Répondre aux demandes de la population et assurer une stabilité des médicaments commercialisés dans le réseau de pharmacies cubaines est aujourd'hui l'un des plus grands défis de production de l'industrie pharmaceutique nationale, au milieu des nombreux obstacles financiers découlant du blocus
Auteur: Mailenys Oliva Ferrales | internet@granma.cu
• bayamo, granma. – Répondre aux demandes de la population et assurer une stabilité des médicaments commercialisés dans le réseau de pharmacies cubaines est aujourd'hui l'un des plus grands défis de production de l'industrie pharmaceutique nationale, au milieu des nombreux obstacles financiers découlant du blocus.
Cette situation tendue n'a pas épargné l'Entreprise Laboratoire pharmaceutique de liquides oraux, Medilip, une entité située dans la province de Granma et unique en son genre dans le pays, dont le processus de fabrication en série de médicaments sous forme liquide (suspensions, solutions et émulsions) a connu une baisse significative ces derniers temps.
Il suffit de dire que cette usine, rattachée au Groupe BioCubaFarma, après avoir atteint le record annuel de 33,5 millions d'unités produites en 2013, n'a pas été en mesure de s'approcher de ce « bond » qui la distinguait alors, tant pour son efficacité que pour la qualité de ses médicaments.
« Au cours des cinq dernières années et jusqu'à la fin de 2018, l'usine a produit entre 25 et 28 millions d'unités par an, mais à la suite du renforcement des mesures restrictives imposées par l’administration des États-Unis à Cuba, à partir de 2019, nous n'avons pas pu dépasser les 20 millions d'unités », a expliqué à Granma Efren Rodriguez Lora, directeur général de Medilip.
Ces indicateurs n'ont pas non plus montré de signes de reprise jusqu'à présent en 2021. Sur les plus de 50 produits génériques fournis par l'usine, environ 25 d'entre eux ont été affectés dans leur production mensuelle.
Ce déficit concerne plusieurs médicaments fortement demandés par la population, comme les complexes vitaminés, les gouttes et la ligne de produits naturels, qui comprend les sirops anti-catarrhaux Ambroxol, Origan et Caña Santa (Cymbopogon citratus), entre autres.
Les médicaments hospitaliers ont également été touchés, « ce qui ne signifie pas qu'ils ont cessé d'être produits, mais que leur fabrication a été réalisée avec une faible couverture et par intermittence en raison des faibles stocks de matières premières et d'intrants importés, tels que les bouchons, les emballages et les bouteilles de 15, 30, 60, 120 et 240 millilitres », a ajouté le directeur.
De même, les cycles de production ont dû être reportés pour certains produits oraux qui peuvent être remplacés par des génériques sous d’autres formes comme les comprimés et les injections, ce qui répond à la stratégie du pays consistant à donner la priorité à la production de médicaments destinés aux principaux problèmes de santé de la population cubaine et à la lutte contre la pandémie de covid-19.
À MI-VITESSE
Cette dynamique complexe à laquelle Medilip est confrontée depuis deux ans, conséquence directe de la politique hostile maintenue par les États-Unis à l'égard de Cuba, a non seulement limité ses capacités productives réelles, mais a également eu un impact sur la stabilité financière de l'usine, qui emploie quelque 430 travailleurs, dont des opérateurs, des techniciens, des spécialistes, des chercheurs et des développeurs.
À cela s'ajoutent la détérioration progressive d'une partie de ses équipements et des conditions de travail précaires, qui entravent de meilleures performances professionnelles, ainsi que les inévitables pauses dans les recherches dues à la pénurie de réactifs et de matériaux de référence importés avec lesquels sont effectués les tests analytiques des études.
Ces conditions, bien qu'elles n'aient pas entamé la rigueur et la qualité avec lesquelles est réalisé chacun des processus au sein de Medilip, ont suscité des inquiétudes logiques parmi les intervenants dans la production des médicaments.
« L'esprit général qui règne dans l'usine a toujours été d'aller de l'avant. Si nous devons retirer un composant d'une machine pour qu'une autre puisse fonctionner, nous le faisons, si nous devons travailler un jour férié, nous sommes là, ou si nous devons rester après les heures de travail, nous restons, mais pour ceux d'entre nous qui participent directement à la production dans des équipes de 12 heures, la distribution des bénéfices n'a pas été aussi bonne que nous le souhaiterions », a signalé Edilberto Agüero Rubiet, un ouvrier de l'entreprise.
