le plus remarquable à l’employé le plus modeste. Depuis les cadres remarquables qui dirigent les prestigieuses institutions scientifiques et hospitalières jusqu’aux infatigables dirigeants des organisations politiques et syndicales des deux secteurs.
Les alliances forgées au milieu des pires circonstances, l'énorme effort et le dévouement sans faille nous ont permis de revenir à une nouvelle normalité et de relancer progressivement l'activité économique et la vie sociale.
Nous ne nous arrêtons pas. L’Institut Finlay des vaccins de Cuba, auteur des vaccins Soberana 02 et Soberana Plus contre la COVID-19, promeut aujourd'hui deux études visant à protéger les nourrissons contre le SARS-CoV-2. Selon les experts, après avoir vacciné l'ensemble de la population pédiatrique du pays avec Soberana 02 à partir de l'âge de deux ans, déplacer la vaccination vers cette tranche d'âge présente un risque très faible en matière de sécurité.
Dans un autre ordre d’idées, nous parlerons de l’économie. L'économie mondiale, après une période de reprise progressive en 2021, avec une croissance de 5,9 %, a commencé l'année 2022 dans des conditions de grande incertitude, avec des projections d'environ 3,6 % de croissance.
Les perturbations des chaînes d'approvisionnement et la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie ont fait grimper l'inflation, aggravée par les contagions de la COVID-19 et, plus récemment, du conflit européen.
Dans l'ombre de cette tendance, la phase post-pandémique se projette mondialement comme une période de reprise fragile et inégale, marquée par une lente relance du commerce international.
Les pressions sur les prix ont entraîné une inflation moyenne prévue pour 2022 de 5,7 % dans les économies avancées et de 8,7 % dans les économies émergentes et en développement.
Pour Cuba, soumise à un blocus renforcé et criminel, le scénario est en outre marqué par la hausse du coût des importations, notamment du carburant et de la nourriture.
Ce contexte complexe, auquel nous devons faire face avec des mesures audacieuses et innovantes, en accord avec notre modèle de développement social et avec la plus grande équité possible, implique de grands défis pour la gestion de l'économie.
À cette fin, nous avons actualisé la Stratégie économique et sociale, sur laquelle les députés ont été informés et qui constitue la feuille de route des principales mesures visant à garantir la réalisation des objectifs et des buts du Plan de l’Économie nationale.
Les informations vastes et bien documentées données ici par le compañero Alejandro Gil me dispensent d'entrer dans des détails supplémentaires qui allongeraient inutilement mes propos. Je ne m'attarderai que brièvement sur ce qui est aujourd'hui au centre des préoccupations de tous : les mesures pour enrayer l'inflation.
Le Conseil des ministres travaille intensément avec des objectifs et des tâches très clairs, en commençant par un régime de change secondaire, pour avancer ensuite vers le rétablissement du marché de change, y compris, quand cela sera possible, l'achat et la vente de devises pour la population.
Nous ne perdons pas de vue la nécessité d'accroître l'offre, et des mesures sont prises dans ce sens, en premier lieu en stimulant la contribution de la production nationale, mais aussi par le biais de divers canaux du commerce extérieur.
Des limites seront imposées aux revenus excessifs des institutions et entités publiques qui ne se soumettent pas à une plus grande production et efficience, et l'appareil d'État sera redimensionné afin de réduire les dépenses et de les orienter vers la résolution des situations de vulnérabilité.
Toujours dans le cadre de la Stratégie, le processus d'expansion et de diversification des acteurs économiques se poursuit, et il est nécessaire d'accélérer la présentation de propositions avec de nouvelles transformations pour l'entreprise étatique socialiste, principal sujet économique de notre modèle, principalement en ce qui concerne son autonomie de gestion, l'accès à des ressources, la mission et les fonctions des conseils de direction, des OSDE, le fonctionnement des micro, petites et moyennes entreprises étatiques et des filiales, entre autres.
