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Matinée de rencontre « Devoir de mémoire et culture de Paix » – Au conseil régional d’Ile de France – Intervention de Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC

Publié le 16 juin 2015 par administrateur

Matinée de rencontre « Devoir de mémoire et culture de Paix » L’année 2015 est cruciale dans le processus de mémoire. Le 8 mai 2015, nous célébrions le 70eanniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale et cet été, nous commémorerons les 70 ans des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Peu de temps après, l’ONU était créée pour éviter de répéter ces pages sombres de l’Histoire mondiale. Elle fête elle aussi son 70e anniversaire.

C’est dans ce cadre qu’Eddie Aït, conseiller régional d’Île-de-France, organise en partenariat avec l’AFCDRP-Maires pour la Paix France une matinée de rencontre sur le thème « Devoir de mémoire et culture de Paix » le 12 juin 2015 de 9 h 30 à 12 h. S’exprimeront notamment Philippe Rio, Maire de Grigny et Président de l’AFCDRP, Michel Cibot, délégué général de l’AFCDRP et Patrick Staat, secrétaire général de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC).

RETROUVEZ CI-DESSOUS L’INTERVENTION DE PATRICK STAAT (ARAC)

L’ARAC : acteur, témoin, et combattant de la paix depuis un siècle

Depuis sa création en 1917, en pleine première guerre mondiale, l’Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ARAC), à l’image de ses fondateurs (Georges Bruyère, Raymond Lefebvre, Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier) à la forte conviction qu’un monde, pacifique, solidaire et fraternel est possible.

Crée dans ce but, l’ARAC n’a jamais cessé de dénoncer les causes des guerres, leurs conséquences. Pour cela, elle lie l’histoire et le travail de mémoire à la réflexion sur le monde actuel, où la crise économique et financière du capital mondialisé, la mise en concurrence des peuples, des nations, des régions conduisent à des tensions lourdes. Le capitalisme a toujours utilisé la guerre pour sortir des crises qu’il engendre.

Trois jours après l’assassinat de Jaurès, la guerre est déclarée, lui qui en dénonçait le caractère impérialiste. Elle eut pour cause essentielle le premier partage du monde au travers de la colonisation. Elle fut aussi un moyen de s’opposer aux premières avancées sociales et démocratiques notamment en Europe.

Les Poilus qui se sont opposés à la guerre, comme par la suite les Résistants de 1939-45, ont dit non à l’asservissement des peuples. C’est ce courage là qu’il faut rappeler sans cesse. C’est ce courage là qu’il faut mettre en avant à un moment où la société se délite où l’austérité frappe le plus grand nombre où les inégalités grandissent où le repli sur soi rend difficile tout forme de révolte consciente.

Le combat pour la paix ne peut se faire qu’en s’attaquant aux causes de la guerre.

Cette réalité guide encore le monde. Le mensonge sert de prétexte au déclenchement des hostilités et les soldats qui y meurent, ne tombent que pour défendre les intérêts des grandes compagnies pétrolières et gazières, ou autres multinationales que la reconstruction va enrichir toujours plus. Aujourd’hui encore nous assistons toujours à une volonté par quelques-uns de s’accaparer les richesses de la planète, d’assoir leur autorité sur les peuples. Ce qui fait craindre à l’ARAC pour la planète une nouvelle guerre mondiale.

En clair nous sommes à une époque où la volonté de redécouper le monde pour la 3ème fois fait planer des risques lourds qui d’ailleurs sont soulignés par le pape lui-même qui dernièrement a évoqué « le risque de la 3e guerre mondiale » existant selon lui « par morceaux », tellement sont nombreuses aujourd’hui les zones de conflits et les tensions à travers le monde.

La guerre c’est toujours la mort, les crimes, la désolation, la destruction, les victimes, la désespérance, c’est pourquoi nous combattons les « va-t-en-guerre » qui développent les interventions au prétexte de l’urgence humanitaire mais cachent les réels enjeux politiques. L’ARAC milite pour une meilleure connaissance du tournant de 1945, à l’origine de la Charte de l’ONU et de la Déclaration de 1948 qui marquent la volonté des peuples des Nations unies dans le respect de la souveraineté de chacune de préserver les générations futures du fléau de la guerre.

L’ARAC, comme en 1917 fait du « guerre à la guerre », selon le cri de Barbusse, contre les causes des guerres, sa principale raison d’être. C’est ainsi que nous entendons construire l’humanité de demain.

