Réactions de Paul Vergès aux mutations en cours à la Réunion

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Tout s'accélère et rien ne bouge. Réforme territoriale, octroi de mer, accords sucriers, les accords APE… Paul Vergès fulmine contre la classe politique locale qui, selon lui, reste apathique devant les changements cruciaux qui s'annoncent dans les semaines à venir. "Je suis terrifié par cet aveuglement politique à La Réunion, a-t-il pesté. C'est dramatique, tragique ! Il faut que les Réunionnais se concertent au lieu de batailler pour les Régionales". Une dramatisation justifiée, selon Paul Vergès, par l'actualité et l'Histoire. Le sénateur de l'Alliance a principalement visé la réforme territoriale consistant principalement à supprimer le Conseil général pour transférer ses compétences vers la Région ou les intercommunalités. Tout sera bouclé d'ici octobre sans qu'aucun débat sérieux n'ait été organisé.

Aucun changement d'une telle ampleur n'est intervenu depuis la Départementalisation de 1946 et l'Abolition de l'esclavage en 1848, selon le parlementaire.

C'est la raison pour laquelle le fondateur du PCR s'est livré à une analyse historique des 70 dernières années. "Deux événements majeurs ont tout changé, a-t-il affirmé avec moult détails. "D'abord, le problème de cohésion sociale issu des inégalités de revenus" entre le secteur public avantageusement aligné sur le cadre général dès janvier 1947 [l'équivalent des privilèges du statut colonial et le secteur privé paupérisé. Ce flux financier vertical a favorisé la constitution des grands monopoles, notamment celui de la grande distribution et par conséquent le déséquilibre de notre balance commerciale régionale (avec une hausse impressionnante de la part des importations) et donc la mort de toute la production locale, a-t-il ajouté. "La Réunion est en situation "d'apartheid social", dit-il en tapant du poing sur la table. La faute à qui ? A l'Etat qui n'aurait jamais commis pareille erreur s'il n'avait pas piétiné le principe d'unité dans la fonction publique. Un autre événement, une autre erreur est également responsable des maux de notre société : l'absence de prise ne compte par l'Etat de la transition démographique. La Réunion approche du million d'habitants quand elle n'en abritait que 240 000 en 1946. Il en résulte une situation sociale décrite comme "hors normes". "C'est insupportable, a vitupéré le vieux sage communiste. Les ministres sont des illettrés volontaires. La responsabilité de l'Etat est totale. Et pendant ce temps on a prévu de faire une raffinerie dans le SAR, de favoriser le tout voiture avec la NRL…".

Une route sur laquelle Nicolas Hulot, missionné par François Hollande, a préféré suspendre son jugement malgré les ronds de jambes de la Région. Que rapportera-t-il à l'Elysée ? Le président doit toujours venir dans l'île, fin juillet. "Il ne peut pas venir que pour célébrer les sentiers de Mafate !", moque Paul Vergès qui feint d'attendre encore des réponses de sa part.

Y.G