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Elections régionales en Andalousie

ESPAGNE / Note sur les élections régionales en Andalousie du 2 décembre 2018 rédigé par José CORDON, collaborateur secteur International-Europe.

  2018 2015
PARTIS % SIÈGES % SIÈGES
PSOE (Parti socialiste) 27,95 % 33 35,4 % 47
PP (Parti populaire) 20,75 % 26 26,7 % 33
Ciudadanos 18,3 % 21 9,3 % 9

Adelante Andalucia

(Podemos + IU)

16,2 % 17 21,8 % 20
Vox (extrême droite) 11 % 12 0,45 % --

Abstentions : 41,35 % en 2018 contre 36,06 % en 2015.

           
             
             
             
             
             
             
             

   

 

L’entrée de Vox au Parlement régional d’Andalousie représente le fait marquant de ces élections. Jamais depuis la fin du franquisme l’extrême droite n’était entrée dans un Parlement régional. Elle obtient 11% et 12 élus. Surtout, elle est en position de pouvoir peser pour permettre à la droite de prendre les rênes du gouvernement régional, reléguant ainsi toute la gauche dans l’opposition.

Plusieurs facteurs ont favorisé cette progression subite et inquiétante.

D’abord la situation de blocage politique que traverse l’ensemble du pays et la crise institutionnelle due notamment à la radicalisation du processus indépendantiste catalan et la réponse de toute la droite (PP et Ciudadanos) pour consolider, à contrario, leur conception autoritaire de « l’unité de l’Espagne ». Vox va très loin en ce sens puisqu’elle met en cause la constitution actuelle de l’Etat espagnol avec notamment la mise en cause des communautés autonomes.

Ensuite, dans un contexte marqué depuis 2007 par l’aggravation de la crise économique et sociale, la question migratoire est utilisée comme dans toute l’Europe par la droite et l’extrême-droite, et aujourd’hui en Andalousie principale porte d’entrée en Europe pour les migrants africains ; pour durcir drastiquement les conditions d’accueil. Vox prône, notamment, une nouvelle « reconquête » face à l’islamisme et la fermeture des frontières avec l’édification d’un mur infranchissable dans les enclaves de Ceuta et Melilla de même que le renvoi des migrants qu’elle considère illégaux. De même cette ultra-droite fascisante ultra-réactionnaire, machiste, entend revenir sur tous les droits conquis de haute lutte par les femmes.

Le PSOE, tout en restant le premier parti dans sept des huit provinces andalouses, subit un échec cuisant et réalise son plus bas résultat (27,95%, moins 7% et moins 14 sièges) dans une région qu’il gouvernait sans interruption depuis 1982. Il a été touché par l’abstention. Susana Diaz, la présidente en fonction de la région qui avait pensé que le moment était adéquat pour convoquer des élections anticipées, représente le courant le plus « droitier » du PSOE ; elle s’est conformé dans une large mesures aux politiques d’austérité menées par la droite du précédent gouvernement de Rajoy et l’exécutif régional a été discrédité par des affaires de corruption ; elle a gouverné la région avec le soutien de Ciudadanos au détriment d’une alliance potentielle avec Unidos Podemos ; elle a aussi largement contribué à mettre en échec Pedro Sanchez au sein du PSOE, avant que celui-ci n’en reprenne le leadership et n’engage une politique plus orientée à gauche.

Le Parti Populaire (PP) de plus en plus radicalisé à droite, recule lui aussi très nettement (20,75% et moins 6 % et moins 7 sièges ; en plus du discrédit du précédent gouvernement corrompu de Rajoy ; il a souffert à la fois de la concurrence à droite de Ciudadanos et surtout de l’Irruption de l’extrême droite (Vox), dont les principaux dirigeants son issus de ses rangs.

Ciudadanos progresse très nettement (plus 9% et plus 12 sièges) mais ne parvient pas a dépasser le PP ce qui était son premier objectif dans la région comme dans le reste du pays.

Adelante Andalucia, la coalition qui réunissait Podemos et Izquierda Unida(IU), recule également de 5,6% et 3 sièges. En 2015 Podemos et IU s’étaient présentés séparément et avaient obtenu pour l’une 14,8 % et 15 sièges, pour l’autre 6,9% et 5 sièges. La coalition est cette fois-ci très loin de ces objectifs : représenter une alternative à gauche dans une région gouvernée par un PSOE hégémonique. Alberto Garzon (IU) plus que Pablo Iglesias (Podemos) a reconnu que la coalition « n’avait pas été capable d’attirer le vote socialiste de mécontentement. Nous n’avons pas non plus mobilisé la gauche. Nous sommes en échec ». Alberto Garzon a souligné particulièrement que l’abstention en forte hausse avait concerné les zones et quartiers populaires où IU a son électorat. Le coordinateur fédéral de IU en appelle à une « alliance démocratique qui puisse mettre en échec la « vague réactionnaire qui menace les conquêtes sociales et démocratiques » tant cette droite rassemblée « partage un néolibéralsme radical ». Mais l’urgence pour la coalition c’est la mobilisation contre la menace fasciste. Pour le PCE (Enrique Santiago) : « l’ensemble des forces politiques, sociales, syndicales et démocratiques doivent s’unir face à la montée de l’extrême–droite… les élections andalouses doivent servir d’alerte et , malgré la modestie qui s’impose dans ces circonstances , l’unité populaire représentée par Adelante Andalucia reste le meilleur rempart pour contenir l’extrême-droite ».

Des discussions difficiles vont maintenant s’ouvrir pour la constitution de l’exécutif régional. La gauche n’est pas en position de pouvoir constituer une majorité au Parlement andalou sauf si elle ouvrait la porte à Ciudadanos, ce qui semble exclu pour le moment. La droite (PP et CIudadanos) n’a pas fermé la porte à un soutien de la part de Vox ce qui leur permettrait de gouverner ; mais cela ne se fera pas sans de lourdes concessions risquant d’avoir des conséquences au sein de l’UE dans la perspective des européennes de 2019. De plus PP et Ciudadanos se disputent le leadership de l’exécutif.

Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a décidé malgré tout d’aller jusqu’au bout dans la tentative de faire approuver le budget de l’Etat –qui comporte de notables avancées sociales- avant la fin décembre. Il a très peu de chances d’y arriver vu le refus des indépendantistes catalans.

En tout état de cause, à l’orée dune année électorale marquée par les élections régionales, municipales et européennes de mai 2019 le résultat de ces élections risque de compliquer, encore plus, l’émergence d’une solution progressiste à la crise politique espagnole, celle d’une véritable régénération démocratique, alors que l’on commémore le 40e anniversaire de la Constitution de 1978.

José Cordon
Relations Internationales-Europe

source : http://www.pcf.fr/election_regionale_dec2018

 

 

Tag(s) : #PCF, #Espagne, #Elections

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