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mercredi 26 novembre 2014
Les députés Front de gauche organisaient le 25 novembre 2014, une conférence de presse à l’Assemblée nationale à propos du vote prochain de la reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Voici le texte liminaire prononcé par le député François ASENSI, membre de la commission des affaires étrangères, qui sera par ailleurs l’orateur du groupe Front de gauche lors de l’examen de la résolution, le vendredi 28 et le mardi 2 décembre.
Intervention liminaire de François ASENSI :
Mardi prochain, l’Assemblée nationale se prononcera sur une résolution invitant le Gouvernement français à reconnaître l’Etat de Palestine.
Pour les députés communistes et du Front de gauche, il s’agit d’un combat historique en faveur de la liberté d’un peuple d’une extraordinaire dignité. Il s’agit d’une exigence de justice pour briser le joug colonial là où il subsiste C’est notre priorité dans le domaine des affaires étrangères puisqu’à chaque législature, nous avons réclamé cette reconnaissance. Dès le début de cette législature, en septembre 2012, nous avons déposé une résolution en ce sens.
A 24 reprises, nous l’avons demandé dans l’hémicycle de cette assemblée, et j’ai personnellement interrogé par 3 fois le ministre des Affaires étrangères lors des questions d’actualité.
Aujourd’hui, les choses semblent mûres, enfin.
Ce vote n’est pas un vote contre qui que ce soit, ni pour qui ce soit. C’est un vote pour la Paix, un vote pour la Justice, un vote pour la sécurité de l’Etat d’Israël et de tout le Moyen-Orient.
- 1- La reconnaissance de l’Etat de Palestine n’a rien d’une faveur, il s’agit d’un droit inaliénable du peuple palestinien. Son droit à disposer de son propre Etat est reconnu par le droit international, notamment par la Cour Internationale de Justice de 2004 et les résolutions du Conseil de sécurité n°242 et 1860 qui délimitent cet Etat occupé sur les frontières de 1967, avec Jérusalem Est comme capitale. C’est une conséquence logique de son entrée à l’UNESCO et de son statut d’Etat observateur à l’ONU depuis 2012. En 1948, il était clair pour l’ONU que deux Etats seraient créés sur les ruines de l’empire colonial britannique. Pourtant un seul Etat fut reconnu par la communauté internationale. Il est plus que temps de réparer cette injustice.
- 2- La reconnaissance de l’Etat de Palestine est une urgence compte-tenu de la situation explosive à Jérusalem, à Gaza, et dans les territoires occupés. La menace d’une Troisième intifada est une préoccupation bien réelle. Chaque jour qui passe affaiblit les espoirs de paix, attise le désespoir et sape la viabilité même du futur Etat palestinien. En jouant la montre et en pratiquant la politique du fait accompli, le gouvernement israélien a considérablement renforcé la colonisation des territoires palestiniens, en toute illégalité. Sa stratégie consiste à créer de véritables bantoustans. Il faut sortir de cette impasse ! Le statu quo n’a que trop nourrit le terreau des extrémismes des deux camps. Seul un message de fermeté peut inviter le gouvernement israélien à revenir autour de la table en respectant le droit international.
- 3- Je crois qu’il existe désormais une conviction largement partagée dans le monde, que seule la reconnaissance de l’Etat palestinien est à même de relancer le processus de paix. A l’heure actuelle, les négociations de paix sont marquées par une inégalité flagrante : d’un côté une puissance occupante, doté du monopole de l’usage légitime de la violence sur l’essentiel du territoire palestinien et exerçant une véritable tutelle financière par la collecte des taxes. De l’autre, un gouvernement certes légitime, mais maître d’un Etat en devenir morcelé par la colonisation, et d’un peuple soumis à des décennies d’humiliations et de privations. Comment négocier sur un pied d’égalité quand l’une des parties demeure à la merci de l’autre ?
- 4- Enfin, la création de l’Etat palestinien constitue le plus sûr gage de la sécurité d’Israël pour aujourd’hui et surtout pour demain. Parce que nous sommes amis du peuple israélien et solidaires des forces pacifistes qui s’y expriment, nous devons aider la société israélienne de sortir de l’illusion selon laquelle Israël assurera sa sécurité en opprimant les justes revendications des palestiniens. Il n’y aura pas de paix durable sans justice, comme le clament plusieurs centaines d’intellectuels israéliens, ou encore l’ancien ambassadeur israélien en France Elie Barnavi. Reconnaitre la Palestine, c’est désarmer ceux qui instrumentalisent la cause palestinienne pour des visées terroristes et totalitaires.
Par conséquent, le vote de mardi prochain aura assurément une portée historique. Il peut permettre enfin à la France de retrouver son message en faveur de l’émancipation des peuples et la voie de l’indépendance diplomatique, à l’instar de la reconnaissance de la Chine par De Gaulle en 1964.
137 pays dans le monde reconnaissent déjà l’Etat de Palestine. La Suède a franchi ce cap et ouvert la voie en Europe. Les parlements britanniques, espagnols, irlandais, à de très confortables majorités, ont soutenu cette idée. La France ne peut rester plus longtemps à la remorque du concert des Nations.
Depuis le mois d’octobre, nous avons proposé au Président Bartolone que ce sujet soit mis à l’ordre du jour de notre assemblée. Dans un nouveau courrier le 13 novembre, nous avons demandé une discussion commune des trois résolutions déposées sur ce sujet, dans un souci de rassemblement et pour donner encore plus de force à la parole de la France. Aucun de ces courriers n’a reçu de réponse. Nous regrettons ce manque de respect pour le Parlement.
Mais, l’essentiel est aujourd’hui que ce débat ait enfin lieu. Le 2 décembre, les députés du Front de gauche voteront avec enthousiasme pour la reconnaissance de l’Etat palestinien, en demandant au Gouvernement français de suivre le vote de la représentation nationale et d’accorder officiellement la reconnaissance de la Palestine au lendemain de ce vote.
La résolution que nous examinerons ayant été rédigée avec l’aval de Laurent Fabius, il serait inconcevable que le gouvernement n’aille pas au bout de cette démarche.
source:http://www.elunet.org/spip.php?article82486