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Mardi, 23 Décembre, 2014 - 11:40
Amplifier la solidarité avec les réfugiés de Kobané
Une délégation de l'association de solidarité FRANCE-KURDISTAN s'est rendue auprès des réfugiés de Suruç, ville turque frontalière située face à Kobanê, qui accueille un grand nombre de réfugiés et de blessés. Cette mission a duré une semaine et vient de s'achever. Il s'agissait de réaliser en urgence avant l'hiver, un projet construit en commun avec le Conseil Général des Hauts-de-Seine et d'apporter le fruit des collectes obtenues auprès de très nombreux citoyens et citoyennes de France. Comme nos interlocuteurs nous l'avaient demandé, ce projet a permis d'acheter 40 machines à laver et à sécher le linge, bien précieuses durant l'hiver et qui seront installées dans différents camps, notamment ceux construits « en dur », en bungalows.
« Les camps »... Les responsables qui en assurent la coordination n'aiment pas ce terme. Ils préfèrent évoquer « les espaces de vie » qu'ils tentent de rendre les plus humains, les plus dignes possible. C'est un défi de chaque jour qui leur crée beaucoup d'inquiétudes à court terme. Voilà trois mois, dès le déclenchement des opérations de Daesh contre les Yézidis et Kobanê, que les réfugiés sont arrivés en masse. Ils sont aujourd'hui près de 200.000 dans tout le Sud-Est de la Turquie dont 80 000 dans la région de Suruç et Urfa. Immédiatement, toutes les villes du HDP, les élus, les militants, les jeunes, les populations, le DTK (Congrès de la société démocratique ) ont participé d'un même élan à une solidarité extraordinaire, matérielle et financière. Une solidarité humaine, où de nombreux bénévoles offrent leurs savoirs, leurs savoir-faire et leur temps. Médecins, enseignants, professeur de théâtre, psychologues, chauffeurs, sportifs, hôteliers, pharmaciens, étudiants, bénévoles, traducteurs et de nombreux jeunes qui se mettent à leur service, certains venant de l'autre bout du monde.
L'affirmation selon laquelle la Turquie aurait « ouvert ses bras aux 200 000 frères de Kobanê » ne reflète pas la réalité, le gouvernement turc et son organisme d'accueil des réfugiés (AFAD) n'accueillent dans ses camps de toile pas plus de 7000 personnes. (2) La perversité du gouvernement turc va jusqu'à fournir quelques tentes marquées AFAD, enregistrer les noms de tous les réfugiés présents dans les camps pris en charge par les municipalités kurdes et donner cette liste aux organisations internationales et européennes pour toucher leurs subventions sans que celles-ci ne reviennent aux intéressés. Jusqu'à aujourd'hui, la ville de Suruç n'a touché aucun euro des 70 millions votés par l'Union européenne.
Mehmet, un des animateurs de la coordination de Suruç/Kobanê attire notre attention sur l' « Etat d'exception » qu'ils vivent au quotidien. Non seulement la Turquie détourne les fonds mais elle arrête les blessés venant de Kobanê sur leur lit d'hôpital pour les emmenés menottés en garde à vue.
Elle ne reconnaît pas leur statut de réfugiés aux habitants des camps, elle use de la fatigue psychologique en promettant par exemple de l'electricité suffisante dans les camps et ne la fournit pas, elle soutient militairement et sanitairement les terroristes de Daesh, les nommant hier soir encore à la télévision « des militants » alors qu'elle continue à désigner les résistants de Kobanê comme des « terroristes ».
Ce nouveau voyage sur place, nous confirme que le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes devient une urgence. Cette situation permet à la Turquie de bénéficier d'une impunité totale, choquante, de la part des puissances occidentales, dont la France.
(1) La délégation était composée de Laura Cavoleau, Olivier Chapuliot, Sylvie Jan, Michel Laurent, Cémilé Renklicay.
(2) Kobanê/Suruç report - novembre 2014 - Coordination de crise de Kobanê et Suruç.
Sylvie JAN et Michel LAURENT.
source:http://www.humanite.fr/blogs/amplifier-la-solidarite-avec-les-refugies-de-kobane-561174