Nous militons pour un désarmement nucléaire universel, suivant la résolution de l’ONU du 24 novembre 61, et pour l’abolition des armes chimiques et bactériologiques. Dans le même esprit, nous refusons que l’OTAN développe en Europe un bouclier anti-missile. Nous demandons le retrait de la France de cette organisation et sa dissolution.

La France s’honorerait plutôt en menant une politique extérieure basée sur la défense de l’intérêt des peuples, la coopération, le Droit international et le renforcement de l’ONU.

S’engager politiquement dans cette bataille est le devoir de l’ARAC

L’ARAC, par son histoire singulière depuis bientôt cent ans, a vocation à s’exprimer et à intervenir dans la vie politique, ce qui l’amène à être solidaire des luttes populaires et du combat pour l’émancipation humaine, pour le progrès.

Nous réaffirmons que la souveraineté nationale doit l’emporter sur les intérêts des marchés financiers. Nous voulons œuvrer à une autre conception des relations entre les peuples qui ne soit pas enfermée dans les carcans dominateurs du profit, incarnés actuellement par les traités européens qui réduisent inexorablement les souverainetés de chaque Nation. Chacun ici mesure au quotidien les conséquences politiques, économiques, sociales qui conduisent déjà à des tensions et des conflits au cœur même de l’Europe. L’Europe n’existera que si sa construction est la volonté de Nations souveraines, répondant aux besoins et aux attentes de leurs peuples.

Cette démarche serait une garantie de sécurité, un gage de démocratie. Elle répond à la démarche de l’ONU (article 2 de la Charte).

L’ARAC appelle et agit pour renforcer la solidarité concrète envers les victimes de la crise, de plus en plus nombreuses. Le capitalisme fait le jeu des populismes de tous bords, de l’extrême-droite, de tous ceux qui utilisent la détresse sociale et morale des gens pour se parer d’une image républicaine, sans jamais ouvrir une véritable alternative politique, sans rassembler pour construire vraiment quelque chose, sans dénoncer les responsabilités. Calomnier, salir, jouer avec les peurs n’ont jamais fait une politique. L’histoire montre que la République, la démocratie et les libertés n’ont rien à attendre des nationalismes, des intégristes, de l’extrême-droite.

Le désengagement politique des citoyens est amplifié par le rôle des médias, qui traitent aujourd’hui des questions sociétales jouant l’événementiel, ce qui conduit à la désinformation quotidienne, à l’appauvrissement de la pensée et au terrorisme intellectuel. C’est un danger majeur pour la démocratie, pour la République des idées, la Paix.

Faisons en sorte ensemble qu’en cette période du centenaire de 14/18 et du 70e anniversaire de la Victoire contre l’Allemagne nazie soit un des moments d’engagement et d’action pour prendre conscience qu’il est nécessaire et urgent de lutter contre le modèle de pensée unique que l’on veut nous imposer, et qu’il n’y a pas de fatalité, les Résistants nous l’ont montré. N’acceptons pas la destruction des fondements de notre République et de ses valeurs fondatrices.

L’importance de l’activité de Mémoire Vive est d’abord le fruit d’une conception partagée du rôle de la Mémoire qui pour nous, ne peut se concevoir que comme un éclairage de problématiques actuelles et de moyens d’analyse, à la disposition de tous, mettant en évidence les causes qui ont permis la mise en place des mécanismes qui ont conduit au nazisme et d’une façon générale aux guerres

Pour conclure citons Jean Jaurès : »L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage aujourd’hui ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la guerre. Le courage ce n’est pas de laisser aux mains de la force, la solution des conflits que la raison ne peut résoudre. »

Ce texte appris hier dans les écoles et abandonné aujourd’hui, reste un texte moderne, responsable, courageux, dans le combat pour la paix. Il disait aussi « il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience ».

Alors oui œuvrer à la paix, nécessite de continuer inlassablement à prendre conscience des causes des guerres, et de s’attacher à les résoudre, à chaque instant en les combattant.

source:https://lereveildescombattantsblog.wordpress.com/2015/06/16/matinee-de-rencontre-devoir-de-memoire-et-culture-de-paix-au-conseil-regional-dile-de-france-intervention-de-patrick-staat-secretaire-general-de-larac/

Tag(s) : #France, #paix

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