/image%2F1031403%2F20140708%2Fob_3c5545_qc-com.gif)
Par André Parizeau,
Chef du PCQ
Cela aura finalement pris 9 neuf ans. Ce fut long . Très long. Lors d'une première tentative de contester devant la Cour suprême, le syndicat des TUAC (FTQ), représentant les 190 travailleurs et travailleuses du magasin Wall-Mart de Joncquière, tous congédiés en 2005, des suites de la fermeture sauvage de celui-ci, avait d'abord été débouté dans ses démarches. Et puis, vendredi dernier, soit le 27 juin, voilà enfin qu'une majorité de juges du plus haut tribunal du Canada -- 5 contre 2 -- leur donnait raison.
C'était pas trop tôt. Pour nous, au PCQ, cela ne changera pas pour autant notre appréciation plus globale de cette institution, de même que de tout le système judiciaire canadien qui est vraiment déficient. Le fait que cela ait pris 9 ans pour que Wall-Mart soit enfin trouvée coupable dans une cause qui était pourtant assez évidente, pour la plupart des gens, témoigne des problèmes inhérents à ce système.
On ne peut en même temps que se réjouir pour ces mêmes travailleurs et travailleuses. Ce jugement crée du même coup une nouvelle jurisprudence qui devrait aider dans le futur tous ceux et celles qui voudraient encore se syndiquer, ce qui n'est pas négligeable. Loin de là. On ne s'en plaindra pas.
Dans le cadre du combat quotidien des travailleurs et des travailleuses pour obtenir juste et lutter contre une exploitation et des injustices de plus en plus criantes, il faut prendre tout ce qui passe et savoir en même temps user de toutes les failles et faiblesses qui peuvent exister dans le camp de nos adversaires. Car ne nous faisons pas d'illusions. Le système judiciaire canadien, même avec ses particularités québécoises, demeure un instrument d'asservissement des travailleurs et des travailleuses, de même que de la nation québécoise soit dit en passant. La Cour suprême l'a a maintes fois démontré dans le passé et continuera encore de le faire, on peut en être assuré.
***
Dans ce contexte, il est plutôt navrant de lire ce qu'écrivait, sur son blog, pas plus tard qu'hier, l'ex-chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, en laissant entendre que ce jugement de la Cour suprême mérite d'être salué parce que cela permettrait de corriger le tir face à des multinationales comme Wall-Mart qui " nuirait " à la bonne marche et au futur du capitalisme, comme si les travailleurs et les travailleuses se devaient d'avoir à coeur l'avenir d'une société dont les fondements reposent justement sur l'exploitation, plutôt que sur des principes d'équité et de justice.
Je le cite :
Le capitalisme ne peut progresser que dans le respect des uns envers les autres, c’est-à-dire entre les travailleurs et les patrons. Les patrons doivent comprendre que le capitalisme ne peut se développer sans un meilleur partage des profits. Les travailleurs doivent pour leur part comprendre que sans profit raisonnable il ne peut y avoir de salaires décents.
Ces réalités fondamentales Wall Mart ne les a jamais comprises et s’est toujours comporté comme un mauvais citoyen corporatif, voire un voyou des relations de travail. Ce type de patrons nuit au développement responsable du capitalisme et les organisations patronales ont le devoir moral de dénoncer ce genre de comportement, tout comme les syndicats ont la responsabilité sociale de dénoncer le recours à la violence de certains de leurs membres ainsi que l’acoquinement avec des éléments du crime organisé.
De la part d'un ex-syndicaliste, qui fut également communiste, de surcroît, alors qu'il œuvrait pour les syndicats, cela fait dur. Cela s'ajoute à une série d'autres déclarations toutes aussi bizarres et critiquables, les unes que les autres, et qui pouvaient en même temps porter sur une foule d'autres sujets. Comme quoi Gilles Duceppe aurait peut-être avantage, des fois, à y penser un peu plus, avant de dire ou d'écrire quelque chose.
Une telle déclaration, comme celle faite hier, revient à complètement faire abstraction d'un élément pourtant central au capitalisme -- une chose que Gilles Duceppe ne sait que trop bien lui-même --, soit le fait que les droits de gérance des entreprises auront toujours tendance à passer avant ceux des travailleurs et des travailleuses, tant et aussi longtemps que nous vivrons sous le capitalisme.