Liliana Céspedes Tamayo, directrice économique de Medilip, a reconnu que la distribution des bénéfices est loin du potentiel productif de Medilip.
« Même si nous avons versé des bénéfices aux travailleurs, les dividendes individuels ne dépassent pas deux salaires, car les niveaux de vente ne nous ont pas permis de rembourser les dettes, car à la suite de la mise en place de la Tâche de réorganisation, le coût de production d'une série de médicaments a augmenté et le prix de vente à la population est resté le même.
« Il y a des cas où le ministère de la Santé publique assume cette subvention et nous permet de faire varier le prix de détail, mais il y en a d'autres où ce n'est pas le cas, comme pour la suspension de diphénhydramine pour enfants, dont le prix de détail est de 0,50 centimes, et dont la production coûte environ huit pesos.
« En ce sens, nous sommes déjà en train de revoir avec le ministère des Finances et des Prix les dossiers qui ont une incidence sur les coûts de détail et donc sur les résultats financiers de l'usine », a précisé Cespedes Tamayo.
DE NOUVELLES LIGNES DE PRODUCTION NATIONALE
Dans le cadre du programme de croissance économique du pays, l'entreprise d'État socialiste s'est vu attribuer un ensemble de pouvoirs destinés à stimuler son développement. En ce sens, Medilip a pu se défaire d'une partie de sa dépendance étrangère pour entreprendre de nouvelles productions, grâce au transfert de technologie et aux enchaînements productifs avec des entreprises et des centres de recherche, qui lui ont permis d'obtenir des produits à base de matières premières nationales.
Parmi les premiers résultats de ce travail, on trouve des désinfectants pour lutter contre la covid-19 (détergent chloré, solutions d'hypochlorite de sodium pour l'eau, le lavage des mains et le nettoyage des surfaces) et la production d'une chaîne de miellat très demandé par la population.
« Nous avons commencé au niveau territorial en établissant des enchaînements productifs avec des entités telles que les pharmacies, les opticiens et les entreprises du Groupe Labiofam, et ces produits, comme l'alcool désinfectant en vrac, ont été très bien accueillis non seulement à Granma, mais aussi à Las Tunas et Villa Clara, et nous avons déjà des reçu des commandes d'autres régions du pays », a ajouté Rodriguez Lora.
« Nous produisons également des miellats de vitamine C et des miellats propolis, qui sont des médicaments qui étaient fabriqués localement par les centres de production des pharmacies et des opticiens en petites quantités, et comme un appel du pays à industrialiser la médecine naturelle et à soutenir le système de soins de santé de base, nous assumons cette ligne d'activité avec des volumes de plus de 20 000 bouteilles », a-t-il souligné.
Par ailleurs, Medilip a conclu un contrat avec Apicuba afin d'assurer la disponibilité des dérivés du miel pour la production de divers produits tels que la propolis, la filière miellat, et bientôt la production d'extrait d'eucalyptus.
Malgré les limites auxquelles ils ont dû faire face avec les produits génériques, selon Niurka Benitez Guerra, directrice du développement de l'usine, les nouveautés de cette année comprennent l'approbation par le Centre de contrôle des médicaments, des équipements et des dispositifs médicaux (Cecmed) du médicament citrate de potassium pour le traitement de la lithiase rénale (maladie connue sous le nom de calculs rénaux), dont la première production à l'échelle industrielle est prévue pour la dernière étape de l'année.
Ainsi, l'usine consolide aujourd'hui trois lignes de production : les produits génériques, naturels et alternatifs, avec lesquels elle entend augmenter progressivement ses volumes de production.
Cette aspiration dépendra, dans une large mesure, de la stabilisation des importations de matières premières et d'intrants dans le pays, mais aussi de la volonté, de l'engagement et de l'ingéniosité créative qui caractérisent son personnel ; ce même personnel qui continue de parier sur la qualité et la garantie éprouvée des médicaments produits sous le sceau de Medilip.
source : https://fr.granma.cu/cuba/2021-12-01/la-seule-usine-de-medicaments-liquides-par-voie-orale-de-cuba-realite-et-perspectives