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BOLIVIE : LES AILES IMMORTELLES DU CONDOR
Les élections générales du 12 octobre s’annoncent sous de bons auspices pour le président Evo Morales, le MAS (Mouvement vers le socialisme) et ses militants, majoritairement Indiens. « El Deber », journal de l’opposition de la riche province de Santa Cruz a publié récemment un sondage qui donne la victoire dès le premier tour à Evo Morales, avec 56% des voix. S’il faut, en Bolivie comme ailleurs, se méfier beaucoup des sondages, dans la dernière période ils confirment tous la réélection, au premier tour, du président sortant Evo Morales
Le quotidien « Nuevo Herald » du 5 août 2014 publie lui aussi un sondage convergent. Le principal opposant de Morales, le chef d’entreprise de droite (du parti « Unidad Nacional ») Samuel Doria Medina, ne décolle pas et stagne autour de 15%. L’ex-allié du MAS, le social-démocrate Juan del Granado, du « Mouvement sans peur », est crédité de 4%, tout comme l’ex-président , le très réactionnaire Jorge Quiroga. L’intérêt de ces sondages réside aussi dans les bons scores annoncés pour le MAS dans le bastion conservateur (blanc) de Santa Cruz (du gouverneur Ruben Costas, allié de Doria Medina) ; en 2008, Santa Cruz avait tenté de faire sécession, entraînant avec elles les cinq provinces plutôt aisées, de la « media luna ».
Si la prudence doit rester de mise, les sondages de cette fin d’août 2014 traduisent le bon bilan du MAS. Même le secteur patronal de Santa Cruz se montre satisfait de la stabilité du pays. Pour l’heure, la campagne électorale se déroule dans le calme. Une délégation de l’OEA en charge de suivre les élections a souligné la transparence démocratique du processus.
Le président EVO MORALES et le vice-président, l’intellectuel GARCIA LINERA, sollicitent un troisième mandat. La nouvelle constitution de 2009 n’en autorise que deux consécutifs, mais le premier (2006-2010) des deux hommes est antérieur à 2009. Le Tribunal Suprême a validé leurs candidatures.
Si le bilan « del hermano EVO » est majoritairement apprécié dans ce pays qui était l’un des plus pauvres d’Amérique du sud, où les Indiens étaient niés, beaucoup reste encore à faire , comme l’a montré « l’affaire du travail des enfants », choquante dans une optique « occidentale » de « pays riche ». Le travail des enfants a reculé mais demeure encore une réalité douloureuse en Bolivie. Petits vendeurs des rues, etc., leurs associations ont demandé et obtenu qu’ils bénéficient d’un statut reconnu. Cela n’a pas manqué d’affoler les pseudos bonnes âmes de chez nous, très promptes à juger en surface dès qu’il s’agit de processus anti-impérialistes. La révolution doit faire face à des problèmes endémiques (insécurité, corruption, emploi...) et devra continuer de s’y attaquer avec détermination.
Mais que de changements et que de dignité en marche au pays du lac sacré et du majestueux condor que les Indiens croyaient immortel.
La nationalisation des hydrocarbures, en 2006, a permis une meilleure redistribution, et notamment l’attribution à 1 008 136 mères et enfants pauvres d’une aide sous forme du « Bono (bon) Juana Azurduy ». Dans les trois dernières années, le taux de malnutrition infantile est passé de 21% à 16%.
Où étaient les bonnes âmes lorsque le véritable président du pays était l’ambassadeur américain ?
Lorsque les coups d’Etat se succédaient ?
Lorsque les multinationales des hydrocarbures empochaient 82% des bénéfices ?
lorsqu’en juin 2013 le gouvernement « socialiste » français interdit au président bolivien le survol du territoire français sous prétexte fallacieux que son avion était susceptible d’abriter Edward Snowden? Cette humiliation diplomatique fut ressentie comme une offense dans toute l’Amérique latine.
La Bolivie vole désormais de ses propres ailes et entend les déployer longtemps.
source:http://www.humanite.fr/blogs/bolivie-les-ailes-immortelles-du-condor-550308