Le fait que des juges puissent, à l'occasion, passer outre à cette règle, quand les choses deviennent trop évidentes et que de ne pas aller dans ce sens pourrait générer trop de problèmes, ce qui était le cas ici, ne change pas fondamentalement la donne.
Il est du reste plutôt instructif de lire l'argumentaire des 2 juges dissidents dans la cause finalement rendue vendredi contre Wall-Mart. On y explique notamment que l'application de l'article 59 du code du travail, qui dit qu'un employeur ne peut décider de modifier unilatéralement les conditions de ses travailleurs et travailleuses une fois que ceux-ci se sont syndiqués, ne devrait pas s'appliquer dans les cas de fermeture complète. Et voilà ! On en revient toujours au même point.
Qu'un employeur soit particulièrement véreux, comme Wall-Mart-Mart l'est, ou qu'il soit plus " civilisé ", cette loi non écrite nulle part, mais non moins centrale au système capitaliste, à propos de la suprématie des droits de gérance des compagnies, restera toujours là, tant qu'on n'aura pas remis en cause les fondements de ce même système.
***
Nous, au PCQ, si nous étions au pouvoir, dans le cadre d'un Québec indépendant et socialiste, en alliances avec d'autres forces politiques, nous nous assurerions de renverser de manière très claire cet ordre des choses, en faisant en sorte que les droits des travailleurs et des travailleuses soient en haut de la pyramide, par rapport à ceux des entreprises. C'est d'ailleurs noir sur blanc dans notre programmeé.
Nous nous assurerions également que cela soient clairement inscrit dans la Constitution du Québec. De cette manière, les travailleurs et les travailleuses, de même que les syndicats qui les représentent, n'auraient plus à attendre jusqu'à 9 ans avant de pouvoir se faire dire qu'ils et elles ont raison.
***
Même si Wall-Mart a finalement été trouvé coupable d'avoir cherché à se mettre au dessus des lois et de ses propres obligations, tout n'est pas encore réglé pour autant au niveau des travailleurs et des travailleuses de Joncquière, parce qu'il faudra encore attendre un peu plus avant de savoir ce que seront les compensations qui seront conséquemment à ce jugement offerts à ceux-ci, ainsi qu'à celles-ci. On peut seulement espérer que ces compensations seront à la hauteur des préjudices et des privations que l'attitude de Wall-Mart leur aura causé toutes ces années.
Rappelons en même temps que Wall-Mart est la plus importante compagnie au monde, avec plus de 2 millions d'employés, dont la très grande majorité ne sont pas syndiquée. C'est aussi une des plus riches, avec une capitalisation qui n'aurait d'égale, selon certains spécialistes, que celle d'Apple. Les travailleurs et les travailleuses de Wall-Mart doivent pour leur part se contentés de salaires qui dépassent rarement, dans chaque pays, le salaire minimum.
De manière plus globale, le jugement de la Cour suprême devrait en même temps faire en sorte que tous les Wall-Mart, McDonald, et Couche-Tard de ce monde, soit toutes ces compagnies qui n'ont jamais hésité à fermer une succursale, un entrepôt, ou un magasin, pour mieux empêcher la syndicalisation de leurs employés, y penseront peut-être un peu plus avant de répéter ce genre de scénarios.
Félicitations donc au syndicat TUAC (FTQ) pour sa ténacité et sa volonté à ne jamais lâcher dans ce dossier. Cela mérite très certainement d'être noté. Comme le soulignait la FTQ, dans un communiqué émis plus tôt, soit dès le 27 juin, c'est en même temps une " victoire pour l'ensemble du mouvement syndical québécois ".
***
Le rôle joué par le syndicat des TUAC, dans ce dossier, montre l'importance cruciale que le mouvement syndical peut et doit absolument continuer de remplir dans la lutte plus globable pour changer en profondeur la société québécoise.
Cela inclut bien sûr le combat pour l'obtention de l'indépendance pour le Québec, mais aussi la lutte pour se débarasser de manière complète et durable des affres de ce système capitaliste et faire en sorte que tous les travailleurs et les travailleuses, qui forment déjà la grande majorité de la population, puissent véritablement prendre la place qui leur revient.
