/image%2F1031403%2F20160327%2Fob_348ae6_12189112-1021268664590849-878540378510.jpg)
Auteur: Granma | internet@granma.cu
24 mars 2016 13:03:18
(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)
Bonjour,Monsieur le Président Barack Obama,Nous nous félicitons de vous accueillir à l’occasion de la première visite d’un président des États-Unis dans notre pays depuis 88 ans.Nous souhaitons que durant votre bref séjour dans l’Île, vous pourrez apprécier l'hospitalité du peuple cubain, qui n’a jamais nourri de sentiments d'animosité envers le peuple étasunien, auquel nous unissent des liens historiques, culturels et affectifs.
Votre visite marque une étape importante dans le processus vers l'amélioration des relations bilatérales qui, nous l'espérons, contribuera à favoriser de plus grandes avancées dans nos relations, dans l'intérêt des deux pays et de la région.Nous venons d’avoir une rencontre constructive et utile, qui donne suite aux deux précédentes que nous avons eues au Panama et à New York.
Nous constatons que durant les 15 mois qui se sont écoulés depuis que nous avons annoncé la décision de rétablir les relations diplomatiques, nous avons obtenu des résultats concrets.Nous avons repris le courrier postal direct et signé un accord pour rétablir les vols réguliers.Nous avons élargi la coopération dans des sphères d’intérêt mutuel. Nous avons souscrit deux mémorandums d’entente sur la protection de l’environnement et des aires marines, et un autre visant à améliorer la sécurité de la navigation maritime.
Aujourd’hui, un autre accord sera signé sur la coopération dans l’agriculture.À l’heure actuelle, nous négocions un nouveau groupe d’instruments bilatéraux afin de coopérer dans des sphères comme la lutte contre le trafic de drogue, la sécurité du commerce et des voyageurs, et la santé.
Concernant ce dernier point, nous sommes convenus d’approfondir la coopération dans le domaine de la prévention et du traitement des maladies transmissibles comme le virus Zika, et des maladies chroniques non transmissibles, y compris le cancer.
Cette coopération est bénéfique, non seulement pour Cuba et les États-Unis, mais aussi pour notre hémisphère.
Depuis les décisions adoptées par le président Obama visant à modifier l'application de certains aspects du blocus, des entreprises cubaines et leurs homologues étasuniennes travaillent sur l'identification d’éventuelles opérations commerciales qui pourraient se matérialiser dans le cadre encore restrictif de la réglementation en vigueur.
Certaines se sont concrétisées, notamment dans la sphère des télécommunications, un domaine dans lequel notre pays dispose d’un programme basé sur ses priorités de développement et sur la nécessaire souveraineté technologique, afin d'assurer l'utilisation appropriée de ces dernières au service des intérêts nationaux.Nous avançons également dans des négociations pour l'achat de médicaments, de matériel médical et d’équipements pour la production d'énergie et la protection de l'environnement, entre autres.Bien plus pourrait être fait si le blocus des États-Unis était levé.Nous saluons la position du président Obama et de son gouvernement contre le blocus et ses appels réitérés au Congrès pour que celui-ci soit supprimé.
Les dernières mesures adoptées par votre gouvernement sont positives, mais insuffisantes. J’ai eu des échanges avec le Président à propos d’autres mesures qui, pensons-nous, pourraient être prises pour éliminer des restrictions encore en vigueur et apporter une importante contribution au démantèlement du blocus.
C’est essentiel, car le blocus reste en place et il a des composantes dissuasives et des effets d’intimidation de portée extraterritoriale, à propos desquels j’ai présenté certains exemples au Président pour lui montrer les conséquences négatives pour Cuba et d’autres États.Le blocus est le principal obstacle à notre développement économique et au bien-être du peuple cubain.
C’est pourquoi son élimination sera essentielle pour la normalisation des relations bilatérales. Il sera également bénéfique à l'émigration cubaine, qui souhaite le meilleur pour sa famille et son pays.Pour avancer vers la normalisation, il sera également nécessaire que le territoire illégalement occupé par la base navale de Guantanamo soit restitué.Ces deux questions, qui constituent les principaux obstacles, ont de nouveau été évoquées dans l'éditorial publié le 9 mars dans l'organe officiel du Parti communiste de Cuba et, il y a seulement quatre jours, en conférence de presse par notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, et elles ont été largement relayées par la presse.Par ailleurs, d’autres politiques devraient être supprimées pour que des relations normales puissent s’instaurer entre Cuba et les États-Unis.