Un autre aspect complexe est le niveau de déséquilibre macroéconomique, qui s'exprime par des pressions inflationnistes accrues et la dépréciation du taux de change informel. Le développement dans des environnements de change différents pour le secteur étatique et non étatique signifie un obstacle à l'expansion des enchaînements productifs entre les deux secteurs.
Malgré les aspects positifs observés jusqu'à ce jour dans la reprise progressive de l'activité économique et sociale du pays, il faut avancer plus rapidement en matière de stabilité macroéconomique, d'augmentation de la production nationale et des exportations, d'investissements directs étrangers, de substitution effective des importations et d'efficacité du processus d'investissement.
Dans la situation complexe à laquelle nous sommes confrontés, des priorités s’imposent : la récupération progressive du peso cubain en tant que centre du système financier, la lutte contre l'inflation, la stabilité du système électro-énergétique national, la prise en charge prioritaire des personnes, des familles et des communautés en situation de vulnérabilité, la décentralisation des pouvoirs en fonction d’une plus grande autonomie des municipalités et les transformations du système des entreprises d’État.
Tout en s'efforçant de répondre aux urgences, nous ne renonçons pas au développement. Nous avons poursuivi la planification stratégique du pays par le biais des macro-programmes, des programmes et des projets. Un système de travail qui a permis de progresser dans la mise en œuvre des Orientations approuvées lors du 8e Congrès du Parti communiste de Cuba pour la période 2021-2026.
Compatriotes,
Le choc subi et les pertes de ces derniers jours nous ont à nouveau placés devant un défi apparemment insurmontable. L'unité, la solidarité et le travail nous ont prouvé une fois de plus qu'ensemble, tous les défis peuvent être surmontés.
Même les adversaires les plus farouches de la Révolution cubaine, qui l'attaquent en profondeur et de manière soutenue depuis 63 ans, n'ont pas réussi à mettre à genoux le peuple invincible de Fidel. Et notez qu'ils n'ont pas renoncé à effacer « ce mauvais exemple » de résistance créative de la carte de l'Amérique. Voilà pourquoi ils ne nous invitent pas à la table qu'ils doivent servir. Nous sommes une bouche insoumise. Et nous ne sommes pas les seuls ! (Applaudissements.)
On m'a demandé récemment pour quelle raison nous avons été inscrits à nouveau, par exemple, sur une liste de pays qui soutiennent le terrorisme. Il n'y en a pas. Il n'y a aucune raison pour le châtiment, la sanction, la haine contre un peuple noble, aimant, gentil et joyeux comme le peuple cubain. Il n'y a que déraisons, perversité, manque d'éthique et une très grande frustration parce qu'ils ne cessent de naufrager de défaite en défaite depuis 63 ans (Applaudissements).
Nous les avons vaincus sur tous les terrains, non pas parce que nous sommes plus nombreux, car nous ne le sommes pas. Pas parce que nous avons plus d'armes, car nous ne les avons pas. Pas par grâce ou par miracle divin, car nous ne croyons pas être un peuple élu. Nous les avons vaincus parce que nous sommes portés par des idées justes, parce que nous aimons l'amour et haïssons la haine.
Notre force réside dans des valeurs humaines inspirées par Marti et Fidel Castro, dans le pouvoir de la vérité et dans la capacité de transformation de l'éducation et de la culture. Ces valeurs ne sont pas cotées en bourse, elles ne dépendent pas des aléas du marché. Elles sont semées par l'apprentissage de l'histoire et renforcées dans la pratique de la solidarité.
Conquérir toute la justice est la consigne et l'horizon ! L'unité qui s'affirme dans la diversité est le chemin. C'est la voie à suivre !
Les temps restent complexes et difficiles, mais nous sommes déjà entraînés !
Fermes et déterminés :
Hasta la Victoria Siempre !
(Ovation)
source : https://fr.granma.cu/cuba/2022-05-18/les-temps-restent-complexes-et-difficiles-mais-nous-sommes-deja-entraines