Cela aura finalement pris 9 neuf ans. Ce fut long . Très long. Lors d'une première tentative de contester devant la Cour suprême, le syndicat des TUAC (FTQ), représentant les 190 travailleurs et travailleuses du magasin Wall-Mart de Joncquière, tous congédiés en 2005, des suites de la fermeture sauvage de celui-ci, avait d'abord été débouté dans ses démarches. Et puis, vendredi dernier, soit le 27 juin, voilà enfin qu'une majorité de juges du plus haut tribunal du Canada -- 5 contre 2 -- leur donnait raison.
C'était pas trop tôt. Pour nous, au PCQ, cela ne changera pas pour autant notre appréciation plus globale de cette institution, de même que de tout le système judiciaire canadien qui est vraiment déficient. Le fait que cela ait pris 9 ans pour que Wall-Mart soit enfin trouvée coupable dans une cause qui était pourtant assez évidente, pour la plupart des gens, témoigne des problèmes inhérents à ce système.
On ne peut en même temps que se réjouir pour ces mêmes travailleurs et travailleuses. Ce jugement crée du même coup une nouvelle jurisprudence qui devrait aider dans le futur tous ceux et celles qui voudraient encore se syndiquer, ce qui n'est pas négligeable. Loin de là. On ne s'en plaindra pas.
Dans le cadre du combat quotidien des travailleurs et des travailleuses pour obtenir juste et lutter contre une exploitation et des injustices de plus en plus criantes, il faut prendre tout ce qui passe et savoir en même temps user de toutes les failles et faiblesses qui peuvent exister dans le camp de nos adversaires. Car ne nous faisons pas d'illusions. Le système judiciaire canadien, même avec ses particularités québécoises, demeure un instrument d'asservissement des travailleurs et des travailleuses, de même que de la nation québécoise soit dit en passant. La Cour suprême l'a a maintes fois démontré dans le passé et continuera encore de le faire, on peut en être assuré.
***
Dans ce contexte, il est plutôt navrant de lire ce qu'écrivait, sur son blog, pas plus tard qu'hier, l'ex-chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, en laissant entendre que ce jugement de la Cour suprême mérite d'être salué parce que cela permettrait de corriger le tir face à des multinationales comme Wall-Mart qui " nuirait " à la bonne marche et au futur du capitalisme, comme si les travailleurs et les travailleuses se devaient d'avoir à coeur l'avenir d'une société dont les fondements reposent justement sur l'exploitation, plutôt que sur des principes d'équité et de justice.
Je le cite :
Le capitalisme ne peut progresser que dans le respect des uns envers les autres, c’est-à-dire entre les travailleurs et les patrons. Les patrons doivent comprendre que le capitalisme ne peut se développer sans un meilleur partage des profits. Les travailleurs doivent pour leur part comprendre que sans profit raisonnable il ne peut y avoir de salaires décents.
Ces réalités fondamentales Wall Mart ne les a jamais comprises et s’est toujours comporté comme un mauvais citoyen corporatif, voire un voyou des relations de travail. Ce type de patrons nuit au développement responsable du capitalisme et les organisations patronales ont le devoir moral de dénoncer ce genre de comportement, tout comme les syndicats ont la responsabilité sociale de dénoncer le recours à la violence de certains de leurs membres ainsi que l’acoquinement avec des éléments du crime organisé.
De la part d'un ex-syndicaliste, qui fut également communiste, de surcroît, alors qu'il œuvrait pour les syndicats, cela fait dur. Cela s'ajoute à une série d'autres déclarations toutes aussi bizarres et critiquables, les unes que les autres, et qui pouvaient en même temps porter sur une foule d'autres sujets. Comme quoi Gilles Duceppe aurait peut-être avantage, des fois, à y penser un peu plus, avant de dire ou d'écrire quelque chose.
Une telle déclaration, comme celle faite hier, revient à complètement faire abstraction d'un élément pourtant central au capitalisme -- une chose que Gilles Duceppe ne sait que trop bien lui-même --, soit le fait que les droits de gérance des entreprises auront toujours tendance à passer avant ceux des travailleurs et des travailleuses, tant et aussi longtemps que nous vivrons sous le capitalisme.
