Journée internationale des migrants. Indivisibilité et universalité des droits de l’Homme : revenir aux fondamentaux

"On se souviendra de 2015 comme d'une année marquée par les souffrances humaines et la tragédie des migrants". C'est par ce constat sans appel que M. Ban Ki Moon a commencé son message pour la Journée Internationale des migrants.

Cette journée est malheureusement l'occasion de rappeler les reculs de plus en plus graves en matière de respect des droits même les plus fondamentaux des migrants notamment dans l'UE à commencer par le droit à la vie et le droit de vivre dans la dignité.

Le HCR annonce que l'année 2015 sera marquée par une hausse sans précédent des déplacements forcés dans le monde : au moins 5 millions de personnes cette année qui vont s'ajouter aux quasi 60 millions déjà enregistrés.

C'est une crise humanitaire sans précédent qui touche l'humanité aujourd'hui à l'échelle mondiale.

Les responsabilités des gouvernements européens sont lourdes dans cette situation et pourtant leurs réponses n'ont jamais été aussi égoïstes et mortifères. Depuis au moins deux ans, la route vers l'Union européenne est devenue la route la plus dangereuse du monde pour les migrants. 3.671 personnes sont déjà mortes ou disparues cette année selon l'OIM. Un chiffre en augmentation constante. Décompte mortifère qui s'ajoute aux 30.000 personnes qui y ont déjà perdu la vie depuis 2000 toujours selon l'OIM.

Il est de plus en plus difficile de trouver les mots pour qualifier cette situation aux portes de la zone économique la plus riche du monde que continue d'être l'UE malgré les inégalités croissantes qui y sévissent.

Cette journée est aussi l'occasion de rappeler qu'aucun membre de l'UE n'a signé la Convention internationale sur la protection de tous les travailleurs migrants et de leurs familles.

Il est plus que temps de changer radicalement de paradigme, d'avoir le courage d'affronter les réalités, de déconstruire les mensonges et les idées reçues, de cesser d'alimenter les peurs, de respecter la signature des conventions internationales qui lient l'ensemble des États membres de l'UE et de répondre aux espoirs des réfugiés qui fuient les conflits armés, les persécutions, les violations des droits de l'Homme, la misère ou la dégradation de l'environnement.

Les migrations et les échanges entre les peuples ne sont ni un poids, ni un problème mais constituent des atouts et une source permanente de richesses et ce, depuis l'origine de l'Humanité. Les millions d'Européens qui se déplacent chaque année dans le monde ou qui sont installés ailleurs sont bien placés pour le savoir.

Il est temps de dire stop à cette Europe forteresse qui se referme de plus en plus sur elle-même au détriment de ses propres intérêts et de ses soi-disant valeurs dont elle devraient plus que jamais se rappeler qu'elles sont universelles et s'appliquent à tous les êtres humains quels que soient leur nationalité, leurs "origines", leur religion et leur couleur de peau.

Je suis ravie de célébrer cette journée internationale des migrants à Tunis dans cette Tunisie qui m'est chère, aux côtés de mes ami(e)s tunisien(ne)s qui célèbrent le 5ème anniversaire de sa Révolution.

source:http://13.pcf.fr/80085