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BY PAULA ANDREA
28-04-2017
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(major non-NATO ally, MNNA)
 

En décembre 2016, le gouvernement colombien de Juan Manuel Santos a signé à Bruxelles un accord de coopération militaire avec l’OTAN. Cette coopération devrait conférer à la Colombie, le statut spécial d’« allié extra de l’OTAN ».

 

 L’OTAN est actuellement composée de vingt-six pays européens et deux pays nord-américains, et totalise 75% des dépenses militaires mondiales chapeautées par les Etats-Unis. Le processus d'adhésion est régi par l’article 10 du Traité de l’Atlantique Nord qui limite les futurs membres aux seuls « États européens ». 

 

Pour étendre leur zone de contrôle, un statut spécial voit le jour à la fin de la guerre froide.  Le statut “d’allié extra de l’OTAN” fut créé en 1989 par le Congrès des Etats-Unis – non par l’OTAN – pour renforcer les liens militaires avec des pays situés hors de l’Atlantique Nord.  Cette extension statutaire permet une extension territoriale de l’OTAN dans le monde entier.

L’OTAN et le gouvernement des Etats-Unis possèdent déjà quelques 700 bases militaires dans les 5 continents, ce qui exige de grandes contributions financières. Différentes sources nous signalent que l’entretien de ses bases couteraient aux contribuables américains et des pays alliés 70 milliards d’euro par an (100 000€ par an par membre - Bases militares de EEUU-OTAN en América Latina y el Caribe, Celestino Flores, décembre 2015, Agencia Latinoamicana de informacion ) .

 

 On peut alors se demander comment le gouvernement SANTOS entend financer son statut d’allié extra de l’OTAN alors qu’il n’a toujours pas dégagé les fonds nécessaires pour l’application des accords de paix signés en novembre 2016 entre les Farc et le gouvernement. Mais quel serait le budget ? Selon le Congrès colombien, la première étape du post-conflit couterait à l’Etat colombien plus de 26 millions d’euro pour les 10 prochaines années : reconversion de 15 millions de personnes à la vie civile, développement des infrastructures et de l’éducation dans les zones rurales, réforme agraire, voilà les tâches à venir pour l’application réelle des accords de paix en Colombie.

 

AU NIVEAU CONTINENTAL, L’OTAN SERAIT SOURCE D’INSTABILITÉ

Lors du 2e sommet de la CELAC organisé en janvier 2014 à La Havane, les 33 pays du continent américain (la Celac réunit tous les Etats du continent sauf les Etats-Unis et le Canada ) ont choisi de se proclamer «Zone de Paix » . En insistant sur le fait que la région est exempte d’armes nucléaires, ils se sont engagés en faveur d’une solution pacifique aux conflits « afin d’éliminer à jamais l’usage et la menace de l’usage de la force dans la région ».  Le politologue argentin, Atilio Borón, chercheur au CONICET, analyse la présence des 76 bases militaires étasuniennes en Amérique latine et Caraïbe comme une menace pour la stabilité du continent car elle reflète une stratégie de déploiement rapide qui aurait pour unique objectif la défense des intérêts économiques des puissants membres de l’OTAN sur le continent.

 

Ernesto Samper, le secrétaire général de l’UNASUR – qui regroupe les douze nations sud-américaines, a proposé l’élimination de toutes les bases militaires américaines implantées sur le territoire de l’Amérique latine, les considérant comme des anachronismes « de l’époque de la Guerre Froide ». « Nous, qui ne sommes pas une menace, nous défendons les principes de souveraineté, de dialogue et d’intégrité territoriale (...) La voie de la violence n’a pas sa place dans une zone de paix et de coopération comme l’est l’Atlantique Sud », a-t-il ajouté.

LA COOPÉRATION INTERNATIONALE :  LA PAIX, UN RETOUR SUR INVESTISSEMENT

La Colombie a besoin de la coopération internationale mais pas pour continuer à militariser le pays, bien au contraire. La Colombie a besoin de moyens pour garantir la concrétisation de l’accord de paix, surtout en ce qui concerne la réforme agraire, la substitution aux cultures illicites, le démantèlement des groupes paramilitaires, la justice et les droits des victimes.

Aujourd’hui la majorité des pays cherchent à ce que leur coopération internationale leurs garantissent des retombées financières, généralement moyennant un traitement préférentiel pour leur entreprise. La coopération internationale est conditionnée à un retour sur investissement économique. C’est ainsi que fonctionne le capitalisme et l’économie libérale. Pourtant l’heure n’est pas au commerce mais à l’humain. A l’heure actuelle, il est indispensable que l’union européenne privilégie de contribuer aux « efforts de paix » et sa vision à long terme, au lieu de s’enthousiasmer « aux efforts de guerre » exiger par l’administration américaine pour renforcer l’OTAN.

 

L’union européenne a voté un fond de 600 mille euros pour financer la paix en Colombie, ce qui est une bonne chose. Si nous n’y veillons pas, ce fonds sera conditionné aux intérêts économiques des pays européens ; on va privilégier les zones investies par des entreprises européennes ; ce qui conduit à une totale opacité dans la distribution du fond.  L’autre gros problème c’est que la gestion de ce fond n’admet aucune participation des organisations sociales, acteurs de terrains en Colombie. Les communautés rurales ont un grand rôle à jouer dans l’application des accords de paix, ils représentent un énorme potentiel pour donner place à l’Etat à partir du local. Le fond européen doit être destiné à reconstruire le tissu social, au lieu de veiller à un retour sur investissement.

En tant que mouvement de solidarité internationale, nous demandons que le fonds de l’Union Européenne pour la paix en Colombie serve à réaliser les accords de paix signés entre les FARC et le gouvernement colombien et non à des fins de commerce. L’Union Européenne doit faire un suivi scrupuleux avec la participation des organisations sociales colombiennes. La paix en Colombie ne pourra pas se construire en promouvant l’OTAN, bien au contraire. Les bases militaires sont une source d’instabilité et de conflit dans la région. L’UE ne peut pas prétendre aider à la construction de la paix tout en promouvant la machine de guerre qu’est l’OTAN.

source: http://www.intal.be/fr/article/colombie-signer-la-paix-et-construire-la-guerre

Tag(s) : #colombie

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