Le fait que des juges puissent, à l'occasion, passer outre à cette règle, quand les choses deviennent trop évidentes et que de ne pas aller dans ce sens pourrait générer trop de problèmes, ce qui était le cas ici, ne change pas fondamentalement la donne.
Il est du reste plutôt instructif de lire l'argumentaire des 2 juges dissidents dans la cause finalement rendue vendredi contre Wall-Mart. On y explique notamment que l'application de l'article 59 du code du travail, qui dit qu'un employeur ne peut décider de modifier unilatéralement les conditions de ses travailleurs et travailleuses une fois que ceux-ci se sont syndiqués, ne devrait pas s'appliquer dans les cas de fermeture complète. Et voilà ! On en revient toujours au même point.
Qu'un employeur soit particulièrement véreux, comme Wall-Mart-Mart l'est, ou qu'il soit plus "civilisé ", cette loi non écrite nulle part, mais non moins centrale au système capitaliste, à propos de la suprématie des droits de gérance des compagnies, restera toujours là, tant qu'on n'aura pas remis en cause les fondements de ce même système.
***
Nous, au PCQ, si nous étions au pouvoir, dans le cadre d'un Québec indépendant et socialiste, en alliances avec d'autres forces politiques, nous nous assurerions de renverser de manière très claire cet ordre des choses, en faisant en sorte que les droits des travailleurs et des travailleuses soient en haut de la pyramide, par rapport à ceux des entreprises. C'est d'ailleurs noir sur blanc dans notre programmeé.
Nous nous assurerions également que cela soient clairement inscrit dans la Constitution du Québec. De cette manière, les travailleurs et les travailleuses, de même que les syndicats qui les représentent, n'auraient plus à attendre jusqu'à 9 ans avant de pouvoir se faire dire qu'ils et elles ont raison.
***
Même si Wall-Mart a finalement été trouvé coupable d'avoir cherché à se mettre au dessus des lois et de ses propres obligations, tout n'est pas encore réglé pour autant au niveau des travailleurs et des travailleuses de Joncquière, parce qu'il faudra encore attendre un peu plus avant de savoir ce que seront les compensations qui seront conséquemment à ce jugement offerts à ceux-ci, ainsi qu'à celles-ci. On peut seulement espérer que ces compensations seront à la hauteur des préjudices et des privations que l'attitude de Wall-Mart leur aura causé toutes ces années.
Rappelons en même temps que Wall-Mart est la plus importante compagnie au monde, avec plus de 2 millions d'employés, dont la très grande majorité ne sont pas syndiquée. C'est aussi une des plus riches, avec une capitalisation qui n'aurait d'égale, selon certains spécialistes, que celle d'Apple. Les travailleurs et les travailleuses de Wall-Mart doivent pour leur part se contentés de salaires qui dépassent rarement, dans chaque pays, le salaire minimum.
De manière plus globale, le jugement de la Cour suprême devrait en même temps faire en sorte que tous les Wall-Mart, McDonald, et Couche-Tard de ce monde, soit toutes ces compagnies qui n'ont jamais hésité à fermer une succursale, un entrepôt, ou un magasin, pour mieux empêcher la syndicalisation de leurs employés, y penseront peut-être un peu plus avant de répéter ce genre de scénarios.
Félicitations donc au syndicat TUAC (FTQ) pour sa ténacité et sa volonté à ne jamais lâcher dans ce dossier. Cela mérite très certainement d'être noté. Comme le soulignait la FTQ, dans un communiqué émis plus tôt, soit dès le 27 juin, c'est en même temps une " victoire pour l'ensemble du mouvement syndical québécois ".
***
Le rôle joué par le syndicat des TUAC, dans ce dossier, montre l'importance cruciale que le mouvement syndical peut et doit absolument continuer de remplir dans la lutte plus globable pour changer en profondeur la société québécoise.
Cela inclut bien sûr le combat pour l'obtention de l'indépendance pour le Québec, mais aussi la lutte pour se débarasser de manière complète et durable des affres de ce système capitaliste et faire en sorte que tous les travailleurs et les travailleuses, qui forment déjà la grande majorité de la population, puissent véritablement prendre la place qui leur revient.
