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BNP-Paribas plaide coupable. BNP-Paribas paie une amende équivalente à un an de bénéfice à l’Etat américain : 9 milliards de dollars, soit plus de 6,5 milliards d’euros. Non pas pour avoir trompé ses clients. Mais bien pour avoir fait des transactions juteuses avec des pays sous embargo américain comme l’Iran, le Soudan et Cuba. Et l’Etat belge, principal actionnaire, est aux abonnés absents. Quatre leçons à en tirer.
1. Des banques privées peuvent payer beaucoup d’argent à l’Etat. Et les Etats ne sont pas si impuissants que ça. A ceux qui hurlent que les banques vont mourir si elles paient les impôts normaux sur leurs bénéfices (33,99 %), la preuve est faite : c’est possible.
2. L’actionnaire principal (à hauteur de 10 %), l’Etat belge a été aux abonnés absents dans toute cette affaire. Il a investi un capital considérable dans BNP-Paribas lors de la revente de Fortis mais visiblement, il ne surveille pas, il ne contrôle pas ce qu’on fait avec l’argent du contribuable belge. Car ce n’est pas par sensibilité castriste que BNP va à Cuba, mais pour faire du fric. Résultat : les dividendes versés à l’Etat belge ne seront pas versés cette année ni l’année prochaine. Soit finalement un montant de 400 millions d’euros en moins pour le budget.
Rappelons que le ministre libéral des Finances Reynders avait dit que la revente de Fortis à une banque privée allait nous rapporter plutôt que nous coûter... Et qu’on pouvait faire confiance (aveuglément visiblement) à une grande banque privée européenne.
3. L’Etat belge doit reprendre le contrôle du secteur bancaire où il a des intérêts. Savoir ce qu’on fait avec l’argent des épargnants. Or maintenant, tout est opaque et est laissé dans les mains de banquiers privés. Si l’Etat investit tellement d’argent dans le monde bancaire, il devrait entièrement le contrôler, faire en sorte que l’argent du petit épargnant soit protégé de toute spéculation (et autre transaction douteuse), et que des prêts bon marché puissent être accordés aux citoyens. Bref, qu’il y ait une banque publique, un service public bancaire, une CGER du 21e siècle.
4. Enfin, ne soyons pas naïfs. L’affaire est présentée comme un action décidée de la Justice contre les dérives bancaires. A priori positif sauf que cette Justice a une double morale.
La Justice poursuit ici pour contournement d’embargo américain envers des pays du Tiers-Monde (comme Cuba), pas pour avoir magouillé avec l’épargne des simples citoyens. L’enjeu est géostratégique et est lié à la concurrence économique entre Etats-Unis et Europe. Ainsi l’amende moyenne payée par les banques américaines dans des affaires similaires est de 4,7 millions d’euros alors que les banques européennes ont payé en moyenne 35 millions d’euros. « Goldman Sachs a abusé des clients pour des milliards mais s’en tire avec seulement 550 millions d’euros d’amende », note l’économiste De Grauwe.