
Nueva York, 15 de junio de 2020
S.E. Monsieur António Guterres Secrétaire Général des Nations Unies New York
N° 00136
Monsieur le Secrétaire Général,
J'ai l'honneur de m'adresser à Votre Excellence à l'occasion de faire référence à la dangereuse situation dangereuse subie par l’Amérique du Sud, y compris la République bolivarienne du Venezuela, comme conséquence de la progression agressive du COVID-19 et de l'action irresponsable de Monsieur Jair Bolsonaro, Président de la République fédérative du Brésil, pays où se situe aujourd'hui le foyer principal de la maladie dans notre sous-région.
Dès le moment où l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l'évolution de l'infection du COVID-19 comme une pandémie, le gouvernement du président Nicolás Maduro Moros a mis en œuvre une série de mesures pour garantir la protection et le bien-être du peuple vénézuélien, y compris son droit à la santé et à la vie, ainsi que pour coopérer aux efforts mondiaux visant à contenir la propagation de cette terrible maladie. La stratégie vénézuélienne a été coordonnée avec le système des Nations Unies, afin de garantir son efficacité et de l'accorder aux protocoles internationaux qui ont été établis.
Aujourd'hui, malgré la campagne d'agression à laquelle notre pays est soumis, le Venezuela est le pays avec le taux de contagion le plus faible et avec le moins de cas confirmés de COVID-19 par million d'habitants en Amérique latine et dans les Caraïbes, en même temps qui est à la pointe du nombre de tests de dépistage effectués par million d'habitants dans notre région. Cela est possible grâce à la compréhension rapide par notre gouvernement de l'ampleur de l'urgence sanitaire, ainsi qu’à la solidarité et à l'assistance technique apportées par divers partenaires, dont le système des Nations Unies.
Excellence,
Selon les données de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), jusqu'au 15 juin, l'hémisphère occidental a enregistré plus de 3 841 609 personnes contaminées dont 22,13% du total dans la République fédérative du Brésil. Entre le 29 février et le 15 juin de cette année, le nombre de cas confirmés dans ce pays a atteint le chiffre inquiétant de 850 5141 - soit 10,87% de tous les cas signalés à l'OMS dans le monde, avec le regrettable décès de 42 720 personnes. C'est pourquoi la situation sanitaire actuelle au Brésil met gravement en danger des millions de vies, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ce pays, et a une incidence négative sur les actions menées par notre gouvernement pour contrôler la propagation de la maladie et ses conséquences dévastatrices.
Comme vous le savez, le Brésil est le pays qui a la plus grande extension territoriale en Amérique du Sud, ayant des frontières avec neuf pays de notre région, dont 2200 kilomètres avec le Venezuela. Par conséquent, notre nation est profondément préoccupée par le taux de cas confirmés de COVID-19 dans la population des états frontaliers brésiliens d'Amazonas et de Roraima, où la circulation du virus est intense. Au 15 juin, par exemple, l'ensemble du Venezuela enregistre un total de 3 062 cas confirmés, tandis que les seuls les deux états frontaliers du Brésil ont plus de 62 000 cas confirmés.
Pour les raisons exposées précédemment, permettez-nous de souligner que la négligence criminelle du gouvernement brésilien face à cette réalité dans les régions proches de la frontière sud- est de notre pays est source d’une grande inquiétude, compte tenu de la forte mobilité humaine enregistrée actuellement dans cette région, lorsque des milliers de migrants vénézuéliens, fuyant la discrimination, la xénophobie et autres formes d'intolérance dont ils ont été victimes dans le pays voisin, retournent volontairement au Venezuela, ce qui pourrait déclencher la propagation du virus en notre territoire national, malgré les protocoles mis en œuvre aux différentes frontières nationales.