Cela aura finalement pris 9 neuf ans. Ce fut long . Très long. Lors d'une première tentative de contester devant la Cour suprême, le syndicat des TUAC (FTQ), représentant les 190 travailleurs et travailleuses du magasin Wall-Mart de Joncquière, tous congédiés en 2005, des suites de la fermeture sauvage de celui-ci, avait d'abord été débouté dans ses démarches. Et puis, vendredi dernier, soit le 27 juin, voilà enfin qu'une majorité de juges du plus haut tribunal du Canada -- 5 contre 2 -- leur donnait raison.
C'était pas trop tôt. Pour nous, au PCQ, cela ne changera pas pour autant notre appréciation plus globale de cette institution, de même que de tout le système judiciaire canadien qui est vraiment déficient. Le fait que cela ait pris 9 ans pour que Wall-Mart soit enfin trouvée coupable dans une cause qui était pourtant assez évidente, pour la plupart des gens, témoigne des problèmes inhérents à ce système.
On ne peut en même temps que se réjouir pour ces mêmes travailleurs et travailleuses. Ce jugement crée du même coup une nouvelle jurisprudence qui devrait aider dans le futur tous ceux et celles qui voudraient encore se syndiquer, ce qui n'est pas négligeable. Loin de là. On ne s'en plaindra pas.
Dans le cadre du combat quotidien des travailleurs et des travailleuses pour obtenir juste et lutter contre une exploitation et des injustices de plus en plus criantes, il faut prendre tout ce qui passe et savoir en même temps user de toutes les failles et faiblesses qui peuvent exister dans le camp de nos adversaires. Car ne nous faisons pas d'illusions. Le système judiciaire canadien, même avec ses particularités québécoises, demeure un instrument d'asservissement des travailleurs et des travailleuses, de même que de la nation québécoise soit dit en passant. La Cour suprême l'a a maintes fois démontré dans le passé et continuera encore de le faire, on peut en être assuré.
***
Dans ce contexte, il est plutôt navrant de lire ce qu'écrivait, sur son blog, pas plus tard qu'hier, l'ex-chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, en laissant entendre que ce jugement de la Cour suprême mérite d'être salué parce que cela permettrait de corriger le tir face à des multinationales comme Wall-Mart qui " nuirait " à la bonne marche et au futur du capitalisme, comme si les travailleurs et les travailleuses se devaient d'avoir à coeur l'avenir d'une société dont les fondements reposent justement sur l'exploitation, plutôt que sur des principes d'équité et de justice.
Je le cite :
Le capitalisme ne peut progresser que dans le respect des uns envers les autres, c’est-à-dire entre les travailleurs et les patrons. Les patrons doivent comprendre que le capitalisme ne peut se développer sans un meilleur partage des profits. Les travailleurs doivent pour leur part comprendre que sans profit raisonnable il ne peut y avoir de salaires décents.
Ces réalités fondamentales Wall Mart ne les a jamais comprises et s’est toujours comporté comme un mauvais citoyen corporatif, voire un voyou des relations de travail. Ce type de patrons nuit au développement responsable du capitalisme et les organisations patronales ont le devoir moral de dénoncer ce genre de comportement, tout comme les syndicats ont la responsabilité sociale de dénoncer le recours à la violence de certains de leurs membres ainsi que l’acoquinement avec des éléments du crime organisé.
De la part d'un ex-syndicaliste, qui fut également communiste, de surcroît, alors qu'il œuvrait pour les syndicats, cela fait dur. Cela s'ajoute à une série d'autres déclarations toutes aussi bizarres et critiquables, les unes que les autres, et qui pouvaient en même temps porter sur une foule d'autres sujets. Comme quoi Gilles Duceppe aurait peut-être avantage, des fois, à y penser un peu plus, avant de dire ou d'écrire quelque chose.
Une telle déclaration, comme celle faite hier, revient à complètement faire abstraction d'un élément pourtant central au capitalisme -- une chose que Gilles Duceppe ne sait que trop bien lui-même --, soit le fait que les droits de gérance des entreprises auront toujours tendance à passer avant ceux des travailleurs et des travailleuses, tant et aussi longtemps que nous vivrons sous le capitalisme.