Pour ce faire, il ne faudrait pas prétendre que le peuple cubain renonce au destin qu’il a choisi librement et souverainement, et pour lequel il a consenti d’immenses sacrifices.Nous avons également eu des échanges sur des questions internationales, notamment sur celles qui pourraient affecter la paix et la stabilité régionale.
Il était spécialement prévu, mais le temps a manqué, d’aborder notre préoccupation concernant la situation de déstabilisation que l’on tente de promouvoir au Venezuela, ce qui est contreproductif pour l’ambiance dans le continent, mais je l’exprime à cette occasion.
Nous avons également eu des échanges de vues sur la marche du processus de paix en Colombie et sur les efforts pour mettre un terme à ce conflit.Il existe de profondes différences entre nos pays qui ne vont pas disparaître, car nous avons des conceptions distinctes sur de nombreuses questions, telles que les modèles politiques, la démocratie, l’exercice des droits humains, la justice sociale, les relations internationales, la paix et la stabilité mondiale.
Nous défendons les droits humains. Nous estimons que les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels sont indivisibles, interdépendants et universels. Nous ne concevons pas qu’un gouvernement ne défende pas et ne garantisse pas le droit à la santé, à l'éducation, à la sécurité sociale, à l’alimentation et au développement, au salaire égal pour un travail égal, et aux droits des enfants. Nous nous opposons à la manipulation politique et aux doubles standards concernant les droits de l'Homme.
Cuba a beaucoup à dire et à montrer en cette matière, et c’est pourquoi j’ai renouvelé au Président notre volonté de poursuivre le dialogue que nous avons amorcé.Le 17 décembre 2014, lorsque nous avons annoncé la décision de rétablir les relations diplomatiques, j’avais déclaré : «
Nous devons apprendre l'art de vivre ensemble, de façon civilisée, avec nos différences. »Le 15 juillet 2015, j’ai signalé devant notre Parlement : « Changer tout qui doit l’être est une question souveraine et exclusive des Cubains. Le gouvernement révolutionnaire est dans la disposition d'avancer sur la voie de la normalisation des relations, avec la conviction que nos deux pays peuvent coopérer et coexister de façon civilisée, dans l’intérêt mutuel, au-delà des divergences que nous avons et que nous aurons sans doute, et contribuer ainsi à la paix, à la sécurité, à la stabilité, au développement et à l'équité sur notre continent et dans le monde.
»Aujourd'hui, je confirme que nous devons mettre en pratique l'art de la coexistence civilisée, ce qui implique d’accepter et de respecter les différences et de ne pas en faire le centre de notre relation, mais de promouvoir des liens qui favorisent l'intérêt des deux pays et des deux peuples, et de se concentrer sur ce qui nous rapproche plutôt que sur ce qui nous sépare.
Nous reconnaissons qu’il nous reste à parcourir un chemin long et complexe. Mais l’important, c’est que nous avons commencé à avancer vers la construction d’une relation d’un nouveau type, comme elle n'a jamais existé auparavant entre Cuba et les États-Unis.
La destruction d'un pont est facile et demande peu de temps. Le reconstruire solidement est une tâche beaucoup plus longue et difficile.Après quatre tentatives infructueuses, dans une démonstration de volonté et de persévérance, le 2 septembre 2013, la nageuse étasunienne Diana Nyad, a réussi à traverser le détroit de Floride à la nage sans cage anti-requins.
Pour cette prouesse d’avoir vaincu la distance qui sépare géographiquement nos deux pays, le 30 août 2014, au son des hymnes nationaux de Cuba et des États-Unis, elle a été décorée de l'Ordre du mérite sportif, octroyé par le Conseil d’État cubain.Cet exploit contient un message fort qui devrait nous servir d'exemple pour les relations bilatérales, car il confirme que si elle y est parvenue, nous le pouvons également.
Je tiens à renouveler nos remerciements au Président Obama pour sa visite, ainsi que la volonté du gouvernement de Cuba de continuer à aller de l’avant dans les prochains mois pour le bien de nos peuples et de nos pays.Je vous remercie.
source: http://fr.granma.cu/cuba/2016-03-24/le-blocus-est-le-principal-obstacle-a-notre-developpement-economique-et-au-bien-etre-du-peuple-cubain