Excellence,
La catastrophe subie par le Brésil à la suite de COVID-19 aura sans aucun doute des conséquences pour la République bolivarienne du Venezuela et pour tous les pays de la région. En ce sens, permettez-nous d’attirer votre attention sur certaines actions alarmantes du gouvernement du président Jair Bolsonaro, essentielles dans le contexte de la pandémie:
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Déni de la gravité de la pandémie: dans un discours prononcé le 25 mars 2020, le président Jair Bolsonaro a attaqué la fermeture des écoles et des magasins dans certaines parties de son pays pour contenir la propagation du COVID-19 , qu'il a comparé à une
« grippette » ou à un « rhume »2. De même, alors que d'autres pays de la région prenaient de mesures strictes de confinement pour ralentir la propagation du virus, le président Bolsonaro assistait à une manifestation le 18 mai 20203, à Brasilia, pour s’opposer aux mesures de protection de la population promues par les gouverneurs des unités fédératives régionales, réaffirmant ainsi son mépris des données scientifiques, des efforts du personnel soignant et de la communauté internationale pour sauver le plus grand nombre possible de vies.
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Absence d'une politique publique cohérente pour contenir la pandémie: Au cours du premier trimestre 2020, le monde entier a pu observer comment le président Jair Bolsonaro a destitué deux Ministres de la Santé pour le simple fait d’avoir appelé au bon sens qui devrait prévaloir face à des calamités comme le COVID-19. Ce vide devient encore plus évident lorsque le 20 mars 2020, le président Bolsonaro a décrété la réversion de la compétence des états pour restreindre les mouvements de population dans leurs efforts pour contenir la propagation du virus. Quatre jours plus tard, le Pouvoir judiciaire a été contraint d'intervenir pour révoquer cet ordre, car il mettait en danger la santé et même la vie de toute une nation. Il est clair que nous sommes face à un chef d’État et de Gouvernement qui empêche intentionnellement, par abus de pouvoir, de sauver des vies dans son propre peuple.
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Menaces contre le multilatéralisme: Récemment, le président Jair Bolsonaro a déclaré aux médias que le Brésil pourrait suivre la même voie que les États-Unis d'Amérique et décider de se retirer de l’OMS. Aujourd'hui plus que jamais, cette pandémie a démontré que la solidarité internationale et la coopération multilatérale sont essentielles, tant pour sauver des vies que pour protéger les progrès accomplis par l'humanité depuis un siècle. Le retrait du Brésil de l'OMS, au milieu du terrible coût humain de la pandémie, ne peut être compris que comme un acte de mépris du président Bolsonaro à l’égard de la vie de ses citoyens et de tous les peuples de la région.
À la lumière de tout ce qui précède, nous pouvons affirmer, sans craindre l’erreur, qu'aujourd'hui le président Jair Bolsonaro et son gouvernement sont devenus le pire ennemi des efforts pour triompher de la pandémie de COVID-19 dans la région de l’Amérique latine et Caraïbes.
En conséquence, nous demandons respectueusement les bons offices de Votre Excellence pour qu’elle appelle les autorités du Brésil à cesser leurs actions téméraires dans la lutte contre cette maladie mortelle. L'énorme importance du Brésil dans la région amplifie son influence, tant pour faire le bien que pour faire le mal. Il est douloureux de voir comment aujourd'hui il manque l'occasion de mener le combat pour sauver des millions de vies devenant, au contraire, un gigantesque agent régressif et destructeur. Ainsi, le Brésil est aujourd'hui une véritable bombe humanitaire qui met en danger la santé, le bien-être et la vie de nos peuples.
En la remerciant à l'avance de l’attention qu’elle voudra bien porter à cette lettre, je saisis l’occasion pour réitérer à Votre Excellence les assurances de ma très haute considération.
Samuel MONCADA
Ambassadeur,
Représentant Permanent de la République Bolivarienne du Venezuela auprès des Nations Unies
source : ambassade du Venezuela en France
1 https://covid19.who.int/region/amro/country/br
2 https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-52032551
3 https://www.cnn.com/2020/05/23/americas/brazil-coronavirus-hospiitals-intl/index.html