Le fait que des juges puissent, à l'occasion, passer outre à cette règle, quand les choses deviennent trop évidentes et que de ne pas aller dans ce sens pourrait générer trop de problèmes, ce qui était le cas ici, ne change pas fondamentalement la donne.
Il est du reste plutôt instructif de lire l'argumentaire des 2 juges dissidents dans la cause finalement rendue vendredi contre Wall-Mart. On y explique notamment que l'application de l'article 59 du code du travail, qui dit qu'un employeur ne peut décider de modifier unilatéralement les conditions de ses travailleurs et travailleuses une fois que ceux-ci se sont syndiqués, ne devrait pas s'appliquer dans les cas de fermeture complète. Et voilà ! On en revient toujours au même point.
Qu'un employeur soit particulièrement véreux, comme Wall-Mart-Mart l'est, ou qu'il soit plus "civilisé ", cette loi non écrite nulle part, mais non moins centrale au système capitaliste, à propos de la suprématie des droits de gérance des compagnies, restera toujours là, tant qu'on n'aura pas remis en cause les fondements de ce même système.
***
Nous, au PCQ, si nous étions au pouvoir, dans le cadre d'un Québec indépendant et socialiste, en alliances avec d'autres forces politiques, nous nous assurerions de renverser de manière très claire cet ordre des choses, en faisant en sorte que les droits des travailleurs et des travailleuses soient en haut de la pyramide, par rapport à ceux des entreprises. C'est d'ailleurs noir sur blanc dans notre programmeé.
Nous nous assurerions également que cela soient clairement inscrit dans la Constitution du Québec. De cette manière, les travailleurs et les travailleuses, de même que les syndicats qui les représentent, n'auraient plus à attendre jusqu'à 9 ans avant de pouvoir se faire dire qu'ils et elles ont raison.
***
Même si Wall-Mart a finalement été trouvé coupable d'avoir cherché à se mettre au dessus des lois et de ses propres obligations, tout n'est pas encore réglé pour autant au niveau des travailleurs et des travailleuses de Joncquière, parce qu'il faudra encore attendre un peu plus avant de savoir ce que seront les compensations qui seront conséquemment à ce jugement offerts à ceux-ci, ainsi qu'à celles-ci. On peut seulement espérer que ces compensations seront à la hauteur des préjudices et des privations que l'attitude de Wall-Mart leur aura causé toutes ces années.
Rappelons en même temps que Wall-Mart est la plus importante compagnie au monde, avec plus de 2 millions d'employés, dont la très grande majorité ne sont pas syndiquée. C'est aussi une des plus riches, avec une capitalisation qui n'aurait d'égale, selon certains spécialistes, que celle d'Apple. Les travailleurs et les travailleuses de Wall-Mart doivent pour leur part se contentés de salaires qui dépassent rarement, dans chaque pays, le salaire minimum.
De manière plus globale, le jugement de la Cour suprême devrait en même temps faire en sorte que tous les Wall-Mart, McDonald, et Couche-Tard de ce monde, soit toutes ces compagnies qui n'ont jamais hésité à fermer une succursale, un entrepôt, ou un magasin, pour mieux empêcher la syndicalisation de leurs employés, y penseront peut-être un peu plus avant de répéter ce genre de scénarios.
Félicitations donc au syndicat TUAC (FTQ) pour sa ténacité et sa volonté à ne jamais lâcher dans ce dossier. Cela mérite très certainement d'être noté. Comme le soulignait la FTQ, dans un communiqué émis plus tôt, soit dès le 27 juin, c'est en même temps une " victoire pour l'ensemble du mouvement syndical québécois ".
***
Le rôle joué par le syndicat des TUAC, dans ce dossier, montre l'importance cruciale que le mouvement syndical peut et doit absolument continuer de remplir dans la lutte plus globable pour changer en profondeur la société québécoise.
Cela inclut bien sûr le combat pour l'obtention de l'indépendance pour le Québec, mais aussi la lutte pour se débarasser de manière complète et durable des affres de ce système capitaliste et faire en sorte que tous les travailleurs et les travailleuses, qui forment déjà la grande majorité de la population, puissent véritablement prendre la place qui leur revient.