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le 07 juin 2017

C’est dans un contexte de crise sociale et politique majeure marquée par la corruption que s’est tenu du 1er au 3 Juin le 6e congrès du Parti brésilien des travailleurs (PT) de Lula. Après deux mandats présidentiels de Lula da Silva (2003-2011), c’est Dilma Rousseff (2011-2016) qui lui succède pour poursuivre le plan de développement social et économique engagé alors, sortant de la pauvreté des millions de Brésiliens et ouvrant la voie à une rupture des politiques néolibérales passées. 2016 verra sa destitution qui mettra fin à 13 années de pouvoir de la gauche au Brésil par le PT.

C’est tout dire de l’enjeu posé de recréer les conditions de la reconquête du pouvoir en définissant une ligne politique claire avec le lancement de la candidature de Lula à la présidentielle de 2018 et de l’élaboration d'un «programme économique d'urgence».

Élections qui vont venir alors que le conservateur Michel Temer, remplaçant de Roussef, est aujourd’hui rattrapé par les affaires, la situation devenant grotesque alors que l’on a assisté à sa destitution au nom de la moralité et que l’on trouve encore pire aujourd’hui.

Le fomentateur du "coup d'État institutionnel" fait face à de graves accusations de corruption passive et d'entrave à la justice. Son mandat ne tient plus qu'à un fil. Ses principaux ministres sont visés par des enquêtes, ainsi que des dizaines de ses parlementaires.

Tout montre que si les Brésiliens votaient aujourd’hui, Lula arriverait en tête des intentions de vote.

Dans ce contexte, l’enjeu du congrès a été d’occuper le terrain au milieu de cette tempête politique, de recréer les conditions du rassemblement interne, mais aussi de consolider le rassemblement des forces progressistes de gauche en lien avec un mouvement social en pleine expansion, tout en ne sous-estimant pas les capacités de la droite brésilienne, même si elle est aujourd’hui confrontée à la crise des affaires et de la corruption.

Ce 6e congrès du PT, loin de se cantonner à un climat feutré et sans débat, a posé dès le premier jour la question centrale de la lutte pour le socialisme dans sa stratégie, donnant de suite le ton des discussions. Confrontation pour ouvrir de nouvelles perspectives de transformations sociales, être un point d’appui au sein même de l’Amérique latine et des Caraïbes sur des bases de coopérations respectueuses des souverainetés nationales.

Les débats ont pris en compte un contexte international où se mettent en cohérence les stratégies néolibérales. Des stratégies qui s’attaquent à la démocratie, confisquent le débat idéologique par la mainmise sur les moyens de communication, créent des outils supra nationaux au-dessus des souverainetés des peuples et des nations, créent l’instabilité économique, donc sociale, voire des situations de violences pour justifier des coups d’Etats institutionnels, en criminalisant l’action syndicale et politique afin de délégitimer certains leaders politiques et barrer la route à d’éventuelles candidatures comme celle de Lula avec une justice aux mains du pouvoir.

Dans les débats sont apparus des différends sur la ligne politique, programme et alliances sociales nécessaires pour construire l'unité autour de la bataille engagée «Dehors Temer» et de la lutte contre ses réformes néolibérales.

Le rassemblement s’est opéré autour de l’adoption d’une résolution “contre le coup d'Etat dans le coup d'Etat” que veut imposer la droite d’une élection de la présidence indirecte par le congrès et réaffirmant que le PT ne participe pas au collège électoral qu’il doit modifier en ce sens.

Et pour mener à bien les réformes démocratiques populaires, ont été mises en avant la bataille pour le droit de Lula d'être candidat et la convocation d'une Assemblée nationale constituante.

Concernant l'organisation même du parti, la proposition est venue d’une convocation des militants pour décider lors d'un référendum national le processus de ses prochaines élections de direction. La lutte des femmes, des jeunes, des noirs et LGBT du PT ont été d’autres points forts des échanges.

L’affirmation d’une ligne plus à gauche que la majorité interne actuelle a débouché sur deux candidatures à la nouvelle présidence nationale du PT : Gleisi Hoffmann, sénatrice présentée par la majorité sortante contre Lindbergh Farias, député ayant joué un rôle combatif dans la résistance au coup d'Etat et face aux contre-réformes. Gleisi Hoffmann l’emportant finalement par 61 % contre 39 % pour Farias.

Deux enseignements émergent de ce congrès : une ligne à gauche plus affirmée qui résiste et la volonté de construire l’unité autour de la candidature de Lula.

Laurent Péréa
Responsable-adjoint aux Relations Internationales représentait le PCF à ce congrès.
article paru dans Communistes du 7 juin 2017

 

http://international.pcf.fr/100602

Tag(s) : #brésil

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