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Italie : référendum concernant la réduction du nombre de parlementaires

 

et élections régionales

 

20-21/09/2020

 

 

 

Le premier scrutin concernait la ratification par référendum du projet de loi portant sur la réduction du nombre des parlementaires de 945 à 600 (Sénat et Assemblée nationale confondus).

 

Le OUI l’a emporté avec 69,64% des voix contre 30,36% pour le NON.

 

La participation (53,84%) a été considérée comme satisfaisante au vu du contexte encore marqué par la gestion de la pandémie de la Covid-19.

 

La droite (Lega de Salvini, Fratelli d’Italia de Meloni et Forza Italia de Berlusconi) a appelé à voter pour le OUI et ce choix aurait été suivi par environ les deux tiers de l’électorat de la Lega, un peu moins pour FDI et FI, dont nombre d’électeurs se sont abstenus.

 

Le Parti Démocrate de Zingaretti a également appelé à voter OUI, mais il était très divisé (une majorité de ses parlementaires se sont prononcés contre au Parlement). Plus de la moitié des électeurs du PD se sont prononcés pour le NON.

 

Plus à gauche, certaines composantes issues du PD et représentées au gouvernement (Libres et égaux) ou d’autres formations de la gauche d’alternative comme Sinistra Italiana, Rifondazione comunista, Parti communiste italien et Parti communiste, ainsi que des organisations sociales significatives telles que la CGIL, ARCI et ANPI (Association nationale de partisans italiens) qui ont appelé au NON, ont rassemblé sur ce vote plus de deux tiers de leurs électeurs.

 

Le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), avait fait de cette réforme son principal cheval de bataille, aussi bien lorsqu’il gouvernait avec la Lega qu’au sein de la coalition gouvernementale actuelle avec le PD. Ses électeurs ont massivement voté pour le OUI.

 

 

 

Élections régionales

 

On votait dans sept régions : Toscane, Pouilles, Marches, Campanie détenues par le Centre gauche (PD) et Vénétie, Ligurie et la région autonome du Val d’Aoste détenues par la droite.

 

Le PD l’emporte nettement en Campanie, dans les Pouilles et en Toscane où il était menacé par la Lega de Salvini. Il perd néanmoins les Marches au profit de l’extrême droite post-fasciste de Fratelli d’Italia.

Quels premiers enseignements tirer de ce double scrutin ?

 

Le débat sur le référendum portait sur l’ampleur des réformes constitutionnelles à opérer.

 

Le PD semble disposé à aller vers une réforme plus globale du bicaméralisme et de l’ensemble de l’activité parlementaire. Il souhaite une loi électorale donnant une place importante à la proportionnelle. Le M5S affaibli au plan électoral, souhaite un scrutin proportionnel alors que l’ensemble de la droite souhaite conserver le panachage actuel conservant une part de système majoritaire uninominal pour l’élection des Présidents des régions et la proportionnelle pour les représentants des partis élus au scrutin de liste.

 

Pour l’ensemble de la gauche transformatrice, il faudrait une vraie réforme constitutionnelle permettant un vaste programme de reconstruction du système politique et des institutions permettant de mettre en œuvre et de développer les principes et les droits démocratiques inscrits dans la Constitution et aujourd’hui bafoués. Cela passe notamment par une réforme de la loi électorale permettant une juste représentation à la proportionnelle et mettant fin ainsi aux politiques de réduction drastique de la démocratie représentative au sein du bicaméralisme actuel.

 

 

 

Le résultat des élections régionales traduit une évolution du rapport de forces entre la droite et le centre-gauche depuis les dernières élections européennes qui avaient situé la Ligue largement comme premier parti avec 34,26% suivi par le PD (22,74%), le M5S (17,06%), FI (8,78%) et FDI (6,44%).

 

La coalition au pouvoir entre la Ligue et le M5S a ensuite éclaté ouvrant une crise politique qui a porté au pouvoir une nouvelle coalition entre le Parti démocrate et le M5S, conduite par Giuseppe Conte.

 

Selon l’institut Cattaneo, le Parti démocrate serait le premier parti de ces élections régionales avec 19,8% des voix contre 13,1% à la Ligue, 10,6% à FDI, 7,6% au M5S et 6,4% à FI.

 

Le PD tire donc son épingle du jeu bien qu’il ne soit pas encore le premier parti au plan national (20-21% dans les derniers sondages), du fait notamment des défections subies : scission du parti de Matteo Renzi .qui avec Italia Viva obtient un résultat peu satisfaisant.

 

Le rapport des forces à droite qui s’est présenté unie à ces élections évolue également : globalement malgré une victoire écrasante en Vénétie avec un candidat au profil plutôt régionaliste voire autonomiste, la Ligue (donnée actuellement à 24% au plan national) a eu un résultat en trompe l’œil. Hormis la Vénétie, elle est partout en recul sensible par rapport aux scrutins nationaux. Fratelli d’Italia par contre est en très nette progression (14-15% dans les derniers sondages) et l’emporte dans la

région des Marches. Forza Italia, le parti de Berlusconi, conserve la Ligurie mais subit ailleurs une érosion de son influence (7-8 %).

 

Le Mouvement Cinq Étoiles, s’il peut se prévaloir d’un succès partiel concernant le Référendum, est en très net recul dans toutes les régions (15-16% au plan national) et son poids dans la coalition gouvernementale de Giuseppe Conte risque de s’en ressentir.

 

La gauche d’alternative : la Sinistra, Rifondazione comunista, le PCI et autres petites organisations de la gauche d’alternative restent divisées et ne dépassent nulle part le seuil des 3% qui leur permettraient de peser un peu plus y compris dans le cadre d’une réforme électorale plus favorable

 

Dans la prochaine période le gouvernement Conte sera confronté à plusieurs défis. D’abord celui de la cohésion de sa majorité : le Pd reste tiraillé par ses divisions internes, le recul de son influence en tant que parti structuré dans le pays et le manque d’une vision stratégique qui rompe avec le cycle austéritaire dans lequel s’est enfermée la social-démocratie européenne ; il peut néanmoins vouloir tirer avantage de sa « bonne tenue » électorale pour imposer certains changements d’orientation : sur l’indigne loi sécurité immigration adoptée par le précédent gouvernement Ligue-M5S ; sur la question de l’utilisation des ressources du Fond de Relance européen où les arbitrages se feront à la fois au sein de la majorité (contrairement au PD, le M5S, craignant un conditionnement austéritaire, ne veut pas avoir recours au Mécanisme européen de stabilité pour financer les dépenses de santé). Arbitrage budgétaire aussi avec la droite qui gouverne dans 15 régions sur 20 concernant l’utilisation et la répartition de ces fonds.

 

D’importantes élections municipales – concernant les principales villes dont Rome, Milan, Naples,Turin… – indiqueront, au printemps prochain, si on assiste vraiment à une inversion significative du cours extrêmement droitier qu’a connu la République italienne ces dernières années.

 

 

 

José CORDON

 

membre de la commission des relations internationales du PCF

source : lettre electronique PCF Monde

 

Tag(s) : #Italie, #Elections

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